Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que la réduction ne foit pas totale: cependant, fi l'opération eft bien conduite, on retirera, de deux onces de précipité rouge, pintes & plus d'air très-pur.

fix

Il arrive fouvent que le matras dans lequel on fait cette réduction, fe fond & s'alonge au point de crever, avant qu'on ait obtenu toute la quantité d'air déphlogistiqué que la chaux employée peut fournir. Alors ce qui refte de celle-ci fe répand, ainfi que le mercure déjà formé, fur les charbons ardens, & l'on a le défagrément d'être obligé de recommencer l'opé ration fur de nouveaux frais. Il y a plus; le á mercure coulant fur les charbons, s'y réduit bientôt en vapeurs, qu'il feroit très-dangereux de respirer: pour parer à ce double inconvénient, je me fers communément, dans cette opération, d'un matras, dont la plus grande partie du ventre eft enveloppée d'une calotte de fer battu, maintenue en situation par des fils-d'archal ou de laiton qui y font attachés en forme d'anfes, ainfi qu'à un anneau de fer qui embraffe le col du matras dans fa partie inférieure. Ce matras contènant la chaux métallique que j'ai deffein de réduire, & étant de plus établi convenablement pour être chauffé, je fais couler du fable fec & très-fin dans la calotte de fer; il s'interpose

[ocr errors]

entr'elle & le fond du matras, & fert à communiquer une chaleur égale à toutes les par ties du verre qui fe trouvent en contact avec lui; il fert auffi, conjointement avec la capfule de fer, à empêcher que ce verre, affez chaud pour fe fondre & couler, ne cede au poids de la matiere qu'il renferme; & ainsi le fuccès de mon opération eft affuré.

C'est par un procédé peu différent du précédent que l'on parvient à extraire, du nitre, la quantité prodigieufe d'air déphlogistiqué que contient cette fubftance faline, connue plus généralement fous le nom de falpêtre, & dont les principes conftituans font l'acide nitreux & l'alkali fixe végétal. L'air qu'on en retire n'eft pas, à la vérité, auffi pur que celui du précipité rouge; mais la différence eft trop peu de chofe pour ne préférer pas l'emploi d'une fubftance auffi riche en air déphlogistiqué; le nitre est d'ailleurs plus facile à trouver & moins difpendieux que le précipité rouge. Lorfque j'ai recours au premier, ce qui m'arrive chaque fois que j'ai befoin d'une trèsgrande quantité d'air pur, je me fers encore, dans l'opération, d'un matras de verre blanc, dont le col a au moins 8 pouces de longueur, & dont la panse est suffisamment grande pour contenir, par exemple, fix onces de nitre,

en fuppofant que la quantité qui lui eft defti née foit de quatre onces feulement. Le nitre de la troifiéme cuite eft celui que je préfere, par la raison qu'il eft le plus pur. Après l'avoir brifé & réduit en grains très-fins, dans un mortier de verre, je lui fais éprouver quelques degrés de chaleur, afin de lui enlever un peu de fon eau de criftallifation & de le rendre plus fec; je chauffe également le matras, fi je m'apperçois qu'il foit humide intérieurement : cela fait, j'y projette le nitre; je lute enfuite, l'ouverture du matras, un tube communiquănt semblable au précédent; après quoi je renferme ce matras dans un creufet d'argile affez profond & affez large pour qu'il y foit environné & couvert de fable bien fec; il faut cependant que le col du matras dépaffe des deux tiers à peu-près les bords du creufet. Je transporte alors ce dernier dans un fourneaut d'alambic, où je l'établis folidement, tandis qu'une autre perfonne engage l'extrémité recourbée du tube communiquant, dans l'échancrure de l'appareil hydro-pneumatique, établi, dans ce cas, près du fourneau : les chofes étant ainfi difpofées, on allume le feu & on l'augmente par degrés. L'air ordinaire, qui eft contenu dans le matras, fe dilate bientôt & s'échappe par le tube communiquant; l'eau

de criftallisation du nitre, entrant elle-même en expanfion, fe porte également au-dehors. Enfin, le nitre éprouvant une chaleur de plus en plus forte, devient fluide & acquiert de la rougeur, ainfi que le matras qui le renferme. Cependant l'air déphlogistiqué ne se dégage point encore; c'est au contraire l'inf tant où j'ai prefque toujours obfervé qu'il fe faifoit un vide dans le matras; l'eau, dans laquelle le tube communiquant eft plongé, cé dant alors à la plus forte preffion de l'air ambiant, je l'ai vue s'élever progreffivement dans ce tube & quelquefois couler dans le matras, & mettre fin à mon opération en le faifant éclater. Aujourd'hui, pour n'avoir plus à craindre cet inconvénient, je fais tranfvafer l'eau contenue dans mon appareil, jusqu'à ce que la furface de ce liquide foit inférieure à l'ouverture du tube communiquant, & cela, dès le commencement de l'opération. Le nitre & le matras étant très-rouges, c'eft alors que l'air déphlogistiqué commence à s'échapper; afin de m'en affurer, je verse un peu d'eau dans la petite courbure du tube ; & fi je la vois rejetée en partie & par inftant, j'en conclus que cet air pur fe dégage: on verfe alors dans la cuve l'eau qu'on en a enlevée,

& je recueille l'air déphlogistiqué comme précédemment.

L'air déphlogistiqué, à quelque efpece de fubftance qu'il ait appartenu, n'affecte ni l'or gane de l'odorat ni celui du goût, fi ce n'eft à la maniere de l'air atmosphérique : ainfi que ce dernier, il ne manifeste sa préfence que par les efpaces qu'il occupe, ou encore par la propriété qu'il a de fe dilater & de fe condenfer, ou enfin par une autre propriété qui lui eft commune, non-feulement avec l'air ordinaire & toutes les fubftances aériformes, mais même avec toute matiere quelconque; je veux parler de fa pefanteur ou de fon poids abfolu, qu'il ne faut pas confondre avec fa pefanteur fpécifique, qui eft, de l'aveu de tous les Phyficiens, plus grande que celle de l'air commun. En lifant les Recherches phyfiques fur la nature de l'air nitreux & de l'air déphlogistiqué, par M. l'Abbé Fontana, l'on voit que ce célebre Phyficien a obtenu, de 192 grains de précipité per fe, 26 pouces & demi cubes d'air déphlogiqué, qu'il estime pefer 13 grains & ; le mercure revivifié s'étant trouvé pefer 178 grains & . Suivant ce calcul, l'air déphlogistiqué péferoit un demigrain & un peu plus par pouce cube; cependant M. Lavoifier

« AnteriorContinuar »