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De-là, il eft aifé de reconnoître les caufes de la falubrité de l'air en hiver & en été ; on voit comment en automne, quand les feuilles féchent & tombent, & au printems., avant qu'elles foient épanouies, l'air eft mal fain à proportion de ce qu'il fait chaud, parce que la plus grande partie des feuilles qui ont la propriété d'abforber, de corriger le mauvais air, & d'en reprendre de bon, n'existent point ou n'ont qu'une foible action.

Une autre conféquence, qui me femble pouvoir être déduite des faits & des obfervations que je viens d'expofer, c'eft que l'air déphlogiftiqué, que les plantes répandent dans l'atmofphère, a déjà appartenu à cette derniere. Or, l'on peut dire la même chofe de celui l'on que obtient, avec le fecours de la chaleur, de tous les réfidus des corps brûlés, & principalement des cendres des métaux. Pour attribuer toute autre origine à cet air pur, il faudroit ne pas favoir que les corps combuftibles ou inflammables ne peuvent brûler fans le concours de l'air commun; que leur combuftion ne fe fait jamais qu'en raifon de la quantité & de la pureté de ce fluide; qu'il n'agit point, dans la combuftion & dans la calcination des métaux comme une fimple cause mécanique, mais comme principe de nouvelles combinaisons; qu'il eft

abforbé, diminué de quantité, & a befoin d'être renouvelé dans l'une & dans l'autre opération; que, lorfque la calcination se fait dans une quantité déterminée d'air commun, le métal calciné ou réduit en chaux fe trouve avoir acquis autant de poids que l'air en a perdu; que l'air, réfidu de la calcination & de la combuftion, ne peut plus concourir à ces deux phénomènes; qu'il éteint les lumieres & fuffoque les animaux, tandis que l'air, obtenu des chaux métalliques pendant leur réduction, à l'aide de la chaleur & fans l'intermede d'une fubftance inflammable, entretient la respiration & la combuftion beaucoup mieux que ne le fait l'air atmosphérique; enfin que ce dernier eft compofé des trois quarts environ de fluide méphitique & d'un quart d'air pur, fans lequel la combuftion, la refpiration & la calcination ne pourroient avoir lieu.

Tous ces faits, certains & avérés, prouvent évidemment que la combuftion eft la combinaifon de l'air pur de l'atmofphère avec le corps combuftible; qu'il en eft abfolument de même de la calcination, & que par conféquent l'air déphlogistiqué dégagé du mercure précipité per fe ou de tout autre corps brûlé ou calciné, n'eft autre chofe que l'air commun dans un degré éminent de pureté,

c'est-à-dire débarraffé, firon en totalité, du moins pour la plus grande partie, du phlogiftique & des autres principes étrangers qui s'élevent fans ceffe de la terre, & fe combinent de mille manieres dans notre atmosphère. L'air pur, que pur, que l'on obtient du nitre & de l'acide nitreux lui-même par la diftillation, provient également de l'atmosphère; on n'en pourra douter, fi l'on confidere que le contact de l'air eft une des circonftances qui favorisent la production du nitre, & par conféquent celle de l'acide nitreux, puifque le nitre ou falpêtre eft un fel neutre formé par l'union de cet acide avec l'alkali du tartre. Nous verrons bientôt que l'air pur ou déphogistiqué n'eft point étranger à l'acide nitreux, qu'il eft un de fes principes conftituans. En attendant, nous obferverons que cet acide eft décomposé dans l'opération, par laquelle on en dégage l'air pur, ainfi que dans celle où l'on emploie le nitre pour obtenir le même fluide, puisqu'ici on ne retrouve plus, dans le vaisseau distillatoire, que l'alkali fixe, tout l'acide nitreux ayant été transformé en air déphlogistiqué. J'ajouterai cependant que l'alkali fixe résidu fait effervefcence avec les acides, & eft uni à une certaine quantité d'air fixe qui ne peut venir que de la décompofition de l'acide ni

treux, l'alkali n'en contenant pas un atome dans fon union avec cet acide.

L'air pur que donne le précipité rouge, en fe réduifant en mercure coulant, lui vient très-certainement de l'acide nitreux avec lequel il a été fait, puifqu'il eft reconnu que cet acide en produit dans fa décomposition, & que le mercure revivifié fe trouve du même poids qu'avant d'avoir été diffout & calciné par l'acide nitreux. En général tous les compofés, dont cet acide fait partie, lui doivent l'air déphlogistiqué qu'on peut en dégager; l'acide vitriolique paroît fe comporter de même par rapport aux diverfes fubftances avec lefquelles il eft combiné, & qui produisent également de l'air déphlogifliqué.

S'il eft bien prouvé que la combustion & la calcination ne peuvent avoir lieu fans air ; que celui qui a fervi à ces deux opérations n'eft plus propre à y concourir ni à être respiré ; que l'air pur de l'atmosphère s'unit aux corps brûlés & calcinés; qu'il peut en être dégagé par la chaleur, fervir de nouveau à la combuftion l'accélérer même & la rendre plus énergique qu'il ne le fait dans l'état d'air commun, favorifer également la calcination des métaux, ainsi que la refpiration des animaux ; fi tout cela, dis-je, eft démontré par des expériences authentiques, c'est une

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très-grande induction pour croire que l'air fe comporte de la même maniere dans la refpiration; que dans cette fonction, destinée à mettre le fang en contact avec le fluide que nous habitons, la portion pure & vitale de ce fluide eft abforbée par le fang qu'elle renouvelle & auquel elle donne de la couleur, de la concrefcibilité & même de la chaleur, ainfi que l'ont reconnu, dans ces derniers tems, le Docteur Crawford & MM. Lavoifier & de la Place. Si l'on veut faire attention que l'air, rejeté par l'expiration, eft impur; qu'il trouble l'eau de chaux & rougit la teinture de tournefol; qu'il éteint les bougies & ne peut plus fervir à une autre refpiration; que l'air, réfidu de la combuftion, préfente les mêmes caracteres ; il paroîtra toujours plus certain que l'air commun fournit, dans la refpiration, le même principe que dans la combuftion & la calcination.

Enfin l'air pur ou déphlogistiqué, vu son degré de fimplicité, peut être rangé dans la claffe des élémens, exclufivement à l'air commun dont il fait partie conftituante; il y a plus, le même fluide paroît entrer dans la compofition de l'eau, que depuis Empedocle & Ariflote on a toujours regardée comme une fubftance élémentaire. M. Lavoisier a lu à

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