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chaleur qui résulte du mélange des deux fluides eft confidérable; plus les vapeurs qui se produifent font rouges & épaiffes, & plus la quan tité respective des deux fluides diminue. Le même Phyficien & M. Lavoifier ont trouvé qu'il falloit jufqu'à feize parties d'air atmofphérique pour faturer fept parties & un tiers d'air nitreux, tandis que quatre parties d'air pur ou déphlogistiqué fuffifent pour faturer complettement fept parties & un tiers du même fluide. Après que le mélange a été fait dans ces proportions, il ne refte plus d'air nitreux; il eft transformé en entier en acide nitreux. Quant à l'air réfidu de cette espece de combustion, M. Lavoifier l'a évalué à la trentequatrieme partie du volume total de l'air nitreux & de l'air déphlogistiqué employés ; ce réfidu aériforme fe trouve être beaucoup plus confidérable avec l'air atmosphérique, il en eft environ les trois quarts: cependant il ne produit plus d'acide nitreux par une nouvelle addition d'air nitreux; il tue les animaux; il éteint les lumieres & trouble l'eau de chaux, comme le feroit l'air fixe lui-même.

Enfin le pouvoir de métamorphofer l'air nitreux en acide nitreux, appartient au véritable air exclufivement à l'air fixe, à l'air inflammable, & à toute autre efpece de fluide non

respirable; il eft aifé de s'en convaincre, lorfqu'on voit que ces derniers, bien purs & bien exempts d'aucune partie d'air refpirable, mêlés en toute proportion à l'air nitreux, ne produifent ni chaleur, ni vapeurs rouges, & ne font point, ainsi que lui, réduits à un moindre volume, comme il arrive quand on le mêle avec l'air commun & avec l'air déphlogistiqué.

Tous ces faits, bien conftatés, indiquent affez que, dans le mélange de l'air nitreux & de l'air atmosphérique, plus ou moins inquiné ou altéré par les émanations de la refpiration, de la tranfpiration, de la combustion, de la fermentation, &c. il n'y a que l'air pur ou refpirable qui foit abforbé & qui produife la transformation de l'air nitreux en acide nitreux; que la quantité de celui-ci dépend, toutes chofes d'ailleurs égales, de celle de l'air pur fourni par le fluide atmosphérique, & qu'enfin tout ce qui n'eft point air respirable dans ce fluide, n'éprouve aucune absorption, aucune diminution de volume, aucune altération par l'action de l'air nitreux, & refte fous fa forme d'air dans le vaiffeau où fe fait la combinaison. Or, comme l'on a déterminé la quantité d'air abfolument pur, qu'il convient d'employer pour changer une quantité donnée d'air nitreux en acide du même nom,

& que l'on fait que le volume d'air pur & d'air nitreux, néceffaire à leur faturation réciproque, eft annihilé ou réduit à rien par l'absorption de l'acide nîtreux ou fon union avec l'eau, au-deffus de laquelle on a fait paffer les deux fluides; il s'enfuit qu'on peut juger, par la diminution du volume, de la quantité d'air pur mêlé dans une fubftance aériforme quelconque, ainfi que de la quantité de fluide non-refpirable qui peut fe trouver mêlé avec l'air, foit de l'atmosphère, foit d'un lieu quelconque dont on veut reconnoître le degré de bonté & de falubrité. Cette conféquence n'a point échappé à la fagacité de M. Priestley; c'eft ce Phyficien célebre qui nous a mis fur la voie de calculer, en quelque forte, le rifque que l'on court à refpirer telle ou telle espece d'air pendant un tems donné, en le mêlant pour cela avec l'air nitreux, & en prenant, pour les deux termes, celui de l'air le plus impur ou d'un fluide non-respirable, tel que l'air fixe ou encore l'air inflammable, qui ne changent en aucune maniere l'air nitreux, & celui de l'air pur ou déphlogistiqué qui l'altere le plus. On fe fert, dans cette expérience, de tubes calibrés & divifés en degrés, dont chacun doit répondre jufte à une mesure avec laquelle on mêle les airs dans le tube.

Quoique l'air nitreux foit plus ou moins fort, en raison de ce qu'on a employé l'acide nitreux plus ou moins concentré, ou que la diffolution, opérée par cet acide, a été faite plus ou moins promptement, néanmoins nous pouvons, par le moyen de l'air nitreux, déter. miner le degré de pureté & de refpirabilité des airs, tant naturels que factices, avec beaucoup plus de précifion que fi nous voulions en juger par le tems que les animaux demeurent en vie dans ces airs non renouvelés, & par la facilité que les lumieres ont à brûler dans ces mêmes. airs; il est certain que les airs mortels ne font point du tout diminués par l'air nitreux, &

que les airs que l'animal refpire le plus facilement & dans lefquels il meurt le plus tard, font ceux qui éprouvent le plus de diminution; mais la mort de l'animal, qui arrive plus ou moins tard dans l'air non renouvelé, eft fi dépendante de l'économie animale & de la force de l'animal, que, fans un grand nombre d'expériences variées en mille manieres, on ne pourra favoir rien de certain fur cette matiere; il faut ajouter à cela que l'animal qui meurt exhale de fon corps des vapeurs déjà altérées en partie & fétides; que fa refpiration eft déjà viciée, & qu'il doit néceffairement fortir de fes poumons des vapeurs alkalef

centes, qui, retenues dans le récipient, en infectent l'air, & peuvent accélérer la mort de l'animal. Enfin, il ne faut pas confondre ici la falubrité de l'air, qui laiffe mourir plus tard l'animal, avec la falubrité de l'air même, qui peut être avantageufe à l'économie animale, parce qu'un air renfermé peut très-bien laiffer mourir deux ou trois fois plus tard un animal, fans que pour cela il dût vivre deux fois ou plus dans le même air libre. La vie & la mort dépendent de trop de causes, pour qu'on puiffe déduire des conféquences certaines de ces expériences. Cependant la curiosité a engagé M. l'Abbé Fontana, de qui nous empruntons ces judicieuses obfervations, à faire quelques expériences, fur la durée de la vie, dans les airs non renouvelés; mais fur des animaux qui ne transpirent pas fenfiblement & qui font d'une vie ténace. Ce célebre Physicien a choisi les animaux à fang froid, & parmi ceux-ci les grenouilles; il a renfermé celles qui lui ont paru de groffeur & de force égale, dans des vaiffeaux de même grandeur, dans le même tems; & ces vaiffeaux étoient remplis, les uns d'air déphlogistiqué tiré des fleurs de zinc, les autres d'air tiré du précipité rouge, & les autres d'air tiré du minium parfaitement purgé d'air fixe. Dans le même tems, il avoit mis de ces animaux dans des

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