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fion le faifant tendre au centre de la terre, les parties les plus hautes de l'atmosphère preffent celles qui font au-dessous, & celles-ci agiffent fur celles des côtés, jufqu'à ce que toute la maffe foit au même niveau. Ainfi la condenfation & la raréfaction ne changeront rien à la figure déterminée de l'atmosphère terreftre, parce que ces changemens ne fe faifant jamais que dans des parties différentes, & tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre ; s'il arrive quelque altération dans la figure du cercle que forme l'atmosphère autour de la terre, elle ne peut être que légère & momentanée. On peut raifonner de même fur fon état, confidéré relativement à l'hiver ou à l'été; car, quoique la chaleur de l'été faffe occuper à l'air un plus grand efpace qu'en hiver, cependant, comme le froid exerce alors fes rigueurs dans un autre climat, & que l'atmosphère y eft plus condenfée, une partie de notre air y paffera; de même, notre atmosphère étant refferrée par le froid, l'air d'une autre région où il fait plus chaud, y reflue & vient fuppléer à fon défaut de hauteur, jufqu'à ce qu'elle ait repris la forme qui lui paroît convenir le plus : on doit encore juger de même de fon état, par rapport aux températures variées du jour & de la nuit, on pourra dire que les nuages,

les brouillards ou la pluie peuvent rendre l'atmofphère plus ou moins élevée, & par conféquent altérer fa figure; mais il en fera de ces phnomènes comme de ceux du chaud & du froid; la communication, établie entre toutes les parties de l'atmosphère, entretient par-tout l'équilibre: il n'y a point d'inftant où quelque nuage ne fe forme & ne se détruise où il ne tombe de la pluie dans quelque lieu de la terre; par conféquent il n'arrive aucune augmentation ou diminution à l'atmofphère du lieu où il pleut, parce qu'il pleuvoit ailleurs auparavant; la quantité d'air y refte toujours la même, elle n'éprouve qu'une modification locale,

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Plufieurs Phyficiens ont calculé la hauteur de l'atmofphère. Après diverfes expériences & obfervations, faites avec le baromètre ou le tube de Toricelli, qui eft la même chose; ils lui ont donné 17 dieues d'étendue perpendiculaire; quelques-uns font allés plus loin, d'autres beaucoup plus bas. MM. de la Hire & Halley, après avoir examiné le phénomène du crépuscule & fes dépendances, avec toute la fagacité du génie, ont conclu, avec affez de vraisemblance, que l'atmosphère terreftre devoit s'étendre à environ 15 ou 16-lieues au-delà de la furface de notre globe, pour

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pouvoir réfracter vers nous comme elle la réfracte, la lumiere du foleil, quand cet aftre eft à environ 18 degrés au-deffous de l'horizon. Enfin, fuivant les obfervations de M. de Mairan (1), le point le plus élevé de l'atmosphère doit être à 2 ou 300 lieues de la furface du globe. Ainfi, il reste encore à favoir quelle eft la hauteur réelle de l'atmos phère, & il est probable qu'on ne pourra jamais la déterminer : il faudroit

pour cela que l'air ne contînt pas de fubftances étrangeres en différentes proportions, & que fa maffe ne fût pas fujette à des variations irrégulieres à toute hauteur, fur-tout dans la partie qui eft acceffible à nos recherches; il faudroit de plus que l'air fût dépourvu de reffort & qu'il eût par-tout la même denfité, depuis la furface de la terre jufqu'aux limites de l'atmosphère; ce qui n'eft pas. On parviendroit encore à connoître cette hauteur, fi la denfité de l'air, n'étant pas uniforme, décroiffoit du moins régulièrement du bas à la partie fupérieure, ou, fi l'on pouvoit appliquer ici la regle des compreffions de l'air, en raifon directe des poids qu'il fupporte; mais l'expérience a démenti ce principe, établi par Boyle & Ma

(1) Traité phyfique & hiftorique de l'Aurore boréale.

riotte, & adopté par beaucoup de Phyficiens. M. Caffini, en travaillant à prolonger la Méridienne de l'Obfervatoire de Paris, mefura les montagnes qu'il trouva fur fa route; &, ayant obfervé le baromètre fur leurs fommets, il trouva que la hauteur du mercure ne fuivoit point du tout la proportion indiquée; elle fubfifte affez réguliérement jufqu'à la hauteur de 8 ou 900 toifes, mais au-delà il n'en eft plus question: les raréfactions de l'air croiffent fi rapidement, qu'elles n'ont plus aucune proportion avec les précédentes. On ne peut donc connoître, que conjecturalement, les rapports que fuit l'air dans fon expanfion & dans fa raréfaction, au-delà des hauteurs où nous pouvons l'atteindre & le foumettre à nos obfervations ; de-là, l'incertitude fur la hauteur précife de l'atmosphere.

Malgré cela nous pouvons évaluer à peuprès le poids total de cette même atmosphère, ou la force avec laquelle elle comprime toute la furface du globe terreftre; & voici com

ment.

Une colonne d'air, de toute la hauteur de l'atmosphère, fait équilibre avec une colonne d'eau de même bafe & de 32 pieds de hauteur, ainfi que nous l'avons établi précédemment; donc, le poids de cette derniere étant

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connu, il eft facile de connoître celui de la premiere, puifqu'il eft exactement le même. Or, une colonne d'eau, d'un pied quarré de base & de 32 pieds de hauteur, pese 2240 livres; car elle contient 32 pieds cubes d'eau, dont chacun pefe 70 livres. Chaque colonne d'air, appuyée sur un pied quarré de la furface de la terre, pefe donc 2240 livres ; mais il y a, dans l'atmosphère terreftre, tout autant de colonnes de 2240 livres, qu'il y a de pieds quarrés dans la furface folide ou liquide de notre globe, c'est-à-dire environ 4,838, 052,829,484,160 pieds quarrés, felon les dernieres mesures géométriques. Par conféquent, fi l'on multiplie ce dernier nombre par 2240, on aura le poids de toute l'atmosphère, ou de toute la maffe d'air qui enveloppe le globe terreftre, ou un poids d'environ 10,837,238,338, 042,518,400 livres.

L'atmosphère peut être regardée, fur-tout près de la furface de la terre, comme un foyer inépuifable de chaleur & d'électricité, & en même tems comme un laboratoire immenfe, où la Nature tient toujours en réserve une quantité prodigieufe de particules organiques & de molécules propres à former tous les corps.

Les obfervations faites avec le thermomètre, porté au-deffus de la région des nuages, ne

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