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laiflent aucun doute fur l'existence permanente de la matiere du feu ou de la chaleur dans cette partie de l'atmosphère; de même les électromètres, les barres ifolées, les conducteurs métalliques, les cerfs-volans, nous ont appris que l'électricité régnoit conftamment dans l'atmosphère.

Il paroît également inconteftable que l'air fixe, l'air inflammable, & un grand nombre d'autres émanations aériformes, mal-faifantes pour l'homme & les animaux, font partie de la maffe atmofphérique dans laquelle nous fommes plongés; c'eft une vérité d'expérience & d'obfervation que nous croyons avoir préfentée dans tout fon jour.

Il est encore certain qu'il y a de l'eau répandue dans l'atmosphère, & que la quan tité de ce fluide eft très-confidérable, lors même que l'air nous paroît le plus pur & le plus fec; plufieurs expériences le démontrent : tous les acides minéraux, & en particulier l'acide vitriolique, augmentent notablement de poids, étant expofés à l'air dans des vaiffeaux qui ne font point bouchés; ce qui ne peut venir que de l'eau répandue dans l'air, qui eft attirée & abforbée par ces fubftances. qui en font très-avides. L'alkali fixe végétal, bien fec, fe réfout en liqueur, & acquiert

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un poids plus confidérable, dans les mêmes circonftances & pour la même raifon. Selon Hellert (1), une once de cet alkali produit quatre onces d'huile de tartre par défaillance, en s'emparant de l'humidité de l'air. Ce qui fuit naturellement de cette expérience, eft, qu'il y a beaucoup d'eau dans l'air, ou que l'eau, attirée par le fel de tartre, eft extraite d'une grande maffe d'air, la chaux-vive qui, par la calcination, a été privée de l'eau & de l'air fixe dont elle étoit faturée dans l'état de pierre ou de terre calcaire; cette chaux-vive s'éteint à l'air, en s'emparant également d'une partie de l'eau qu'il contient. Le nuage épais que l'on voit fe former en été, ou dans un endroit chaud, fur une bouteille auffitôt qu'on l'apporte de la cave, ne provient très-certainement que des vapeurs aqueuses répandues dans l'air ambiant, & qui font condensées par le froid qu'elles éprouvent de la part de la bouteille. On voit, dans les grands froids, du givre fur les vitres d'une chambre bien fermée; ce givre vient encore de l'humidité de l'air intérieur, qui fe gele contre les vitres, refroidies par l'air extérieur. Il en eft de même du givre que l'on apperçoit fur les murailles au

(1) Chimie métallurgique, tom. I, pag. 26.

moment du dégel; l'eau répandue dans l'air fe gele contre les murs, parce que dans ce moment ils font encore trop froids; l'humidité de l'air fe convertit également en givre fur la furface extérieure d'un vaiffeau dans lequel on produit un froid artificiel par un mélange de fel & de neige ou de glace.

L'eau s'évapore en hiver comme en été, mais avec cette différence, que la quantité de vapeurs qui s'élevent dans l'atmosphère, eft beaucoup plus grande dans la derniere faifon que dans la premiere; de même qu'elle eft plus confidérable dans un tems fec que lorfqu'il eft humide. Tous ceux qui ont écrit fur la Météorologie font d'accord à cet égard:

L'eau, quoique convertie en glace, est encore fujette à s'évaporer; l'évaporation en eft d'autant plus grande que le froid eft plus vif; elle furpaffe même, dans ce cas, celle que l'eau liquide éprouve dans un tems moyen, entre le grand chaud & le grand froid : c'eft ce qui réfulte des expériences de M. Gauteron, faites pendant le grand froid de 1709 (1), & que M. de Mairan répéta en 1716 par un froid auffi confidérable. Le dernier, dans fa Differ

(1) Hiftoire & Mémoires de lo Société royale des Sciences de Montpellier, tom. I, pag. 52 & 381.

tation fur la Glace, donne une explication très-fatisfaifante de fon abondante évaporation; il fuppofe que celle des liquides peu fpiritueux vient principalement du choc de l'air contre leurs parties extérieures, & que cette diffipation fe fait moins felon leur quantité, que fuivant la grandeur des furfaces qu'ils préfentent à l'air. Or, la glace ayant presque toujours des rides, des inégalités, & une boffe fur la fuperficie, & de plus fe détachant ordinairement des vaiffeaux évafés qui la contiennent, elle préfente plus de parties à l'air que n'en préfentoit l'eau dont elle eft formée. A la vérité, elle réfifte davantage, par fa dureté, au choc des particules de l'air; mais en récompenfe, celles- ci en enlevent de plus groffes pieces, tant parce que les parties de la glace fe trouvent fortement liées les unes avec les autres, que parce qu'elles font plus légeres qu'un pareil volume d'eau.

M. de Mairan prétend que les particules de la glace ont une tendance continuelle à fe redreffer ou à s'écarter en divergence les unes des autres fous un angle de 60 degrés; que cette tendance s'exerce d'autant plus puiffamment qu'il y a plus de tems que la glace s'eft formée, & qu'elle l'a été par un plus grand froid; qu'enfin elle s'exerce bien plus aifément

à la

à la fuperficie que dans l'intérieur de la masse de glace. Or, cette tendance, fuivant notre célebre Académicien, fait que les particules de la glace, fur lefquelles l'air agit, font plus difpofées à fe détacher de la maffe totale, & qu'elles le font d'autant plus que le froid eft plus grand, ou la glace plus dure & plus folide, & que par conféquent elle doit s'évaporer davantage dans ces circonftances que

dans toute autre.

Dans le Groenland & les régions polaires, il s'éleve de la mer, lorsqu'il gele, un nuage semblable à ces fumées épaiffes qui s'élevent des cheminées, des grandes Villes, des Forges & des Verreries. On remarque la même chose vers l'embouchure du fleuve SaintLaurent & les endroits circonvoifins. Dans nos climats même, pendant l'hiver, quand il gele on obferve une quantité prodigieufe de vapeurs qui s'élevent des fontaines, des puits, des crevaffes & des ouvertures qu'on fait à la glace, & ces vapeurs épaiffes forment également un nuage fort dense,

Lorsqu'un fleuve se précipite fur un rocher, on remarque des vapeurs abondantes, qui proviennent des parties de l'eau qui fe réfléchiffent, & fe féparent de la maffe totale. Les cataractes de la riviere de Niagara ne permettent

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