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d'autres

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que

tels les éboulemens, affaiffe mens & tremblemens de terre, les volcans la deftruction continuelle des fubftances combuftibles opérée par le feu, foit dans la nature, foit dans les arts & pour nos befoins journaliers; les végétaux qui fe defféchent ou qui fe pourriffent fur la furface de la terre & au milieu des eaux; les animaux qui meurent & fe corrompent, &c. ces diverses sources, qui fournissent journellement à l'atmosphère une quantité immenfe de parties aqueufes, font d'autant plus abondantes que leur fécondité eft perpétuelle.

La maffe d'air, dans laquelle nous vivons eft encore très-certainement le réceptacle dè plufieurs portions de matieres appartenantes aut regne minéral. Pour en douter, il faudroit ignorer que la plupart des substances, rangées dans cette claffe, ne réfiftent point au feu dé nos foyers; qu'il les décompofe & les réduit en leurs différens principes, dont quelques-uns font extrêmement fugaces ou volatils; qu'il y a dans le monde connu, trois ou quatre cents. cavernes ou montagnes qui jettent du feu & vomiffent une grande quantité de cendres ou terre calcinée, dont les parties les plus légeres fe répandent dans l'air avec plufieurs fubftances réduites en vapeurs; qu'on a vu des cendres volcaniques de l'Ethna, en Sicile, tranfportées jufqu'à

Conftantinople; que d'autres, vomies par le Véfuve, ont été obfervées à Rome, & même en Afrique & en Egypte, au rapport de Dion Caffius; qu'enfin, plufieurs matieres minérales se décomposent dans le fein même de la terre, & produisent des exhalaisons meurtrieres ou inflammables qui fe répandent dans l'air.

On admettra également, dans la maffe d'air ou dans l'atmosphère terreftre, l'existence de beaucoup de parties animales, fi on fait attention que les cadavres des animaux, foit qu'on les brûle d'abord, qu'on les expofe ou qu'on les enterre, fe difperfent enfin plus tôt ou plus tard dans l'air, à l'exception de quelques os qui fe convertiffent en terre; on fait que l'ufage étoit général à Madrid d'employer, dans les maisons, des chaises percées qu'on vidoit dans les rues. Un vieux préjugé faifoit regarder cette coutume finguliere comme néceffaire pour corriger la température de l'air : la chaleur du foleil & l'action de l'air diffipoient ces matieres fi promptement qu'il n'en reftoit rien au bout de quelques heures: on ne peut difconvenir encore que les œufs de certains infectes ne flottent dans l'air. Boerhaave obferve que, de la chair pendue à un fil, dans un lieu où aucuné mouche ne pouvoit pénétrer, fe trouva remplie de vers, quoiqu'elle eut trempé,

dans de

fi

auparavant & pendant quelque tems, l'alkool bouillant, & qu'elle fut frottée d'huile de térébenthine; il fait des ondées de pluie, en Afrique, qui excitent des friffons; les gouttes que forment ces pluies font fort groffes; elles ont un pouce environ de diamètre : elles touchent la peau, elles la rongent; fi elles s'attachent aux habits, elles y produifent des vers & des teignes; ce fait eft consigné dans les Actes de Léipfick; &, M. Gautier, Auteur de la Bibliotheque des Philofophes, rapporte une expérience qu'il fit à Montpellier en 1712 ou 1713, & qui prouve également que les œufs fécondés de différens animaux peuvent être élevés dans l'air, y fubfifter, y éclore, & retomber en forme de pluie.

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L'on doit reconnoître encore que l'atmofphère reçoit & contient plufieurs parties des végétaux. A quelques lieues en mer, on fent l'odeur très-marquée des canneliers & des girofliers qui couvrent l'Ile de Ceylan ; l'infection que répandent les marais, les follés les cloaques, les fumiers, &c. ne permet pas de douter des exhalaifons que les plantes fourniffent à l'air. Combien d'arbres, de plantes, de fleurs, de feuilles, de fruits, qui tous les ans fe defféchent fur la furface de la terre & fe difperfent dans l'air, à la réserve d'une

petite partie qui n'eft pas exaltée; combien de ces matieres diffipées & volatilisées par l'action du feu. Enfin, combien avons nous d'exemples de plantes, dont les femences ont été emportées par l'air agité, dans des lieux où il n'y en avoit auparavant aucun veftige.

Ainfi, l'eau qui couvre la furface de notre globe, la tranfpiration des animaux & des végétaux de toute efpece; les diverses altérations dont ils font fufceptibles; celles que les minéraux eux-mêmes peuvent éprouver dans la Nature & dans les arts, font autant de fources intariffables de vapeurs & d'exhalaisons différentes qui s'élevent dans la masse de l'air ou dans l'atmosphère terreftre, par un mécanifme physique, fur lequel nous n'avons encore que quelques apperçus.

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Il paroît que la chaleur eft une des principales caufes de l'afcenfion des vapeurs & des exhalaifons; mais ce n'eft pas la seule puifque la quantité qui s'éleve des unes & des autres n'eft pas proportionnelle à la chaleur; puifque fouvent, dans un très-grand froid, la neige difparoît, la glace diminue, la glace & la neige fe réfolvent en vapeurs.

Il eft certain que l'action de l'air contribue pour beaucoup à l'exaltation des vapeurs & des exhalaifons; cependant on ne peut pas

dire qu'elles foient exaltées par la preffion de l'air, & en vertu d'une moindre pefanteur fpécifique provenant de la chaleur à laquelle ces corpufcules font en prife; car, pour que l'eau, par exemple, devienne spécifiquement plus légere que l'air, il lui faut une dilatation qui rende fon volume au moins 800 fois plus grand: dilatation qui exige une chaleur incomparablement plus grande que celle qui regne dans les tems où les vapeurs s'élevent le plus abondamment.

Ne pourroit-on pas. reconnoître une affinité, une attraction spéciale, entre l'air & les corpufcules qu'il éleve; attraction affez femblable à celle qu'a l'eau pour les fels qu'elle divife & avec lefquels elle fe combine. Dans cette hypothèse fi naturelle, l'action de la chaleur & l'action de l'air, concourant, tantôt conjointement & tantôt féparément, à l'afcenfion des vapeurs & des exhalaisons rendroient raifon de ce grand phénomène, cause certaine & indubitable de tous les météores. La chaleur, en dilatant les corps, en diminuant l'adhérence de leurs parties, faciliteroit la féparation d'une infinité de corpufcules, que l'air enfuite attireroit avec d'au tant plus de force que fon affinité feroit moins fatisfaite, & son action répétée & renouvelée

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