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mois d'Octobre, Novembre, Décembre & Janvier, à Nuremberg; ils font froids pendant le primtems, dans l'Ifle de Minorque, & chauds pendant l'été.

Le vent de nord, qui fe rend dans la nouvelle Zemble en paffant fur la Mer glaciale, produit, en hiver, fur les côtes boréales de la Ruffie, un froid qui feroit périr les hommes & les animaux s'ils n'avoient foin de s'en garantir, en se cachant dans des antres fouterrains. Le même vent rend la Sibérie, & les contrées arrofées par l'Oby, fi froides, qu'à Tobolsk, qui eft à 57 degrés de latitude, il n'y a point d'arbres fruitiers, tandis qu'en Suède, à Stockolm, & même à de plus grandes latitudes, on a des légumes & des arbres fruitiers; ce qui vient de ce que la mer Baltique & le golfe de Bothnie adouciffent un peu la rigueur des vents de nord; mais en Sibérie, rien ne peut tempérer l'activité du froid que ces vents apportent. Quoique les villes de Canton, de Hyschen, dans la Chine, foient fituées à l'extrémité de la zone torride, néanmoins on y éprouve un froid piquant, caufé par les vents de nord qui viennent des montagnes de la Province de Kittay. Les vents de nord font froids dans toute l'Europe; ils le font auffi dans l'Amérique feptentrionalc,

& le nord-ouest produit un froid très-vif à la Caroline.

Au-delà de l'équateur, les vents de fud; qui foufflent du pôle auftral, produifent un froid affez piquant lorfqu'ils ont traversé certaines contrées glaciales de l'hémisphère méridional, ainfi qu'on le remarque au Cap de Bonne Efpérance. Les mênies vents fe font fentir en hiver, dans le Spitzberg oriental, situé vers le 78°. degré de latitude feptentrionale; ils n'arrivent, dans cette Ifle, qu'après avoir paffé fur toute l'Europe & fur les terres boréales couvertes de neiges; ce qui fait qu'ils font très-froids. Les vents du nord, au contraire, rendent le tems affez doux & ne produifent qu'un froid médiocre, parce qu'ils ne trouvent, fur leur paffage fur leur paffage, qu'une vafte mer, & qu'ils fe chargent plutôt de vapeurs aqueufes que de neiges. Des Voyageurs ont remarqué la même chofe, fur des montagnes qui fépa rent la Sibérie de la Ruffie, Les vents de fud-eft font froids fur la côte occidentale du Pérou (1). Le froid que l'on reffent en certains tems à Paris, par les vents de fud, vient, à ce qu'il paroît, des montagnes d'Auvergne. Une branche du mont Taurus, en Perfe,

(1) Ulloa, Voyage au Pérou, pag. 453.

quoiqu'à

quoiqu'à 30 lieues d'Ifpahan, eft la caufe du froid que l'on éprouve dans cette Ville, pi que des pluies qui l'arrofent. Le froid, fur les Andes, eft fi vif par certains vents, que des Voyageurs, pour fauver leur vie pendant ces tempêtes glaciales, ont été obligés d'ouvrir le corps des bêtes de fomme, & de s'enfermer dans leur ventre encore palpitant. En général, les vents, qui foufflent dans des régions glacées ou fur des pays couverts de neiges, fe refroidiffent en paffant, & portent, de contrée en contrée, le froid qu'ils contractent.

ver,

Les vents de fud font chauds dans l'hémifphère feptentrional, parce qu'ils viennent de la zone torride; &, s'ils font fréquens en hicette faifon eft alors affez douce; lorf qu'ils regnent pendant le printems, ils font fondre promptement les neiges qui couvrent le fommet des montagnes; enfin, fi ces mêmes vents foufflent pendant l'été & pendant l'automne, ils font mûrir les moiffons, les fruits & les raisins. Dans le Royaume d'Alger, fur les bords de la Province Trémefcen, les vents de fud produifent une fi grande chaleur, que les habitans font obligés d'arrofer le parquet de leurs appartemens. Lorfque ces vents regnent en Egypte, pendant l'été, on y éprouve de même une chaleur in

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fupportable, & s'ils durent plufieurs jours, ils produisent des maladies épidémiques, qui font fouvent fuivies d'une grande mortalité. Le vent qui fouffle fur les fables brûlans du défert qui eft auprès de Baffora, amene, dès le matin, une pouffiere horrible, qui dérobe la vue du foleil, fatigue les yeux, pénetre dans les appartemens les mieux fermés & ne tombe que fur le foir. Il y a auffi, fur la Mer rouge & fur les terres de l'Arabie, vent qui fuffoque les hommes & les animaux. Sur la côte de Coromandel, à Négapatan, dans la prefqu'Ile de l'Inde, à Pétapouli & à Mazulipatan, il s'éleve fouvent, en été, des vents chauds & fuffoquans; ils font d'autant plus terribles qu'ils font plus chauds & durent moins long-tems; mais les autres vents rafraî chiffent, d'autant plus que leur vîtesse est plus confidérable. Cette différence vient de la chaleur de l'air lorfqu'elle eft moindre que celle qui nous eft propre, le vent nous rafraîchit, parce qu'il diffipe cette atmosphère qui nous enveloppe, & qui eft dûe à la transpiration des diverfes exhalaifons qui s'échappent de notre corps; mais, quand la chaleur de l'air furpaffe celle de notre corps, le vent produit le même effet que s'il nous enveloppoit d'une atmofphère plus chaude que la matiere de no

tre transpiration dont il fe charge alors, comme dans le premier cas.

Les vents d'eft, qui arrivent en Hollande, après avoir traversé des déferts & des endroits fablonneux, font peu chargés d'exhalaisons & de vapeurs ; auffi deffechent-ils promptement tout ce qui eft humide : mais les vents d'oueft & de fud-oueft, qui n'y parviennent qu'après avoir traversé la mer & des marais, apportent avec eux des vapeurs qui contribuent à l'accroiffement des plantes.

En France, on éprouve, par les vents de nord-eft & de nord-oueft, un froid piquant & incommode; les uns fe chargent des vapeurs glaciales qui couvrent en hiver le Groenland, l'Iflande, & les Ifles fituées au nordoueft de l'Angleterre; les autres nous apportent le froid de la Sibérie, en traverfant les plaines de Ruffie, la Hongrie, l'Allemagne. Le froid, produit par le vent direct du nord, eft plus fupportable dans nos contrées, parce que, pour y arriver, il traverse la mer, & que l'air de celle-ci, même dans le voisinage des pôles, eft plus doux que celui des terres. Les vents de fud-fud-oueft nous apportent, en France, par les terres d'Espagne, l'air sec & brûlant de l'Afrique. Dans notre climat, lorsqu'après un tems froid, le vent du midi vient à fouf

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