Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fler, la respiration fe trouve gênée : fi le même vent regne long-tems, on éprouve bientôt des laffitudes & des maux de tête. Le vent du nord nous eft plus falutaire, parce que, refferrant les pores, il empêche la trop grande tranfpiration, & que la féchereffe donne plus de reffort à l'air; mais, lorsqu'il eft trop conftant, on fe trouve affecté de rhumes, de fluxions, & d'autres incommodités, provenant d'un défaut de transpiration. Le vent d'oueft, qui nous vient des mers, donne des pluies longues & abondantes; il eft moins pernicieux que le vent du midi, qui difpofe tous les fluides à la corruption. Le vent d'eft eft le plus favorable pour nous, parce qu'ayant traverfé de grands continens, il rend l'air ferein & nous procure un degré de chaleur modéré. Il arrive fouvent que plu fieurs vents différens regnent ensemble dans différentes couches de l'atmosphère, & qu'ils donnent, à l'air, une température mixte & indécife. Ce fluide éprouve encore des modifications accidentelles & locales, qui dépendent de la maniere dont les montagnes réflé chiffent les rayons du foleil, de la nature du fol, des exhalaifons qui s'en échappent, des neiges qui couvrent les montagnes fur lefquelles le vent paffe: voilà pourquoi les vents

directs de nord & de fud nè font pas ceux qui produifent, en France, les plus grandes variations de froid & de chaud. En 1709, il gela à Paris auffi fortement par le vent du fud, qu'ailleurs par le vent du nord.

[ocr errors]

Tous les continens font fujets à des vents. variables qui produifent fouvent des effets finguliers. Dans le royaume de Cachemire, qui eft environné des montagnes du Caucafe, on éprouve, fur la montagne Pire-Penjale, des changemens fubits; on paffe, pour on paffe, pour ainsi dire, de l'été à l'hiver en moins d'une heure; if y regne deux vents directement oppofés, l'un de nord & l'autre de fud, que, felon Bernier, on fent fucceffivement en moins de deux cents pas de diftance. Dans la prefqu'ifle de l'inde, qui eft traversée par les montagnes de Ballagate, dans la direction du nord au fud, on a l'été d'un côté de ces montagnes, & l'hiver de l'autre côté dans le même tems; de maniere que fur la côté de Coromanded", l'air eft ferein, & très chaud, tandis que fur celle de Malabar, quoique fous la même latitude, les pluies & les orages rendent l'air auffi froid qu'il peut l'être dans ces climats ; &, au contraire, lorfqu'on à l'été à Malabar, on a l'hiver fur la côté de Coromandel. Cette même différence e fait obferver des deux côtés de

cap de Rofalgate en Arabie; dans la partie de la mer qui eft au nord du Cap, les vaiffeaux font tranquillement fur leurs ancres ou font route fans danger, tandis que dans la partie qui eft au fud jufqu'aux côtes les plus reculées de l'Arabie heureuse, ils n'ofent tenir la mer, dans la crainte continuelle des tempêtes qui y font très-violentes. A Tucotorin, qui eft affez près du cap de Comorin, à l'eft & même au fud de ce cap, on jouit du plus beau tems; cependant à Coilan & dans les autres parties de cette côte, on éprouve ce que l'hiver a de plus affreux, à l'exception des gelées. Dans Ile de Céilan, l'hiver attaque, au mois d'octobre, la partie feptentrionale; &, dans le même tems, on jouit de tous les charmes de l'été dans la partie méridionale; &, lorsque celle-ci eft plongée dans un air fombre, pluvieux & orageux, la partie feptentrionale, à fon tour, jouit des douceurs de l'été. A Céram, qui eft une Ifle fort longue dans le voifinage d'Amboine, il fait un très-beau tems d'été dans la partie méridionale de l'Ifle, tandis que l'hiver fait fentir fes rigueurs dans la partie feptentrionale; &, l'intervalle qui fépare ces deux faifons, eft au plus de quatre lieues. On prétend que la même chose arrive à la Jamaïque, qui eft féparée, dans fon mi

lieu, par une chaîne de montagnes, dont la direction eft de l'eft à l'oueft; en forte qu'on' a l'hiver au nord de ces montagnes, & l'été en même tems dans leur partie méridionale. Dans la Penfilvanie, le froid eft conftamment modéré, quelquefois pourtant il eft affez vif pour faire geler, en une feule nuit, les plus grandes rivières; cette révolution fubite eft occafionée par le vent de nord - ouest qui fouffle des montagnes du Canada. Le même vent regne pendant neuf mois dans la baie d'Hudfon; &, comme il n'y arrive qu'après avoir traversé des contrées très-froides, il fait éprouver, fur-tout pendant l'hiver, un froid rigoureux: en effet, le vin & les liqueurs ordinaires y gêlent.

[ocr errors]

Sur la mer, les vents éprouvent moins de variations; que fur la terre, parce que, fur la mer, rien ne s'oppofe à leur direction; au contraire, les montagnes, les forêts, les Villes, & les autres inégalités qui fe rencontrent fur la furface de la terre, obligent les vents à changer de direction, & fouvent même elles en produifent de contraires aux premiers. Ces vents, réfléchis par les montagnes, font euxmêmes fort irréguliers, parce que leur direction dépend de la fituation, de la hauteur & du contour des montagnes qui les réfléchiffent. • Ii iv

Les vents de mer foufflent avec plus de force & plus de continuité que les vents de terre, dans lefque's on obferve, malgré leur violence, des momens de rémiffion & quelquefois des inftans de rèpos; cette différence peut dépendre des divers obftacles que le vent trouve fur la terre.

En général, fur la mer, les vents d'orient & ceux qui foufflent des pôles, font plus forts que les vents d'occident & que ceux qui viennent de l'équateur; dans les terres, au contraire, les vents d'oueft & de fud font plus ou moins violents que les vents d'est & de nord, fuivant la pofition des climats. Les vents qui regnent pendant le printems & l'au tomne, font plus violents que ceux qui foufflent en été & en hiver, & ce phénomène a lieu fur la mer comme, fur la terre. On peut, dir M. de Buffon, en donner plufieurs raisons ; premiérement le printems & l'automne font les faifons des plus grandes marées, & par conféquent, les vents que ces marées produifent, font plus violens dans ces deux faifons. 2o. Le mouvement que l'action du foleil & de la lune produit dans l'air, c'est-à-dire le flux & le reflux de l'atmosphère, eft auffi plus grand dans la faifon des équinoxes. 3o. La fonte des neiges au printems, & la réfolution

« AnteriorContinuar »