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tache ronde, ayant les mêmes couleurs que celles de l'arc-en-ciel, mais plus vives : du refte, il eft environné de nuées épaifles & obfcures. Les premiers Navigateurs qui ont approché de ce Cap ne connoiffoient pas les funeftes effets de ces nuages, qui paroiffent fe former lentement & fans aucun mouvement fenfible dans l'air, & qui, tout-à-coup, produifent la tempête & caufent un violent orage qui peut fubmerger les vaiffeaux, fur-tout fi les voiles font déployées. Plufieurs Voyageurs ont parlé de ce nuage qu'on voit au Cap de Bonne-Efpérance, fur les montagnes de la Table, ou du Diable, ou du Vent; mais Kolbe paroît être celui qui l'a examiné avec le plus d'attention; on peut voir ce qu'il en dit, tom. I, pag. 224 & suiv.

Dans la terre de Natal, il fe forme auffi un petit nuage femblable au précédent ; &, de ce nuage, il fort un vent furieux qui produit les mêmes effets. Ces efpeces de tempêtes font fréquentes dans la mer qui eft entre l'Amérique & l'Afrique, fur-tout vers l'équateur. Proche la côte de Guinée, on éprouve quelquefois trois ou quatre de ces orages en un feul jour; ils font caufés & annoncés par de petites nuées noires; le refte du ciel eft ordinairement ferein & la mer calme; le premier

coup de vent qui fort de ces nuages eft fi violent qu'il précipiteroit les navires dans le fond de la mer, fi l'on n'avoit pas l'attention de plier les voiles. La faifon de ces tempêtes, fur la mer de Guinée, eft principalement celle des mois d'Avril, Mai & Juin, parce qu'aucun vent réglé n'y regne pendant ce tems-là; & plus bas, en defcendant à Loango, fur la mer qui baigne les côtes de ce Royaume, on éprouve de femblables orages pendant les mois de Janvier, Février, Mars & Avril. Au cap de Guardafu, de l'autre côté de l'Afrique, il s'éleve de ces efpeces de tempêtes au mois de Mai, & les nuages d'où fortent les vents. quiles produifent, font ordinairement au nord, ainfi que ceux du Cap de Bonne-Efpérance.

Il y a des mers qui font plus fujettes que d'autres aux orages & aux tempêtes; l'Océan atlantique, par exemple, eft plus orageux que le grand Océan, qu'on appelle Mer pacifique, à caufe de fa grande tranquillité, qui eft remarquable entre les tropiques & jufqu'au quart environ des zones tempérées; on éprouve fou vent des tempêtes fur la Mer noire, dans l'Archipel de Grèce, entre les côtes du Tonquin, de la Chine & du Japon; les vents qui les produifent foufflent en même tems de tous les côtés; ils fortent des nuages en différentes

geurs,

directions qui fe croifent, rien ne peut leur réfifter; &, fi l'on en croit quelques Voyades vaiffeaux Chinois, battus par ces vents, fur la mer de la Chine, ont été emportés jufqu'à un quart de mille dans les terres. Les tempêtes ne font pas moins à craindre dans les Mers auftrales; Schouten en fit la la trifte expérience entre le 34°. & le 40o. degré de latitude fud: toutes les voiles qui fe trouverent déployées furent auffi-tôt mifes en pieces, & fon vaiffeau éprouva de violentes fecouffes. Son équipage, qui avoit beaucoup fouffert pendant la tempête, fut de plus attaqué d'une espece de contagion qui emporta plus de quarante hommes dans l'efpace de deux jours, ils entroient dans des tranfports qui reffembloient beaucoup à ceux de la rage; ils avoient tous les fymptômes de la pefte la fureur qui s'emparoit d'une partie des malades, les portoit jufqu'à vouloir fe tuer euxmêmes, d'autres fe jetoient à la mer lorfqu'ils pouvoient s'échapper.

Quelquefois, après de grandes féchereffes, il s'éleve, fur la terre, des vents, contraires, qui impriment à l'air un mouvement de tourbillon très violent; ce tourbillon dévafte les campagnes, arrache les arbres, renverfe les bâtimens ruftiques & endommage auffi les édifices les

plus

plus folides. La plupart de ces vents paroiffent avoir une direction oblique de haut en bas, & ne font ordinairement qu'une agitation de l'air comprimé entre deux nuages; & qui s'en échappe par fa force expanfive.

L'Abiffinie eft fujette à un vent terrible, qu'on appelle ferpent, parce que le tourbillon qui l'excite a la forme d'un reptile; c'eft un Ouragan qui renverfe les chênes, les maifons. les rochers, qui brife les mâts des vaiffeaux & les enleve, dit-on, dans les airs avec une prodigieufe impétuofité.

Les nouvelles de Stockolm, du mois de Novembre 1775, font mention d'un ouragan qui s'eft fait fentir du côté de Wenesberg, dans la longueur d'un demi-mille, fur une largeur peu confidérable. On l'a vu, dans fon cours rapide, enlever les eaux d'un ruiffeau & les lancer enfuite en torrens de glaces. Les arbres d'un bois touffu furent courbés & redreffés au même moment; les toits de plu fieurs maisons furent emportés; des chariots & des animaux furent jetés à plus de cent pas de distance & ces ravages furent l'ouvrage de quelques minutes.

Bellarmin, dans fon Ouvrage de Afcenfu mentis in deum, dit avoir vu une foffe énorme creusée par le vent, & toute la terre de cette

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foffe emportée fur un Village; en forte que l'endroit d'où la terre avoit été enlevée, paroiffoit un trou épouvantable, & que le Village fut entiérement enfoui fous cette terre transportée. On peut voir, dans l'Hiftoire de l'Académie royale des Sciences & dans les Tranfactions philofophiques, les détails des effets prodigieux de plufieurs ouragans éprouvés fur terre, où ces phénomènes font plus fréquens que fur la mer.

Il y a des vents qui prennent naiffance dans les entrailles de la terre, qui fortent du fein de certains antres ou de certaines grottes; ce phénomène eft remarquable en Angleterre, en Suiffe, dans le royaume de Naples, en Allemagne, en Pologne auprès de Cracovie, & dans plufieurs autres lieux, où l'on trouve des cavernes & des fouterrains de différente grandeur, dont la bouche exhale, ou perfévéremment ou très-fréquemment, un fouffle plus ou moins fenfible, plus ou moins violent. Les montagnes du Tibet, vers les fources du Gange, ont plufieurs crevaffes, d'où fortent des vents impétueux, accompa gnés de bruits horribles. Dans les terres les plus feptentrionales, il y a quelques montagnes au pied defquelles fe trouvent des antres, d'où il fort des vents fi violens, que, fi l'on

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