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dans les ouragans,

L'inconftance & la bizarrerie des vents vient de la complication des caufes qui les produifent; 1o. il doit régner un vent qui amene les nuages; 2o. il doit s'en élever d'autres par la chute de quantité de nuages qui s'abaissent par intervalles; 3o. enfin, un vent contraire ou le même vent réfléchi peut augmenter & varier le fracas inféparable des

ouragans.

Quand des vents impétueux rencontrent, dans leur chemin, des nuées épaiffes, celles-ci leur font obftacle, refferrent leur courant, & les font quelquefois venir de haut en bas fur la terre, comme en tournoyant : lorfqu'à ces caufes fe joignent des vents contraires alors ces vents violens s'entre-choquent avec un fifflement confidérable & deviennent fi furieux qu'ils renverfent les maisons, déracinent les arbres, fracaffent les vaiffeaux, comme nous l'avons remarqué plus haut: la rencontre de deux courans d'air, qui fe choquent horizontalement avec force, doit faire refluer l'air vers le haut & le bas, comme il arrive dans les cou. rans d'eau qui font directement opposés; mais la chute & l'épaiffeur des nuées, empêchant l'air de refluer par en haut, toute fon impétuofité & fa furie fe trouvent dirigées vers la

terre.

Plufieurs Phyficiens ont tenté de mefurer la viteffe des vents, en leur abandonnant des corps légers, & en examinant l'efpace que les vents leur faifoient parcourir dans un tems déterminé, comme quelques fecondes ; mais, quelque fimples que paroiffent ces expériences, elles ne peuvent apprendre que la viteffe des vents qui regnent pendant le temps qu'on les fait. Selon Mariotte, ceux qui ont affez de force pour déraciner les arbres & les forêts parcourent 32 pieds en une feconde; mais par des obfervations plus exactes, faites par Lulofs, il paroît qu'un vent violent, & qui n'eft point encore orageux, parcourt 52 pieds en une feconde. Si l'on en croit Derham, un vent qui parcouroit 66 pieds d'Angleterre en une feconde, eut affez de force pour brifer une ftatue de pierre de 12 pieds de hauteur, de 5 pieds de largeur fur 2 pieds d'épaiffeur. Kraft obferva, à Pétersbourg, le 24 Mars 1741, un vent qui parcouroit plus de 109 pieds par feconde; une autre fois, il en obferva un qui parcouroit 123 pieds dans le même tems.

La force du vent dépend de fa viteffe & de fa maffe, c'est-à-dire de la quantité d'air qui fe meut & de l'efpace qu'il parcourt dans un tems donné. Mufchenbroeck a trouvé, par expérience, que l'effort d'un vent, qui parcourt 24 pieds

par feconde, eft égal à celui d'une maffe d'eau qui agiroit fur une furface égale, & qui auroit une vîteffe d'un pied par feconde. On trouve, dans la Manoeuvre des vaiffeaux du célebre Bouguer, une table, dans laquelle ce Géomètre a déterminé, en poids, la force d'un vent qui parcouroit depuis 1 jufqu'à 100 pieds en une feconde.

C'eft de la maffe & de la viteffe des vents, multipliées l'une par l'autre, que réfulte leur action fur les arbres qu'ils déracinent, fur les maifons qu'ils renverfent, fur les vaiffeaux qu'ils tranfportent au fein des mers, fur les moulins qu'ils appliquent à différens ufages, tels qu'à deffécher les terreins humides & marécageux, qui en deviennent plus propres à l'agriculture, à fcier de gros arbres, ainfi que le marbre, à réduire en poudre les bois colorés, dont on fe fert pour la teinture, à fouler les draps, à réduire les grains en farines, à tirer de l'huile de différentes femences, à faire du papier avec du vieux linge, &c. ce qui épargne à l'homme des travaux pénibles & des dépenfes confidérables.

Dans les moulins à vent, quatre ailes, qui font l'office de léviers, préfentent obliquement leurs plans à la direction du vent la force avec laquelle il agit fur ces quatre plans in

clinés, les oblige à reculer à chaque inftant, ce qu'ils ne peuvent faire qu'en tournant, & en faisant tourner l'arbre auxquels ils font fixés, & qui met en jeu toute la machine.

Les moulins à vent font conftruits de maniere que leur partie mécanique peut tourner fur un grand pivot vertical & immobile, pour présenter toujours favorablement leurs ailes, à l'impulfion du vent, à mesure que celui-là change de direction.

Les cerfs-volans, qui font partie des amufemens de la jeuneffe, & qui font, entre les mains du Phyficien, de vrais conducteurs de la foudre renfermée au fein des nuages; ces efpeces de chaffis, couverts de papier ou d'une étoffe de foie très-légere, s'élevent & fe foutiennent dans l'air, à une très-grande hauteur par l'impulfion du vent.

La corde qui retient le cerf-volant est toujours attachée de maniere que le plan fe préfente obliquement à la direction du vent. L'impulfion du courant aérien tend donc toujours à faire monter ce plan incliné, tant qu'il fe présente à fon action fous un angle convenable.

Nous éprouvons quelquefois de la part du vent, une action assez semblable à celle qui éleve le cerf-volant; c'eft, lorsqu'en nous promenant, nous préfentons obliquement, à fon

impulfion, le parafol que nous tenons dans nos mains; nous fentons que ce parafol tend à s'élever & à nous entraîner au milieu des airs.

Ce n'eft pas feulement dans le jeu des moulins à vent que ce météore nous devient utile; les dommages qu'il caufe quelquefois, fe trouvent encore contre-balancés par nonibre d'avantages qu'il nous procure.

Ce font les vents qui diffipent les exhalaifons provenant de notre corps, de celui des animaux, des endroits marécageux, &c. en même tems qu'ils chaffent l'air qui en est inquiné ou fali, ils amenent, dans le même lieu, un autre air plus pur & plus falubre. Hippocrate & plufieurs autres Médecins après lui, ont obfervé, qu'après un long calme, fur-tout en été, il furvient des maladies contagieufes, des fiévres malignes, & quelquefois la pefte. Il eft vrai que les vents peuvent apporter la contagion dans certains endroits; mais cela arrive fort rarement, & l'on peut dire en général que les vents renouvellent & purifient l'air.

Ils rafraîchiffent ce fluide, & rendent habitables des pays où les hommes ne pourroient vivre fans leur fecours; c'eft ce qu'on remarque dans les Indes orientales, en Amérique, en Afrique, fur certaines côtes, dans des

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