Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Je dois avertir auffi que les baromètres à réservoirs, ufités jufqu'à préfent, font fujets à plufieurs inconvéniens; le premier, c'est qu'il eft prefque impoffible de mesurer l'effet de la chaleur qui agit fur le mercure, & de le dégager de l'effet de la pefanteur de l'air, qui eft le feul auquel on doit avoir égard dans l'ufage du baromètre.

Le fecond inconvénient des réservoirs, eft la figure tantôt convexe & tantôt concave que la furface du mercure y prend; cette irrégularité, qui paroît dépendre de la forme du réfervoir & de la maniere dont le verre agit, rend la furface du mercure très-difficile à conftater; elle varie d'ailleurs fuivant que le réservoir est plus ou moins rempli; d'où réfulte, dans la hauteur de la colonne du mercure, des inégalités qu'on ne fauroit apprécier.

Le troifiéme inconvénient des réservoirs dans les baromètres, c'est l'afcenfion ou la defcente du mercure dans le réfervoir. Pour que cette variation ne foit pas fenfible, il faut que le réservoir foit d'un diamètre incomparablement plus grand que celui du tube.

Comme les plus grands réservoirs conservent toujours une partie de cet inconvénient, on y remédie, en marquant, par une division particuliere, le mouvement du mercure dans le

réfervoir

réfervoir, au-deffus d'un terme fixe marqué fur la planche; on ajoute alors cette quantité à la hauteur du mercure dans le tube, au-deffus de la même ligne, pour avoir la distance des deux furfaces, qui eft la quantité demandée & la véritable hauteur du baromètre.

M. de Luc, frappé de tous les inconvénients des réservoirs, imagina de les fupprimer, en faifant fes baromètres d'un feul tube, recourbé par fon extrémité, & d'un calibre uniforme dans les deux branches; on trouve, dans fon Ouvrage, un ample détail des moyens qu'il faut employer pour y parvenir.

Dans le baromètre, compofé fuivant les principes du Phyficien Génevois, il y a deux échelles, une à chaque branche; la divifion de la branche plus longue va en montant & celle de la plus courte en defcendant; toutes deux partent d'un point fixe, placé à volonté vers le milieu du tube, & l'on eft obligé d'additionner les deux nombres pour avoir la diftance des deux furfaces, qui eft la hauteur du baromètre; on doit faire en forre que le tube foit d'un diamètre égal; mais la condition la plus effentielle eft que tous les points, qui correfpondent horizontalement dans la grande & la petite branche, foient du même diamètre. M. de Luc a fait l'application de fon baro

Nn

mètre à la mesure des hauteurs, & s'eft affuré, par plus de 400 expériences, qu'il ne le trompoit pas plus de 4 4 5 pieds fur toutes les hauteurs qu'il a mefurées, ce qui l'a porté à conclure que les précautions, qu'il apporte à la construction du baromètre, font abfolument néceffaires.

M. Magellan, Membre de la Société Royale de Londres, & Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, a donné, en 1780, dans le Journal de Phyfique, la defcription d'un baromètre de fon invention, qui nous a paru ne le céder en rien à celui de M. de Luc, fi même il n'approche davantage du degré de pefection défirée dans cette espece d'inftrument.

Nous ne devons point paffer fous filence les moyens que nous employons, depuis quelques années, pour rendre les baromètres fimples transportables.

Dans ces baromètres, le tube, aulicu d'être ouvert à fon extrémité inférieure, eft percé de côté, à un pouce ou environ de cette extrémité; c'eft par cette ouverture latérale que la colonne de mercure, contenue dans le tube communique avec la maffe du même fluide que renferme la cuvette; le

be eft étranglé aux dépens de fon épaiffeur

dans la partie qui répond à l'ouverture de la cuvette, & il eft attaché à cette derniere par le moyen d'un morceau de peau blanche, liée d'une part fur le tube, & de l'autre autour de la cuvette, qui eft également étranglée, ou dont les bords font renversés; cette peau, quoique poreufe, retient le mercure & l'empêche de fe répandre quand on transporte l'inftrument; &, comme elle eft lâchement tendue, elle cede facilement aux impreffions de l'air atmofphérique, & de celui qui eft renfermé dans la cuvette au-deffus du mercure ainfi ce dernier monte & defcend dans le tube, felon que l'air intérieur eft plus ou moins comprimé par l'air extérieur, qui agit médiatement fur lui. Enfin, la capacité du tube eft diminuée & réduite à celle d'un tube capillaire à 6 lignes près de la voûte, ou de l'extrémité fcellée.

C'est ainfi que nous parons à tous les inconvéniens auxquels feroit expofé, dans le tranfport, un instrument auffi précieux & auffi fragile que l'eft le baromètre plongé. Nonfeulement on peut le tranfporter fans que le mercure fe répande, parce que la peau le retient; mais on peut auffi l'agiter en tout fens fans avoir à craindre que l'air pénetre dans le tube & fasse baisser le mercure, parce que l'orifice

[ocr errors]

pratiqué latéralement fe trouve toujours couvert de mercure, & fuffifamment pour que l'air, qui furnage ce fluide, ne puiffe s'infinuer dans le tube. Enfin, on ne doit pas non plus. appréhender que, dans les fecouffes auxquelles le baromètre peut être expofé, le mercure heurte trop fortement contre la voûte du tube, & qu'il le caffe en cet endroit; l'étranglement pratiqué vers le haut du tube, réduifant fa capacité à celle d'un tube capillaire, le mercure ne peut fe porter que progreffivement vers la route.

C'eft dans l'intention de rémédier aux inconvéniens dont je parle qu'on a imaginé de recourber la partie inférieure du tube & d'y fouder une espece de fiole ou bouteille qui tient lieu de cuvette; mais, outre que cette conftruction eft fort défectueufe, elle ne fournit qu'un moyen peu exact de prévenir les inconvéniens du transport.

Quand on veut tranfporter un tel baromè tre, à des distances un peu éloignées, on l'incline de maniere que le mercure de la cuvette paffe en grande partie dans le tube & acheve de le remplir; on introduit enfuite un piston dans la partie du tube qui s'ouvre dans la cuvette. Ce pifton eft fait d'un bout de fil de fer, entouré vers le bas d'une quantité fuffi

« AnteriorContinuar »