trois jours de mauvais tems, on pourra s'attendre enfuite à une continuité de beau tems.

12o. Lorsque, dans un tems ferein, le mercure defcend beaucoup, & qu'il continue à defcendre ainfi pendant deux ou trois jours, cette variation foutenue annonce communément une grande pluie & de grands vents.

13o. Enfin, le mouvement incertain du mercure marque auffi un tems incertain & variable.

Quoi qu'il en foit, on ne peut être trop réfervé dans les inductions que l'on tire des variations du baromètre, puifque ces variations ne font que l'effet de la pefanteur & du reffort de l'air, différemment variés par les vents, les orages, la chaleur, le froid, l'éruption des volcans, les tremblemens de terre, & en général par tout ce qui peut condenfer & dilater, élever & abaiffer les colonnes aériennés. Ce n'eft qu'autant qu'on fera très-attentif, aux moindres variations de la colonne de mercure, qu'on pourra prévoir, d'une maniere non équivoque, les changemens de tems; il faut, pour cela, faire attention à la figure qu'affecte la colonne de mercure à fon extré mité, dans les circonftances où elle commence à baiffer & à s'élever; car on remarquera qu'elle devient convexe dans le tems qu'elle

s'alonge, & concave, au contraire, lorfqu'elle se raccourcit; fi elle eft fixe, ce qui a lieu rarement, fa furface alors eft unie.

Des obfervations journalieres nous annoncent, fans baromètre, le tems qu'il doit faire. Une couleur rougeâtre, difperfée çà & là dans les nuées, qui fe remarquent au coucher du foleil, préfage du vent pour le lendemain; au contraire, fi ce rouge eft vif & uniforme, il annonce du beau tems.

Lorfqu'après le coucher du foleil, le ciel paroît dénué de vapeurs, & que l'on voit les étoiles & les objets éloignés beaucoup plus clairement qu'à l'ordinaire, c'est une marque de pluie.

Un autre figne de pluie eft lorfque le foleil, après avoir achevé fa carriere, fe dérobe à nos regards, environné de nuages pâles, jaunâtres & épais, ou bien encore lorfqu'il fe couche dans une nuée d'un bleu foncé. On eft incnacé de vent & de pluie, quand le folcil, fur fon déclin, eft tout enfemble bleu & rouge, & fi fon coucher eft clair & ferein, il nous promet du beau tems.

Lorfque le foleil, au moment qu'il fe leve, eft couvert de taches ou entouré d'un nuage qui ne laiffe appercevoir que le milieu de fon difque, rarement il manque de pleuvoir; mais,

fi au lever de cet aftre, on voit fes rayons percer les nuages & les furmonter quelque tems après, on doit attendre une belle journée.

Si les brouillards du matin tombent en rofée, c'est un figne de beau tems; mais s'ils s'élevent, ils préfagent de la pluie.

Les différentes apparences de la lune nous annoncent auffi le tems qui doit fe faire; lorfqu'elle eft pâle & environnée d'une couronne, elle préfage de la pluie; fi elle eft rouge, c'est un figne de vent ; &, quand elle eft claire & lumineufe, elle nous promet un tems ferein. Ces obfervations font contenues dans le vers fuivant :

Pallida luna pluit ; rubicunda flat ; alba Serenat ;

Ceux qui font attention aux divers manéges des animaux, & fur-tout des oiseaux, trouvent, dans leur différence, des indices du tems qu'il doit faire; lorfqu'il eft ferein, les hirondelles volent très-haut; &, quand il doit pleuvoir, elles rafent prefque la terre, ainsi que la furface des eaux. Dans le même tems, la corneille fe promene feule fur le fable; la fourmi prévoyante, le long d'un fentier étroit, transporte fes œufs hors de la fourmilliere ; les pourceaux, inquiets, diffipent, avec leurs grouins, la paille qui leur fert de litiere, &c.

Les animaux aquatiques nous préfagent aussi les changemens de tems. On voit, lorsqu'il doit pleuvoir, les canards s'élever fur la furface de l'eau, battre des ailes, fe plonger entiérement & reparoître auffi-tôt; les poiffons, fur-tout les carpes, s'élevent auffi dans ce tems, & fautent fréquemment fur la fuperficie de l'eau; les grenouilles fortent & fe répandent dans les prairies, ou fe tiennent fur l'eau.

Certaines pierres poreufes fe ramolliffent confidérablement quand le tems eft difpofé à la pluie. M. de Luc, dans fon Effai fur les caufes des variations du Baromètre, rapporte qu'on voyoit une pierre, auprès d'Affecheleben, à 20 lieues à l'oueft de Léipfick, qui tenoit lieu de baromètre aux Voyageurs. Lorfque la pluie étoit prochaine, on y plantoit un clou comme dans de l'argile. Quand le beau tems devoit continuer, elle émouffoit au premier coup ceux qu'on vouloit y planter.

Les habitans de la campagne penfent que la pluie eft prochaine quand ils voient les mares & les autres eaux croupiffantes fe couvrir d'une pellicule verte. Enfin, les jeunes filles, qui le foir filent à la lumiere d'une lampe, favent la deviner & la prédire, en voyant l'huile pétiller, & une espece de moufferons fe former à la mêche.

Les variations du baromètre n'ost pas une étendue égale dans tous les pays; elles font renfermées dans des limites d'autant plus étroites qu'on approche davantage de l'équateur; leur étendue, qui fe borne à 5 ou 6 lignes entre les tropiques, augmente fenfiblement à mefure qu'on approche du pôle, où elle eft de 3 pouces & plus. Comme les variations de l'atmofphère font la caufe de celles du baromètre, & que les vents influent beaucoup fur les premieres, il n'eft point étonnant que les dernieres ne foient très-petites dans les pays où les vents ne varient prefque point, tels que ceux qui font fitués dans la zone torride. Les pays feptentrionaux, au contraire, éprouvent des vents très-variables, & par conféquent le baromètre doit aufli y être fujet à de grandes variations. Cependant, on a remarqué, par la comparaison du baromètre, en France, en Italie, en Espagne & en Angleterre, que les variations du baromètre, principalement lorfqu'elles font promptes, y arrivent ordinairement les mêmes jours, quoique ce ne foit les mêmes vents, & que les degtés de chaleur foient différens dans chaque lieu.

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La hauteur moyenne du mercure dans le baromètre, eft de 27 pouces & demi en France, &fes variations ne s'étendent point commu