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être affuré que la chaleur augmente ou dimi nue lorsque la liqueur du thermomètre monte ou defcend, & cela auffi long-tems que cette liqueur ne fe gele pas.

par

On comprend fort aifement pourquoi la marche de ce thermomètre eft inverse de celle du premier; on voit que, fi la liqueur monte dans celui-ci par le froid, le froid, & descend la chaleur, c'eft que la boule qui contient l'air, dont la dilation ou condensation fait defcendre ou monter la liqueur, eft placée au haut du tube & non au-deffous.

Si le thermomètre de Florence ne faifoit pas, comme le premier, la fonction de baromètre, il en avoit tous les autres défauts: ceux-là n'ont point échappé à la pénétration du grand Newton, non plus qu'à celle d'Amortons, de Farenheit, de l'Ifle, de Réaumur, & d'un grand nombre d'autres Phyficiens. Ils ont conçu parfaitement qu'il ne fuffit pas d'avoir trouvé une mesure de la chaleur, une mesure même infaillible; qu'il faut fur-tout qu'elle foit univerfelle, & qu'elle réveille les mêmes idées dans l'efprit, foit qu'on la conftruife ou qu'on l'emploie; qu'enfin il faut néceffairement remplir deux conditions pour parvenir à cette fin; la premiere, qu'on commence ĉette mefure d'un point déterminé &

connu : la feconde, qu'on établiffe les degrés de l'échelle felon quelque proportion connue & conftante.

Parmi les différens moyens que l'on peut employer pour arriver à ce but, il n'y en a point qui foient comparables à ceux que Newton a propofé, & dont plufieurs Phyficiens fe font fervis avec tant de fuccès, les uns pour déterminer le commencement de l'échelle de leur thermomètre, d'autres pour déterminer en même tems la proportion ou la grandeur des degrés ; je veux parler de la température de la glace, & de celle de l'eau bouillante, fur lefquelles les Phyficiens n'ont pas toujours été d'accord; car, quoique la température à laquelle la glace fe forme ou commence à fe fondre, foit conftante & par-tout la même, cependant Halley, Derham, Mufchenbroek, le D. Cyrilli, & quelques autres encore, prétendent que cette température eft variable, & que la converfion de l'eau en glace exige une température d'autant plus froide qu'on approche davantage du nord; mais le D. Martine & M. de Mairan combattent cette opinion, par des expériences qui démontrent incontestablement que l'eau réduite en glace a conftamment, & dans tous les climats, la même température; c'eft ce O o iij

qui eft encore parfaitement prouvé, par fes expériences de MM. de Réaumur, du Creft, de Luc: enfin les belles expériences de MM. Black & Lavoifier, annoncées dans le Journal de Phyfique, en 1772, confirment la même chose. Si l'on plonge donc la boule d'un thermomètre qu'on voudra régler, dans de la glace qui fond, & fi on ly laiffe affez longtems pour qu'elle en acquiert la température, on pourra commencer l'échelle au point que la Liqueur indique alors dans le tube; & ce commencement fera conftant, fi l'on s'y prend toujours de la même maniere. Ayant ainfi fatisfait à la premiere condition, on pourra fatisfaire également à la feconde, qui confifte à déterminer la proportion ou la grandeur des degrés de l'échelle, à quoi M, de Réaumur parvient en employant un fecond point fixe, qui eft celui de l'eau bouillante.

Quoique l'eau bouille, à différens degrés de chaleur, felon qu'elle eft plus ou moins pure ou plus moins denfe, ou felon qu'elle est plus moins preffée par le poids de l'atmosphère, cependant comme, toutes les fois qu'elle bout, elle a un degré de chaleur qui n'est pas fufceptible d'augmentation; je penfe, avec le plus grand nombre des Phyficiens, que la température de l'eau bouillante peut fervir de terme

de comparaison dans la construction des thermomètres, parce qu'en faifant ufage d'eau dif tillée, qui eft la plus pure qu'on puiffe fe procurer, & en prenant pour regle conftante de ne la faire bouillir que dans un tems & dans un lieu où la colonne de mercure fera à une hauteur déterminée dans le baromètre, on retrouvera toujours le même degré de chaleur lorfque cette eau bouillira. C'eft en obfervant ces précautions que M. de Réaumur n'a pas fait difficulté de regarder, le terme de l'ébullition de l'eau, comme un degré de chaleur conftant, propre par conféquent à donner un des extrêmes de l'échelle du thermomètre.

Dans le grand nombre des thermomètres comparables dont on fe fert aujourd'hui, celui de M. de Réaumur occupe le premier rang; il eft généralement adopté en Italie, en France, & dans plufieurs autres endroits.

M. de Réaumur s'eft proposé un double but dans la conftruction de fon thermomètre, & ce but eft très-philofophique; il a d'abord voulu déterminer fon échelle par deux points fixes, l'un pris à la température de la glace pilée, & l'autre à celle de l'eau bouillante; il a voulu enfuite graduer cette échelle de façon que chaque degré exprimât la quantité de

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dilatation ou de condenfation du fluide contenu dans la boule & dans le tube du thermomètre. Je n'entrerai pas ici dans le détail des différentes manipulations, qu'exigeoit & que pratiquoit M. de Réaumur pour la conftruction de fon thermomètre, parce qu'aujour d'hui on s'écarte un peu de la marche qu'il a tracée, l'expérience & l'observation ayant appris qu'on pouvoit le faire fans craindre d'avoir des inftrumens moins parfaits.

Je vais donner une idée de la méthode que l'on fuit à préfent pour conftruire un thermomètre fort exact: on prend un tube de verre, qui eft de même diamètre dans toute fa longueur, ainsi qu'on s'en eft affuré, en faisant couler dans le tube, & felon toute fa longueur, une petite quantité de mercure, & en lui voyant remplir conftamment le même efpace. On foude, à une des extrémités de ce tube, une petite boule de même matiere, ou mieux un petit cylindre, & par préférence un autre tube un peu plus gros, tourné en spirale, c'est-à-dire ayant la forme d'un pain de bougie. Cette forme, en expofant une plus grande furface à l'action de l'air ou du liquide dont on prend la température avec le thermomètre, donne plus de fenfibilité à cet inftrument.

On remplit enfuite le tube & le réfervoir,

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