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Pontificat de Sixte V, l'Entrepreneur s'étant trouvé embarraffé parce que les cordes étoient un peu trop longues, quelqu'un cria mouillez les cordes, & que cet expédient ayant été tenté, réuffit parfaitement. Ce fait, que M. l'Abbé Nollet regarde comme apocryphe, quoique perfonne n'en contefte la poffibilité fuppofe qu'on connoiffoit alors l'effet de l'hu-` midité fur les cordes, & qu'on pouvoit s'être déjà fervi de ces dernieres pour faire des hygromètres; une autre raison pour le penfer, c'eft que le premier inftrument de ce genre qui foit parvenu à notre connoiffance, étoit fait avec une corde de chanvre.

A quelque tems que remonte l'invention de l'hygromètre, & quel qu'en foit l'auteur, il eft conftant que l'humidité gonfle les cordes & diminue leur longueur. Ainfi, on aura un hygromètre, fi on expose à l'air libre, à l'abri de la pluie, une corde perpendiculaire de 5 ou 6 pieds, au bout de laquelle pende une efpece d'aiguille ou de poids qui réponde à une planche graduée; l'humidité de l'air fera monter le poids, la féchereffe le fera descendre.

On peut auffi tendre, médiocrement & horizontalement, contre un mur, en air libre, une corde de 10 à 12 pieds; fi on fufpend, par un fil de laiton, un poids au milieu de

cette corde, ce poids tiendra lieu d'un index; il marquera fur une échelle, divifée en pouces & en lignes, les degrés d'humidité en montant, & ceux de la féchereffe en defcendant. La corde employée dans les deux cas peut être de chanvre, de fparterie, de crin, de laine, de foie ou de boyaux tortillés.

Si vous attachez deux cordes de violon ou de baffe, de même groffeur & de même lon. gueur, fur une longue planche, & que vous les fouleviez par deux chevalets de niême hauteur, il eft évident qu'elles feront à l'unisson; fi vous tendez l'une plus que l'autre, elle rendra un fon plus aigu. D'après ces principes de Physique, on construit un hygromètre trèsfimple, qui peut fervir pour ceux qui font privés de la vue; on attache une de ces cordes, parfaitement égales en groffeur & en longueur, à un anneau ovale d'un bois trèsporeux, dans le fens de fon grand diamètre, & on la met à l'uniffon avec l'autre. Il eft certain que le bois venant à fe gonfler, il doit tendre la corde à boyau. Lors donc qu'on veut favoir fi le tems eft humide, il n'eft queftion que de pincer les deux cordes; fi celle fixée à l'anneau rend un fon plus aigu, c'est qu'alors l'air eft plus humide que le jour qu'elles étoient à l'uniffon.

Le P. Merfenne jugeoit de l'humidité de l'air par un moyen peu différent de celui que je viens de faire connoître. Ce Phyficien montoit une corde de luth fur un ton donné par fon diapafon, enfuite il l'expofoit à l'air libre. Le ton qu'elle rendoit, lorfqu'il venoit à la pincer, étoit-il plus bas; il en concluoit que l'air étoit plus fec, & plus humide fi le ton montoit.

Le P. Magnan, Minime, faifoit un hygromètre avec un épi d'avoine fauvage parfaitement mûr. Toricelli fe fervoit de paille d'avoine; cette plante a en effet la propriété de fe tordre plus ou moins, felon que l'air eft plus ou moins humide; mais elle perd cette propriété avec fa fraîcheur. La corde à boyau la conferve davantage; Sturmius ne l'ignoroit pas; ce Phyficien Hollandois en avoit ajusté une au fond d'une boîte, qui, en fe tordant, faifoit mouvoir une petite figure, laquelle indiquoit l'humidité ou la féchereffe de l'air. On voit encore aujourd'hui des hygromètres conftruits fur le même principe; je veux parler de ces efpeces de maisonnettes, dans lef quels on établit deux petites figures qui fortent alternativement par deux portes.

Peu fatisfaits de ces inventions, les Membres de l'Académie del Cimento imaginerent

de remplir, de neige ou de glace pilée, un vaiffeau conique, & de le placer au-dessus d'un autre vaiffeau cylindrique, deftiné à recevoir la quantité d'eau réfultante de la condenfation des vapeurs de l'air, produite par le contact de ce fluide avec le vaiffeau conique ; celui-ci ayant une température plus froide, l'humidité de l'air fe manifeftoit par des gouttelettes d'eau qui fe formoient fur la furface du vaisseau conique, & qui couloient à proportion dans le vafe cylindrique ou on en déterminoit la quantité le plus exactement poffible. Ce moyen hygrométrique, dont il est parlé fort au long dans l'Ouvrage intitulé Tentamina Florentina n'est point applicable dans le cas où la température de l'air feroit auffi froide que celle de la glace, parce qu'alors l'humidité de l'atmofphère ne fe condenferoit point fur les parois du vaiffeau conique.

Voici une autre maniere de conftruire. un hygromètre, qui fut fort en vogue parmi quelques Phyficiens du dernier fiécle. A une balance très-mobile, on met en équilibre une éponge ou un paquet de coton cardé, imbibé d'une diffolution de fel de tartre : comme cette matiere faline s'empare de l'humidité de l'air l'excès de poids qu'elle en reçoit, dans un tems donné,

donné, eft pris pour la mefure de cette hu midité, mais à tort, puifqu'on ne connoiffoit point l'état primitif de l'air.

Les Anglois imaginerent, fur la fin du der. nier fiècle, un hygromètre à planches; il étoit compofé de deux petits ais de fapin fort minces, qui fe mouvoient dans deux couliffes fuivant que, par la féchereffè ou l'humidité de l'air, ils s'enfloient ou fe retiroient; ce mouvement faifoit tourner une aiguille placée au milieu d'un des ais, & cette aiguille mar quoit la féchereffe ou l'humidité de l'air.

Le cuir, le parchemin, le papier, font en core des matieres que les Phyficiens ont adopté pour faire des hygromètres ; mais l'expérience leur a appris que tous ces inftrumens font fu jets à des défauts qui naiffent de la nature des fubftances avec lefquelles on les fait, & qui font, jufqu'à un certain point, inévitables.

Le défaut le plus confidérable des hygromètres, c'eft qu'ils annoncent rarement avec exactitude l'humidité de l'air du tems pendant lequel on les obferve; mais une combinaison particuliere de l'humidité de l'air dans le tems paffé avec celle du préfent; je m'explique, un hygromètre paffe, comme l'air, du fec à l'hu mide; mais le premier ne ceffe pas de fe charger d'humidité, quoique celle de l'air n'aug

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