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particulers; de fe réunir fincerement pour lui rendre l'obéiffance qui lui eft dûe, & de fe défifter de toutes nouveautez, ligues, pratiques & partialitez fondées fur l'intérêt. Que comme il leur pardonnoit & oublioit volontiers tout le paffé, auffi ne souffriroitt-il jamais qu'on renouvellât ces anciennes factions qui attaquoient directement la majefté roïale. Qu'avec le zele dont il étoit animé pour le bien de ses fujets, , pour détruire l'héréfie, favorifer les gens de bien, rendre à la juftice fon luftre & fa vigueur, avancer la religion, foutenir la noblesse & foulager les peuples, il les prioit tous & les conjuroit de l'affifter de leurs bons confeils, de fe réunir de fentimens & d'inclinations avec lui, & travailler de concert à la réformation de l'état. Qu'au refte, s'il leur arrivoit d'agir autrement, en prêtant l'oreille aux intrigues des factieux, ils fe rendroient à jamais blâmables devant les hommes, & très-criminels devant Dieu, au tribunal duquel il les. interpelloit, & où n'y ayant ni artifice, ni déguifement; ils feroient éternellement punis de leur perfidie, & leurs noms noircis d'une éternelle infamie dans toute la poftérité.

AN. 1588..

Le duc de Guise fut un peu déconcerté de cette harangue, il s'y trouvoit dépeint au naturel en beaucoup d'endroits, & les chefs de la ligue y étoient traitez de rébelles & de féditieux. Il fut encore plus piqué quand il apprit que le roi alloit faire imprimer fon difcours : il exhorta l'archevêque de Lyon à l'en détourner; ce prélat entreprit de le faire, & remontra à fa majefté qu'il valoit beaucoup mieux fupprimer ce discours, quoiqu'éloquent & bien travaillé,

que de s'expofer à perdre l'affection de fes fujets, qui AN. 1588. en feroient offenfez, puifqu'ils fe perfuaderoient que fa majesté n'avoit pas oublié le paffé, & qu'ils feroient très-fenfibles de fe voir accufer de rébellion & de perfidie à la vûe de toute la France. Mais ces remontrances n'empêcherent pas que le difcours ne fût mis fous la preffe & rendu public.

LVI.

fieur de Montho

lon garde des fceaux.

8. 2. p. 435.

Suiv.

Le difcours du roi fut fuivi de celui du fieur de Montholon, à qui sa majesté avoit donné les sceaux, après les avoir ôtez au chancelier de Chiverni. Ce De Thou, l. 92. miniftre s'étendit fort fur les bonnes intentions du Mém. de la ligue, roi, & fit voir que ce prince ne s'étoit pas plutôt vậ fur le trône, qu'il avoit travaillé à la réformation des abus qui s'étoient introduits, parce qu'il fe regardoit comme le tuteur de fon peuple, & qu'il étoit perfuadé qu'il n'étoit roi que pour faire le bonheur de fes fujets, & pour veiller à la confervation de la religion & au maintien de la juftice. Il s'étendit fur les devoirs du clergé, de la nobleffe & du tiers-état; parlant des juges, il affura qu'on fe plaignoit de toutes parts, que l'avarice ou la faveur faifoient commettre une infinité de fautes dans l'adminiftration de la justice; que par la chicane & les mauvais artifices des procureurs, auffi-bien que par la négligence des juges, les procès traînoient en longueur, au grand détriment des parties, ou que s'il intervenoit enfin un jugement, on fçavoit l'éluder par quelque nouvelle chicane, & recommencer la question qui fembloit terminée. Il conclut que pour retirer des bonnes intentions du roi & de la reine mere, ce fruit tant défiré, qui devoit procurer la gloire de Dieu & la tranquillité publique, il ne reftoit plus

rien, finon que les états fe réuniffent dans un tems où la concorde étoit devenue plus néceffaire que jamais, & juraffent de concert de garder au roi feul une obéiffance éternelle. L'archevêque de Bourges & plusieurs autres haranguerent enfuite chacun à leur

tour.

AN. 1588,

LVII. 'L'édit d'union déclaré loi fonda

me. :

De Thou, 1.92. Davila, l. 9. Mém. de la ligue,

fuiv.

La feconde féance se tint le 18. d'Octobre. Les états y prêterent ferment de recevoir pour loi fondamentale du roiaume l'édit d'union du 21. Juillet mentale du roiaudernier par lequel le roi réunissant tous les catholiques fes fujets, juroit de perféverer jufqu'à la mort dans la religion, Catholique, Apoítolique & Ro- p. 547• Ở maine, d'en procurer la confervation & l'accroiffement, d'emploïer toutes fes forces à la ruine des hérétiques, de ne fouffrir jamais qu'aucun prince hérétique ou fufpect dans fa foi pût parvenir à la cou ronne, & de n'admettre aux charges & aux dignitez que des perfonnes qui feroient une conftante profeffion de la religion Catholique : le roi figna le premier cet édit, & en jura l'observation, & tous les autres aïant suivi son exemple, on se rendit à l'église de faint Sauveur, où le Te Deum fut chanté en action de graces.

Dans le même tems, le roi de Navarre tenoit à la Rochelle l'assemblée générale des églifes Proteftantes, dont l'ouverture fe fit le 24. de Novembre. Le roi de Navarre s'y étant rendu accompagné du vicom te de Turenne, du duc de la Trimouille, & d'autres feigneurs & officiers, repréfenta la trifte fituation des églifes de fon parti, jura qu'il étoit réfolu de répandre fon fang pour la défenfe de la religion & de l'état, contre ceux qui en avoient juré la ruine, &

LVIII. Le roi de Nar varre tient une af

femblée des égliRochelle.

fes proteftantes à

la

De Thou, l.
Davila, l. 9.

22.

Mem. de la ligue,

t. 2. p. 576.& Suiv

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exhorta ceux qui étoient préfens à entrer dans les AN. 1588. mêmes fentimens. On fit des réglemens pour rétablir la difcipline; l'on renouvella les ordonnances faites contre les blafphêmes, le rapt, le viol, le larcin,,& tous les vices caufez par la licence des guerres civiles; l'on pourvut à l'entretien des pauvres, en établissant des fonds pour les foulager, & l'on ordonna qu'on ne confieroit les emplois publics qu'à des perfonnes d'une piété & d'une probité connues: l'on régla ce qui concernoit l'inftitution des magifle rétablissement d'un conseil général des églises réformées, & l'ordre qui devoit y être observé. L'on raisonna beaucoup au fujet des finances, des exemtions qu'on devoit accorder ou refuser, de l'entretien des troupes, des fonds néceffaires pour cela, des vivres, des moïens de mettre le païfan à couvert de l'infolence du foldat; & fur tous ces chefs on prit des réfolutions conformes aux befoins prefens & aux inftructions dont les députez étoient chargez.

LIX.

Déclaration du

roi de Navarre au

Blois.

Davila, 1.9. p.

632.

Spond. ad hur.c annum, 2. 17.

trats,

Pendant la tenue de cette affemblée, qui ne fe fujet des états de fépara que le 17. de Décembre, le roi de Navarre fit une déclaration, qui fut envoïée à Henri III. & que ce prince remit aux députez des états de Blois. Il y demandoit qu'on obfervât les édits, & les autres chofes qu'on avoit fi fouvent accordées à ceux de fa religion; qu'on affemblât un concile général, où il pût légitimement le faire inftruire fur les matieres de la foi contestées, protestant au refte de regarder comme nul & non valable tout ce qui feroit conclu à fon préjudice dans l'affemblée de Blois, pour n'y avoir pas été appellé, & avoir été mis par-là dans l'impuiffance

de

LX.
Addition du roi

France à la dé-
Navarre.

claration du roi

de

Davila, 1.9.

l'impuiffance de fe justifier sur tout ce qu'on lui imputoit. Il ajoutoit, que cette affemblée n'étoit AN. 1588. point compofée de tous les ordres, ni de tous les peuples de France, puifqu'on n'y avoit mandé ni admis ceux de fon parti; & que pour lui, il ne pouvoit être condamné comme hérétique, tant qu'il s'offriroit de bonne volonté de fe foumettre à la décifion d'un concile libre & légitime,national ou général. A ces proteftations du roi de Navarre, Henri III. ajouta d'autres raifons : Qu'on ne devoit condamner perfonne fans l'avoir entendu auparavant : Qu'il n'y avoit aucune apparence de prononcer fi fouverainement contre le roi de Navarre, fans sçavoir ce qu'il pouvoit dire pour fa défense: Que fi ce que ce prince alléguoit n'étoit pas véritable, du moins étoit-il affez fpécieux & vraisemblable pour mériter d'être examiné: Qu'il avoit toujours offert de fe foumettre à la décifion d'un concile, & de fe faire inftruire par des perfonnes fçavantes & habiles dans la controverse : Qu'il fe fervoit du privilege de la liberté de confcience accordée à tous les François, dont il ne devoit pas être exclu, non plus que les autres : Qu'on pouvoit excufer fon retour à l'héréfie, fon abjuration n'aïant été qu'un effet de la crainte caufée par la violence des perfécutions fufcitées contre ceux de fa religion : Qu'il avançoit plufieurs chofes aufquelles on devoit faire attention, de peur que la délibération des états ne parût précipitée & contraire à la justice que l'on devoit à tout le monde, & furtout à un roi. Qu'enfin il étoit de l'honneur d'une affemblée fi fage & fi prudente, compofée des plus grands hommes du roïaume, d'agir avec maturité, & de fe conduire Tome XXXVI. D'd

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