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l'avarice, l'ambition, & les penfions d'Espagne; «
en forte qu'il ne veuille pencher ni d'un côté ni «
d'autre, qu'il tienne la balance en équilibré, & «
qu'il rapporte fidélement à votre fainteté la caufe
légitime de nos divisions; mais je ne doute point «
que votre prudence & votre amour pour la jufti-
ce, ne vous faffe choisir un légat impartial, qui ne «
vous trompe point, & qui nous retire des dangers
ausquels nous avons été expofez jufqu'à préfent.
Pour moi, quelques avis qu'on me donne de beau-
coup d'endroits, & qu'on veuille me perfuader que
votre fainteté fe laiffera gagner par les miniftres
& penfionnaires d'Espagne, je n'en ai rien voulu «
croire; oppofant toujours à leurs avis ce que votre «<
fainteté me dit l'année derniere en Tofcane, lorf- «
qu'elle alloit à Rome pour le conclave après la «
mort de Sixte V. qu'il étoit néceffaire qu'Henri
IV. fût roi de France, & que celui d'Espagne de- «
meurât dans fon roïaume, & que les deux rois
fuffent, pour
ainsi dire, une barriere à leur ambi- «
tion réciproque. Par ces paroles, j'ai fermé la bou-
che à tous ceux qui m'ont voulu prévenir contre «
votre fainteté, m'étant toujours réfervé de la fup-
plier que toutes les fois qu'il s'agira de nos affai-
res, elle daigne fe fouvenir que l'intention de «<
tous les princes du fang, des ducs & pairs,
maréchaux de France, officiers de la couronne,
de toute la nobleffe & de tous les bons François,
eft de perfevérer dans la religion Catholique, "
efpérant par leurs fervices, pouvoir bientôt obli-
ger leur roi à la reconnoître, & en faire profef- «
hion, en reconnoiffant l'autorité du faint fiège.

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AN. 1590.

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Mais votre fainteté confiderera que pendant que tout le roïaume eft en guerre, le moyen d'inftruire le roi, & de le conduire à la connoiffance » de la vraię foi, nous eft ôté,& le repos des bons Catholiques par-là retardé. Le zele que j'ai pour ma religion, & la connoiffance que j'ai des affaires préfentes, pour les avoir conduites à Rome, & meme » pour obvier aux fubtilitez & aux artifices dont » nos ennemis se fervent envers ceux qu'ils veulent furprendre, me rendent d'autant plus hardi pour » en écrire à votre fainteté, & lui faire présenter la lettre des princes & des feigneurs qui fervent dans l'armée du roi, par un gentilhomme député exprès; en attendant que les autres princes & feigneurs répandus par le roïaume, lui envoïent une » perfonne de leurs corps, pour féliciter fa fainteté de fon heureuse exaltation au fouverain pontifi» cat, & pour l'affurer de leur obéiflance, en lui faifant plus amplement connoître l'état & la dif pofition des affaires, comme ils feront bientôt, » furtout s'il plaît à votre fainteté de m'honorer de fa réponse, & me marquer qu'elle agrée cette députation: la priant d'etre perfuadée que ce que j'ai l'honneur de lui écrire eft fincere, & ne part que du zele ardent dont je me fens pénétré pour »le bien de la religion & le repos de ma patrie, duquel je ne me départirai jamais non plus que des » fervices que je dois lui rendre. « Mais cette lettre du duc de Luxembourg ne fut pas plus efficace que la premiere. La cour de Rome étoit prévenue contre le roi. Les troupes que le pape envoïoit au secours de la ligue, étoient affemblées pour partir au plutôt ;

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il voulut accompagner cette armée d'un monitoire ou bulle d'excommunication contre les prélats qui fuivoient le roi, & il l'envoïa par Marfilio Landriano fon nonce, avec des fommes confidérables d'argent, tirées du tréfor que Sixte V. avoit amassé dans le château faint Ange : ces fommes devoient être diftribuées aux feize de Paris, & aux chefs de la ligue dans les plus grandes villes.

&

AN. 1590.

LXXIX.

Le pape envoie un nonce en France chargé d'un

monitoire contre parti du roi.

Le nonce partit le premier, muni de la bulle dont on a parlé. C'étoit une violente déclamation contre ceux des François, & particulierement du clergé, qui fuivoient le parti du roi. Ony traitoit ce le prince d'hérétique, de relaps & d'excommunié : & on déclaroit que tous ceux qui perfifteroient à se déclarer pour lui, feroient de même hérétiques & excommuniez. Le pape finiffoit en preffant, en conjurant les eccléfiaftiques, & en leur ordonnant même expreffément de fe retirer en un certain tems, des lieux où Henri de Bourbon étoit reconnu de n'avoir plus aucun commerce avec ceux de fon parti; fur peine aux contrevenans de privation de leurs charges & bénéfices, & d'être traités d'hérétiques & de fectaires. Enfuite, après plusieurs exhortations & remontrances, il recommandoit à la nobleffe, au peuple, & leur enjoignoit même d'abandonner Henri, & de quitter les lieux qui reconnoiffoient les hérétiques, pour fe retirer parmi les vrais enfans de l'églife, qui, dans une parfaite union de fentimens à l'égard de la foi catholique, fe montroient foumis au faint fiege, & reconnoissoient le vicaire de Jefus-Chrift.

Ces lettres monitoriales étant arrivées à Paris le

LXXX. Publication de

ce monitoire à

Paris.

toile, t. 2. p. 42. & 43. Maimbourg,

hift. de la ligue,

in-4. l. 4. p. 431.

que

Jeudi 30. de Mai, & le chapitre de Notre-Dame enAN. 1590. aïant reçu un exemplaire, députa le fieur Seguier fon doïen, oncle du chancelier de ce nom, à MefMémoires de l'E- fieurs du parlement, qui ordonnerent que le lendemain les chambres s'affembleroient pour en ordonner la publication; & le lendemain 3. de Juin, elles furent lûes dans la grande église. Les mêmes bulles furent ensuite affichées dans le jour même aux quatre principales portes de la cathédrale, en attendant la publication s'en fît au parlement, & qu'on les imprimât ; ce qui ne tarda pas à être exécuté, sur le réquifitoire du procureur. Mais ces lettres ne firent pas un grand effet. On eut foin d'en faire voir la nullité dans plufieurs écrits, en forte qu'elles ne détacherent prefque perfonne du parti du roi. Tous nos ancêtres, dit un hiftorien, étoient perfuadez que la puiffance des papes, comme chefs » de l'églife, ne s'étend en aucune maniere fur le temporel, & beaucoup moins fur le droit des » couronnes, & qu'elle ne peut rien ordonner au préjudice de l'obéiffance & de la fidélité qu'on doit aux rois, dans toutes les chofes qui ne font point manifeftement contre Dieu. »

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La chambre de Châlons, membre de la partie du parlement féant à Tours, n'attendit pas que majefté lui ordonnât d'agir au fujet de ces lettres monitoriales du pape. Dès qu'un des exemplaires imprimez à Reims, fut tombé entre fes mains, cette chambre rendit le 10. Juin un arrêt, par lequel elle reçut le procureur général appellant comme d'abus de l'exécution des bulles monitoriales, de l'excommunication & fulmination décernez à Rome con

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tre le feu roi Henri III. & le roi à préfent regnant ; ensemble des bulles de la légation du cardinal Gaë- AN. 1590. tan, & des procédures & publications faites par Marsiliano Landriano, foi difant nonce du pape comme nulles, abufives, fcandaleufes, féditieufes, & faites contre les faintes loix & conciles approuvez, droits & libertés de l'église Gallicane, & de tout ce qui s'en est suivi; enjoignit audit procureur général de procéder contre le fieur Landriano nonce du pape, qui étoit entré clandeftinement dans le roïaume fans permiffion du roi, ajourna perfonnellement le nonce, & faute d'avoir comparu, le décréta de prise de corps; déclara toutes les bulles précédentes ce fujet, nulles, abufives fcandaleufes, pleines d'impoftures, tendantes à la révolte, & contraires aux faints décrets, aux conftitutions canoniques, aux reglemens des conciles reçus, aux droits & libertés de l'églife Gallicane; enfin nulle de toute nullité. Il ordonna que fi quelqu'un avoit encouru les cenfures en vertu de ces bulles, il en fut abfous: Que ces bulles & les actes Faits en conféquence, pour les mettre à exécution seroient brûlées par la main de l'exécuteur de la justice dans la place publique : Que Landriano, foi difant nonce du pape, feroit pris & fubiroit l'interrogatoire; que fi on ne pouvoit l'arrêter, il feroit cité par trois jours de marché à fon de trompe; Que celui qui le livreroit, auroit dix mille livres, défendant, fous peine de mort, à qui que ce foit, de le recevoir ou loger chez lui, & à tous archevêques, évêques & autres membres du clergé, fous peine d'être traitez en criminels de léze-majesté, de

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