AN. 1595. diftingué des autres dès fa naiffance, ayant été con- Il ajoute que le Christ a été un prophéte, parce que avant que le monde le connût, il fut ravi au AN. 1595 ciel auprès de Dieu fon pere, qui l'a parfaitement inftruit de tout ce qui regarde l'économie du falut des hommes & de tout ce qui avoit du rapport à fon miniftére. Après quoi revêtu d'une pleine autorité, il est descendu vers les hommes pour y faire les volontés de fon pere, dont il avoit une parfaite connoissance. C'est ainfi que pour défendre fon impiété, Socin a eu recours à un voyage de Jesus-Christ au ciel après fon batême, afin d'expliquer ce paffage de l'évangile de faint Jean, chapitre 3. verfet 13. où Jesus-Chrift dit lui-même, que perfonne n'est monté au ciel que celui qui eft defcendu du ciel. Dans fa réponse à Wickus, & dans plufieurs autres endroits, il dit que le culte, ou que le culte, ou que l'honneur que l'on rend à Jesus-Christ, que c'est à Dieu à qui on le rend directement, & qu'on ne le rend à JesusChrist que par rapport à fon pere: Que Jefus-Christ n'eft pas reffufcité par fa propre vertu : Qu'il eft bien reffufcité dans le même corps avec lequel il a converfé avec les Apôtres, & qu'il leur a apparu dans ce même corps; mais que ce n'étoit que dans le deffein de leur donner des marques certaines qu'il étoit reffufcité, ce qui a difparu à l'Afcenfion : de forte qu'il n'y a plus rien de la chair & du fang de Jesus-Chrift; qu'il est tout fpirituel, & tel que ceux qui n'ont ni chair, ni os, ni fang; & que fi l'on dit qu'il a un corps, ce n'eft que par rapport à l'effence, c'est-àdire, comme il l'explique lui-même, que le corps de Jesus-Chrift avant fon Afcenfion, n'étoit impas mortel, impaffible, fpirituel, &c. quoique ressuscité, & qu'il n'a eu ces qualités qu'après fon Afcenfion. Il anéantit AN. 1595 anéantit la rédemption de Jefus-Christ, & réduit Iiii Jesus-Christ aura eu la remiffion de fes péchés ; & AN.-1595. de-là on doit conclure que le batême ne donne point la génération nouvelle ou fpirituelle aux enfans ni aux adultes. Quant à l'ufage de la céne,il dit que le pain &le vin qu'on y prend n'eft autre chofe que manger du pain & boire du vin, foit qu'on faffe cette cérémonie avec foi ou non, fpirituellement ou corporellement. Que la cêne n'eft point un facrement, & qu'elle n'a point d'autre fin que de nous rappeller la mémoire de la mort du Seigneur. Que c'eft un abus de croire que la céne nous procure quelques nouvelles graces, ou qu'elle nous conferve dans celle que nous avons. Que toutes les chofes extérieures qui peuvent nous affurer dans la verité divine, c'eft-àdire,dans la foi & dans la grace, c'eft l'eau, le fang & l'efprit, ou l'innocence, le martyre, & les miracles de Jesus-Chrift, des Apôtres, & des fidéles. Sur la foi, la grace & la juftification, il dit qu'il n'y a que l'efprit de Dieu qui nous affermiffe dans la foi. Que les juftes de l'ancienne alliance n'ont pas été justifiés par la foi de Jefus-Chrift & que les promeffes de la vie éternelle n'ont jamais été pour eux. Que les préceptes moraux du nouveau teftament font différens des préceptes moraux de l'ancien. Que tous les hommes ont naturellement la volonté & le pouvoir de faire tout ce que Dieu ordonne, à moins que ces hommes longue habitude dans le péché, ne fe plaisent à aller contre la volonté de Dieu. Que les forces de l'homme ne font pas fi petites, que s'il vouloit se faire violence, aidé du fecours de Dieu, il ne pût obferver tous les commandemens. Or ce fecours divin eft par une double, l'un intérieur & l'autre extérieur. Celui-ci confifte dans les promeffes que Dieu a faites dans la loi de récompenfer les œuvres ; car ces promeffes excitent le courage & portent à agir avec zéle : ou les menaces que Dieu a faites de punir le péché ; car ces menaces détournent l'homme de violer la loi: ou la cofirmation & la répétition de ces promeffes & de ces menaces. Le fecours intérieur est double. L'un eft le don que Dieu fait à l'homme qui lui obéit, selon les promeffes qu'il a bien voulu fui faire ; l'autre eft lorfque Dieu inftruit lui-même l'homme pour lui faire mieux comprendre fes volontés. Socin dit encore: Qu'il n'y a point en Dieu de décret par lequel il ait prédestiné de toute éternité ceux qui feront fauvés, & ceux qui ne le feront pas. Que Dieu n'a point eu de connoiffance parfaite, certaine, infaillible des chofes futures qui dépendent de la liberté de l'homme, qu'il n'a fait aucun décret fur les chofes qui ont rapport au falut ou à la damnation. AN. 1595. Sur l'ame & fur la réfurrection, il dit, que les ames ne font point vaincues par la mort : Que les impies feront anéantis, & qu'il n'y aura jamais de réfurrection pour les fcélérats. Qu'il n'y aura que ceux qui resteront à la confommation des fiécles, qui feront jugés & précipités avec les démons dans les feux éternels. Que ces feux font dits éternels non,parce qu'ils affligeront éternellement les damnés,& que les damnés ne se consommeront pas, quoiqu'ils foient dans les feux; mais qu'ils font dits éternels, parce que les damnés n'en feront jamais délivrés.De-là on conclut qu'il nie que les damnés & les démons fouffriront éternellement. En effet, il avance qu'ils feront anéanIiii ij |