Imágenes de páginas
PDF
EPUB

points, qu'il en conféreroit avec le chancelier & les préfidens du parlement. L'assemblée avoit nommé le même évêque de Noyon pour aller trouver le pape, afin de faire autorifer la fubvention conjointement avec l'évêque de Paris, que fa majefté y envoïoit. Mais le roi ne voulut jamais permettre au député du clergé de partir. Ce fut dans cette affemblée qu'on régla, , que les Jefuites feroient compris dans la taxe pour les bénéfices dont ils jouiffoient, que l'on y comprendroit auffi les chapelles, dont le revenu excédoit la fomme de cinquante livres, de même que les monafteres de filles, les hôpitaux, les maladeries, &c.

AN. 1585.

LVII. Nouvelles remontrances au roi

Dans les actes

Sup. p. 72. & fuiv.

On ordonna enfuite une feconde députation au roi, & on chargea de la harangue Nicolas l'Ange- par le clergé. lier, évêque de faint Brieu. Ce prélat commença par&mémoires du faire à fa majefté à peu près les mêmes demandes, que clergé, ibidem ut lui avoit faites l'évêque de Noyon. 1. L'exécution de l'édit de réunion. 2. La publication du concile de Trente. 3. Le rétabliffement des élections, & en cas de refus, le choix de bons fujets, & l'abolition des commendes dans les monafteres. 4. La modération ou réformation des appels comme d'abus, en maintenant les clercs dans la jouiffance de leurs privileges pour leurs perfonnes & pour leurs biens: enfin la décharge du païement des rentes fur l'Hôtel-de-Ville. Puis il ajouta, que c'étoit Dieu qui avoit infpiré à fa gue, t. 1. in-8. p. majesté de faire l'édit de réunion de fes fujets à l'églife Catholique, & que fa confcience étoit obligée à leur faire fuivre la véritable religion; qu'elle étoit tenuë de réprimer la fureur des hérétiques & des schismatiques, & de délivrer l'église de leur contaTome XXXVI.

I

Mém. de la li

394 & fuiv.

l'hé

gion, comme fon protecteur. Que depuis que AN. 1585. réfie étoit entrée dans le roïaume, le fondement de la religion Catholique avoit été ébranlé; ce qui avoit été caufe que les fujets manquant d'obéiffance à Dieu & à l'église, en avoient aussi manqué envers leur prince: Que la douceur & la clémence des princes font inutiles, pour vaincre l'obftination des hérétiques : Que le premier pas & le plus important pour faire exécuter l'édit, étoit la réformation des ecclésiastiques, dont la vie déréglée caufoit la ruine des peuples Que le concile de Trente aïant éclairci, réfolu & décidé tout ce qui eft controversé par les hérétiques, dans la doctrine de l'église Catholique, fa publication étoit d'une néceffité indispensable : Que fa majefté en rétablissant les élections, déchargeroit fa confcience d'un pefant fardeau, étant refponfable devant Dieu de toutes les fautes, & participant aux péchez de tous ceux qui rempliffent indignement les premieres charges de l'églife par fa nomination : Que la couronne n'avoit été que pendant quatre-vingt ans dans la race des Merovingiens, & foixante dans celle des Carlovingiens, depuis que les Rois s'étoient chargez de pourvoir aux évêchez, aux abbaïes, & autres dignitez eccléfiaftiques.

L'évêque de faint Brieu dit encore au roi, que les miniftres du Seigneur devoient recevoir l'honneur dû à leur dignité & à leur ordre, & être maintenus dans leurs exemtions & immunitez, pour s'acquitter des fonctions de leur miniftere en repos, & prier Dieu pour la profpérité du roi & du peuple, & la confervation du roïaume : Que la jurifdiction eccléfiaftique étoit presque anéantie par les appellations.

comme d'abus : Que les biens de l'église n'étoient ni propres, ni du domaine du roi, comme on l'a- AN. 1585,. voit voulu perfuader à fa majesté, mais qu'ils étoient les vœux des fidéles, le prix du rachat des péchez, le patrimoine des pauvres, l'aliment & l'entretien des miniftres de l'églife: Que ces biens, quoique donnez par les rois, étoient inaliénables : Que cependant depuis vingt-cinq ans, on avoit levé près de trente millions d'or fur ces biens, par l'autorité du fouverain : Que les claufes du contrat de 1580. accordées par fa majefté n'avoient point été exécutées, quoiqu'elle s'y fût engagée, & qu'elle eût donné fa parole de roi de les garder. Enfin il conclut en requerant très-humblement le roi, de perfévérer dans la volonté d'exécuter l'édit de réunion; de ne point fouffrir en France d'autre religion que la Catholique, de maintenir la jurifdiction eccléfiaftique, & les libertez & immunitez de l'églife, de faire ceffer les levées extraordinaires qu'on pourroit faire à l'avenir fur le clergé, & de fe décharger du païement des rentes de l'Hôtel-de-Ville de Paris, attendu que les contrats ne pouvoient fubfifter par un nombre infini de nullités qui s'y rencontroient.

te,

Le roi répondit à la plûpart de ces articles. Au sujet de la demande de la réception du concile de Trenil dit qu'il en avoit été follicité plufieurs fois de la part du clergé, mais que quelques-uns de la compagnie fçavoient affez, que nonobftant la confidération du tems, qui alors y mettoit obftacle, à cause des édits de pacification, il avoit fait aflembler avec fon confeil quelques-uns des préfidens & confeillers de la cour du parlement, avec lefquels en aïant

LVIII.

Réponse du roi

à ces remontran

ces.

[merged small][ocr errors]

:

souvent conféré, on y avoit souvent remarqué pluAN. 1585. fieurs chofes qui dérogeoient extrêmement aux privileges de l'église Gallicane, & particulierement aux droits de fa couronne; qu'il ne paroiffoit pas que toutes les inftances qu'on lui faifoit là-dessus, procédaffent de la volonté de tout le clergé, qu'il y en avoit plufieurs qui n'y foufcriroient pas pour leur intérêt particulier que cependant, il trouvoit bon qu'on en délibérât de nouveau, & qu'il avoit ordonné à fon chancelier d'affembler avec fon confeil lefdits fieurs préfidens, pour prendre là-dessus une réfolution. A la demande des élections, le roi répondit qu'il en vouloit joüir, & qu'il en feroit bon ufa-. ge. Šur les appels comme d'abus & la jurisdiction, il dit qu'il en falloit conférer avec fon confeil & les. préfidens. Sur les rentes, il répondit qu'il ne pouvoit pas les païer, & qu'il falloit que le clergé s'en chargeât; qu'au furplus il n'avoit point d'autre réponfe à leur faire. Le clergé voulut faire de nouvelles inftances fur les appels comme d'abus, prétendant qu'on avoit promis d'en dreffer un édit, mais il ne put rien obtenir.

On ne laiffa pas de revenir à la charge. Tout ce que l'évêque de faint Brieu avoit dit, fut répété dans le cahier qui fut porté au roi le 20. d'Octobre: on y demanda de plus la fuppreffion des commendes, quelques réglemens touchant les jeunes chanoines qui étudient dans les univerfités, & la vifite des bénéfices par les archevêques, évêques, chefs d'ordre & autres qui ont droit de la faire. On représenta que les décrets du concile de Trente renfermoient deux chofes, la doctrine & la difcipline ; que quant

[ocr errors]

par

à la doctrine, il n'y avoit aucune difficulté; & que
pour la difcipline, on pourroit lever la difficulté
un bref que le pape accorderoit. Enfin, on obfervoit
que le concordat avoit été fait, fans que l'église Gal-
licane y eût jamais confenti, fans même qu'elle eût
été ni oüie, ni appellée; que le parlement avoit
fait toutes les difficultez poflibles à la vérification de
l'édit : mais ces nouvelles remontrances ne furent pas
mieux reçûës que les autres. Dans le même tems on
dreffa par ordre du roi un formulaire de foi, pour
être figné par ceux qui rentreroient dans le fein de
l'églife Catholique, il étoit à peu près conçu dans les
mêmes termes, que la profeffion de foi de Pie IV.
On y reconnoiffoit le pape pour chef vifible de l'é-
glife, & pour le vicaire de Jefus-Christ, successeur
de faint Pierre; mais l'on n'y faifoit aucune mention
fpéciale du concile de Trente. Cette formule fut
adreffée à tous les archevêques & évêques, avec ordre
de la faire figner fans aucune innovation.

AN. 1585.

la

te.

De Thou, hift. l.

LIX. Conférence far

Dans le mémoire

ble en France,

pour la réception

La conference, que le roi difoit avoir ordonnée au fujet de la demande de la réception du concile de réception du Trente, fe tint en effet peu après : l'avocat général concile de Treny parla fort au long, pour faire voir qu'il n'etoit pas de ce qui s'est pa à propos de le publier. Les moïens fur lefquels il ap- de plus confiderapuïoit fon avis, étoient, 1. Les plaintes des ambaffadeurs de France à Trente, au fujet de ce concile. 2. Les réfolutions prifes dans toutes les affemblées, recevoir. pas pour ne le Le cahier de certains articles, extraits d'autres plus anciens conciles pour la réformation du clergé & la difcipline eccléfiaftique de France, préfentez par fon éminence le cardinal de Lorraine, & accordez par le roi. 4. La conrradic

3.

te in-4.

« AnteriorContinuar »