Imágenes de páginas
PDF
EPUB

» LE mal physique et le mal » moral ne peuvent-ils pas lui

[ocr errors]

inspirer des doutes, sur l'exis» tence ou sur la justice du créa» teur ? La terre tremble, renverse » les villes sur leurs habitans, et les engloutit dans ses gouffres: » l'air porte la contagion et la » mort d'un pôle à l'autre : les

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

رو

et

élémens sont en guerre, semblent conjurés contre nous: l'envie, l'ignorance, la super

» stition, poursuivent les talens,

دو

[ocr errors]

déchirent la vertu : l'innocence gémit dans l'oppression. Ehbien vous dira l'innocent dans

» les fers est-ce là l'ouvrage. » d'un Dieu juste ? »

Non,

si l'homme qui a souffert avec

E

résignation, les maux de la vie, et rempli les devoirs de l'humanité, est anéanti; il n'y a point de Dieu; ou s'il en est un, c'est un être injuste. Il faudroit se liguer contre lui, contre la nature; étouffer dans leur fein les races futures, et dans leurs mains les êtres malheureux. Mais s'il y a une autre économie dans laquelle l'innocence triomphe; que direzvous de cet Être qui prépara ce triomphe à l'homme, par l'épreuve de la vertu ?

CETTE épreuve existe, Cléon ; la carriere eft ouverte, l'instinct moral nous incite, la confcience nous guide, & la juftice nous annonce les récompenses de la vertu.

«La vie du sage, luttant con»tre l'adversité, ressemble, disoit

رو

Aristée, à ces scènes de théatre

» dont le héros sort triomphant,

دو

رو

après mille revers. Les efforts » de l'envie, les injustes rigueurs » du sort, rendent le dénoue"ment plus intéressant et le triomphe plus glorieux. L'on admire un auteur qui fait, » par de longues épreuves, don» ner du lustre à la vertu : et

دو

[ocr errors]
[ocr errors]

l'on se plaint sans cesse des » courtes peines de la vie, sans "songer que c'est un instant

[ocr errors]

d'épreuve qui nous mène à » l'éternité. »

S'IL n'y avoit pas, mon cher Cléon, un état meilleur pour la

vertu malheureuse; quel monde que celui où nous vivons! et quelles contradictions dans son

auteur !

;

Si le néant est la fin de tout être l'oppresseur et l'innocent qu'il opprime, les tirans et les bienfaicteurs de la terre auront un même sort. Le vice et la vertu, le crime et l'innocence, sont confondus; et par qui GRAND DIEU! par vous qui gravez dans nos ames, l'horreur du crime et l'amour de la vertu !

LOIN de nous, Cléon, ces horribles pensées. Il est un Dieu, sans doute, et cet Être est im

muable et juste

ATHÉES, s'il en est, je rejette avec vous cet être fantastique, ces spectres divins, qu'enfanterent la peur et le délire; mais reconnoissez avec moi cette puissance, cette intelligence qui regle l'univers. Cette puissance, cette intelligence, c'est Dieu. Contemplez ses ouvrages, interrogez la Nature, interrogez votre cœur : et dites, si vous l'osez, que cet Être qui fit l'homme témoin de tant de merveilles, capable de l'adorer, de l'aimer, de chanter ses bienfaits et sa magnificence; ne créa l'homme que pour en faire le jouet d'un injuste caprice, et l'anéantir pour toujours.

« AnteriorContinuar »