de Tuteur fimpatife avec celui d'Amant. MOMUS. Aprenez, Mr le Saumon, que les titres pour être aimé doivent fe trouver dans le coeur de l'objet qu'on aime, & que c'est là que l'Amour enferme fes archives, NEPTUNE. Momus, mon neveu, je pense que vous ofez railler le Dieu des mers? Les menaçant de fon Trident, QUOS EGO! MERCURE. Je croi fans vanité que l'aimable Papile de mon oncle Neptune, n'oubliera pas le genie univerfel du neveu, quand il faudra qu'elle fe donne un mari, Venus & Mercure fe convienon ne peut pas mieux. nent, MOMUS. C'est la convenance la plus parfaite qu'on puiffe rencontrer, MERCURE Je fuis de tous les Dieux celui qui rassem ble le plus de talens oppofez. Patron des Avocats, Conducteur des morts, Protecteur de ces habiles Acquereurs du bien d'autrui qui ont des patrimoines dans tous les Pays où il y a des gens volables, enfin meffager du maître des Dieux & du fils de Venus, qui fçait mieux que moi le chemin des cours? Si l'Amour eft le Dieu des Amans, Mercure eft celui des Confidens. MOMUS. Dans le tems que les animaux parloient, ils aprenoient auffi des métiers : & voici, [un peu d'attention vous Seigneur Mercure) voici ce qui arriva à un Renard de ma connoissance qui fe vantoit fort de la multiplicité de fès talens. FABLE II. Le Renard. 'N Renard fort content de fon petit mé rite, Charmé d'une Renarde excellente à croquer, Loin de s'humilier en amant hypocrite, S'amufoit à lui croniquer Tous fes rares talens par ordre méthodique; Dans fon recit peu laconique, Il entaffoit cent faits confus; Quand foi-même on travaille à fon panégiri que On eft toûjours diffus. Je sçai, lui disoit-il, voler avec adresse, D'un Huiffier natif de Domfront: con. Pour les traitez de Citere De la part de Cupidon Fin Plenipotentiaire...: Vous voulez dire Courtier, Repliqua la Renarde, oh! bien, c'est trop vous tajre, Qu'on peut favoir plus d'un métier Monfieur l'Agent d'Amour, par maint certificat, Vous m'inftruiriez en vain de votre adreffe extrême, Vous m'avez l'air d'un Avocar Qui perd fa cause en plaidant pour lui même. NEPTUNE. Il me femble que le Renard eft encore mieux affaisonné que le Saumon. Qu'en di tes-vous mon neveu ? Je dis MERCURE. • je dis que je n'ai pas le tems de me mettre en colere. Je vais au Palais du Deftin chercher Venus. NEPTUNE. Eft-ce comme Dieu des Confidens? Mercure fort & Neptune le fuit. MOMUS. Où courez-vous Seigneur Neptune? Je cours auprès de ma Pupile. Je crains que ce Renard-ci ne croque la Poule. Ela ne va pas mal; l'invention eft merveil leufe pour éluder la défenfe de Jupiter: on dira peut-être que mes fables ne font que fatiriques... eh! mais, la fatire n'eft-elle pas inftructive, & de plus réjoüiffante? ma foi, faffe des fables purement morales qui le jugera à propos; pour moi, je me garderai bien de prendre ce ton-là, il ne réiiffit pas. De plus e que peut-on exiger de moi. Je ne fuis qu'un Fabulifte de hazard de qui l'on ne doit pas » attendre des idées abftraites, enchaffées géometriquement dans des vers fages & dictez » feulement par la Philofophie. Oh! oh! voi-c ci deux bons Acteurs qui me viennent; Plutus & Vulcain,.les jolis animaux pour figurer dans un apologue, SCENE JUPITER. Momus vous m'ex cedez. MOMUS. Je n'ai fait que nommer fa femme & le voi là tout tranfporté. JUPITER, C'en eft trop, vous abusez de ma patience.... oh! bien, fi j'apprend que d'ici à demain vous lâchiez une feule parole fatirique, non feulement contre moi, mais encore contre le moindre des Dieux, vous pouvez vous affurer que fur le champ je vous bannis pour jamais du Ciel, j'en jure par le... Bas, Non je n'en veux pas jurer par le Stix. Haut. Adieu fouvenez-vous que j'ai chaffé une fois Apollon de l'Olimpe, & qu'il fut réduit à garder les moutons, |