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Se rompt, j'accours; je croy qu'il fera temps

encore;

Je viens me déclarer à celle que j'adore.
J'euffe fait confentir la Tante, & fon Tuteur
Mais ce Contrat figné m'accable de douleur.

$25 $25 $25 $25:

SCENE I I.

VALERE, L'HOTESSE.

L'HOTESSE à tout fon monde.

Attendez. moy tous là, je vous donne audian

ce,

Après quelqu'un,par qurje veux qu'elle commence, à Valere,

Ah c'est vous que je cherche, aimable Cavalier,
Et c'eft vous, que je veux fervir tout le premier.
Venez, Monfieur, venez, je vous traite à mer-
veille;

Parexcellence, on dit l'Hôteffe de Marfeille
Hôteffe jeune & fage, Oiseau rare, ma foy:
Quy par terre, & par mer, on vient loger chez
moy;

J'y régale par tête, & l'Afie, & l'Affrique;
L'Europe y vient auffi boire avec l'Amerique.
Mon vin a la vertu d'affortir les humeurs,
D'accorder les efprits de rapprocher les mœurs
De trente Nations il n'en fait qu'une à table.
Je vous donne d'abord une chambre agréable,
Monfieur, & d'où l'on voit les Rochers, & la Mer ;
Très-bonne pour rêver & vous 'm'avez tout l'air
D'aimer un peu la douce & tendre réverie;
C'eft la plus belle, enfin, de mon Hôtelleric.
La voulez-vous ?

VALERE en révant.

Eft-il rien plus cruel! non.
L'HOSTESSE.

Il faut vous en donner une, dont le Balcon,
Eft vis-à-vis celuy d'une jeune perfonne

VALERE à part.

Non. Jamais....

L'HOSTESSE.

Non!

Non, encor? que faut-il qu'on vous donne Car celle auprès de qui je voudrois vous loger, Viendroit fur fon Balcon fe plaindre, s'affliger; Vous la confoleriez. C'eft une jeune veuve.

Veuve !

VALERE.

L'HOSTESSE.

Ouy, mais yeuve, jeune, & comme toute

neuvè

Veuve, qui va mourir aujord'huy de chagrin.
Un fot Epoux pourtant l'embarquera demain,
Car il veut l'embarquer morte, ou vive.

VALERE.

A quoy tend ce discours?

L'HOSTESSE.

L'Hôteffe

Mais, s'il vous intereffe

Je le continueray. De loin je vous ay vû,
Vous défoler avec la Tante, & j'ay connu
Par l'air., dont vous fuyoit la niéce éfarouchée,
Qu'en vous fuyant. de fuïr elle étoit bien fâchée.
Et vous, qui l'autre jour vîntes loger icy,
De repartir pour Aix vous fûtes trifte auffi.
Troubles, foupirs, mettons ces indices enfemble;
Aimeriez-vous un peu cette veuve? J'en tremble.
Elle eft remariée à fi peu que rien près.

Si l'on pouvoit, Monfieur, adoucir vos regrets.
Car, enfin, qüe fçait-on? Du moins je fuis dif-

crette.

Puifque j'ay de viné, la confidence est faite. N'hésitez plus, Monfieur, car pour vous parler

net,

L'aimable veuye m'a confié fon fecret.

VALERE.

Elle t'a confié!...

L'HOSTESSE.

Non pas qu'elle vous aime Je voy qu'elle le cache avec un foin extrême: Mais par l'excès d'horreur qu'elle a pour fon Epoux,

J'ay conclu qu'elle avoit un Amant. Eft-ce vous ? VALERE.

Cette veuve, dis-tu, t'a confié la haine ?

L'HOSTESSE.

Pour ce fot Epoux, oüy. Je la vis à la gêne,
Trembler, pâlir, frémir, en fignant le Contrat ;
Je la furpris après dans un cruel état,

Maudiffant fon mary tout haut, cela foulage;
De luy plus qu'elle encor auffi-tôt j'en dis rage.
C'étoit le feul moyen d'adoucir fes douleurs.
Lors, moitié par pitié de la voir fondre en pleurs,
Moitié par interêt ( car elle eft liberale )
Je fis d'abord une offre étonnante, & brutale,
Voulez-vous que demain je rompe ce Contrat,
Luy dis-je,

VALERE.

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Quoy, tu peux ? Je fuis dans un état, Où l'indifcretion doit être pardonnable. Si tu peux délivrer cette veuve adorable, Du mariage affreux, qui fait mon defefpoir, Je n'épargneray rien.

L'HOSTESSE.

J'efpere que ce soir...
VALERE.

Ce foir qu'efperes-tu ?

L'HOSTESSE.

Du fecours que j'efpere.

Et que je leur promets, je leur ay fait mistere.

VALERE.

Que leur as-tu promis?

L'HOSTESSE..

Point d'explication.

Elles ont cependant de la difcrétion

Beaucoup toutes deux. Mais à deux femmes dif

crettes,

L'on ne doit confier que des affaires faites.

VALERE.

Tu me vas dire à moy?...

L'HOSTESSE.

Non. Vif, impétueux Vous feriez indifcret vous feul plus qu'elles deux.

VALERE.

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Curiofité vaine !

De me queftionner ne prenez pas la peine..
Quand ce fecret pourroit vous être confié,
Il ne vous convient pas d'en être de moitié,
Un homme, comme vous, en s'intriguant déroge:
En m'intriguant bien, moy, je merite un éloge.
VALERE.

Tu me fermes la bouche: Apprend-moy feulement.
Qui peut avoir conclu cecy fi promptement.
Car je n'en fçais encor aucune circonstance,
L'HOSTESS E.

Celuy qui regle tout, eft homme d'importance,
Homme d'un grand crèdit; c'est un President

d'Aix:

Mais un President fait, comme ils ne font plus

faits.

Morgue de Magiftrat rebarbatif, fevere,

Qui ne dément jamais fon grave caractere,
Et regulier.... je fûs bien étonnée un foir,
De le voir arriver en pofte en manteau noir.
Le fat! pardon du mot. Mais je fuis en colere,
De la fatuité qu'il a dans cette affaire,

Comme en tout autre. Un air, un ton d'autorité.
Avec une foibleffe, une timidité;

Lorfque voulant fur tout préfider, il décide.
Sa prude Préfidente en fecret le préfide.
C'est par elle qu'il fait ce mariage cy.

Il domine par tout, hors chez luy. C'eft ainf
Que tout homme qui prend une prude pour fem-

me,

Devient un fot, Monfieur, gouverné par Mada

me.

VALERE.

Et voilà l'afcendant qui nous perd aujourd'huy.
Comme il l'a fur fa fœur, fa femme l'a fur luy.
L'HOSTESSE.
Juftement. Pour finir hier ce mariage,
Ce Préfident tenoit à fa femme un langage
Marital, mais pourtant poliment abfolu;
Car il ne veut jamais qu'après qu'elle a voulu.
Elle, de fon côté, veut avec politeffe;
C'est par foumiffion qu'elle fe rend Maîtreffe
Sitôt qu'elle luy fait humblement entrevoir
Qu'elle voudroit; d'abord c'eft luy qui croit vou
loir.

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VALERE.

Ah! je vois à prefent le noeud de cette affaire,
La Préfidente aura ménagé pour fon frere
La Pupile, & les biens.

L'HOSTESSE.

D'accord, c'eft là-deffus Que je feray trembler.... je n'en diray pas plus. Sur un feul point fondant le projet que je tente, Je feray déguerpir, morbleu, la Prefidente. Le Préfident revere en elle fa vertu.

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