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.AN.

1054.

Martyr, R.19. Apr.

lemnité prés l'autel de faint Gregoire devant la porte de l'église. Il avoit vécu cinquante ans, c'étoit la vingt-fixième année depuis qu'il fut ordonné évêque de Toul : la fixiéme de fon entrée dans le faint fiége, qu'il tint cinq ans deux mois neuf jours; & il vaqua enfuite prés d'un an. L'église honore fa memoire le jour de fa mort, & il fe fit plufieurs miracles à fon tombeau, outre ceux qu'il avoit faits de fon vivant. Il eft fait mention de fes miracles dans la chronique de Herman qui mourut la même année 1054. Il étoit fils du comte Volferad: & fut furnommé en latin Contractus, parce que dés l'enfance il eut tous les Herm,chr1054. membres retirés: mais il fe diftingua entre tous les hommes de fon tems par fa fcience & fa vertu.

chel

6.18.

VI.

II

Cependant les legats arriverent heureusement à C. Réponse à Mi- P. & furent reçus avec honneur par l'empereur ConfHumbert. Par tantin Monomaque. Pendant leur féjour le Cardinal Chr. Caff. 11 Humbert, le premier des legats, compofa une ample réponse à la lettre de Michel Cerularius & de Leon d'Acride contre les Latins: où il rapporte le texte de cette lettre divifée en plufieurs articles avec fa réponse sur chacun : ainfi c'est comme un dialogue entre le Conftantinopolitain qui objecte, & le Romain qui répond. En voici la fubftance.

ap. Baron.to.!!: p. 683.

Vous dites que c'est la charité & la compaffion qui vous engagent à reprendre les Francs & le pape même de judaïfer en obfervant les azymes & le fabat: pourquoi donc negligez vous ceux dont vous êtes chargez, fouffrant chez vous des Jacobites & d'autres heretiques, leur parlant, mangeant avec eux ? Enfuite il rapporte l'institution des azimes, citant les chapitres douze & treiziéme de l'Exode & le vingt-troisième du

Levitique: ce qui montre que la divifion des chapi- AN. 1054tres que nous fuivons étoit deflors établie. Après avoir raporté ces textes, il ajoûte: Pendant ces fept jours de la pâque nous mangeons du pain levé comme à l'ordinaire; & ne les diftinguons point à cet égard du refte des jours de l'année. Il eft vrai que nous les fêtons, mais vous les fêtez auffi.

Quant au fabat, nous travaillons le famedy, comme les cinq jours precedens, & nous jeûnons comme le vendredy. C'eft plûtôt vous qui judaïsez, faisant bonne chère les famedis & ne jeûnant point ceux du carême hors un feul. Que s'il ne faut jeûner qu'un feul famedy de l'année en memoire de la fepulture de J. C. il faut donc auffi ne jeûner qu'un vendredy, en memoire de fa paffion, & ne celebrer qu'un dimanche en memoire de fa refurrection. De tous tems les La tins jeûnoient les famedis de carême & des quatretems; le reste de l'année ils fe contentoient les famedis de s'abftenir de la chair. Encore cette abftinence n'avoit elle commencé que l'an 1033. felon Glabert. Humbert

continuë:

Mabill. praf. fac.s. n. 116.

Glab, lib. IV.

c. 5.

Vous dites que J. C. à la cene, prit du pain nommé en grec àrtos, & vous infiftés fur l'étymologie de ce nom, que vous tirés de ce que le pain est élevé & enflé par la fermentation : d'où vous conclués que l'azyme ou pain fans levain n'eft pas proprement du pain. Nous répondons, que ce raifonnement eft pueril & cette étymologie arbitraire; & nous rapportons plufieurs paffages de l'écriture, même felon l'édition greque, où le pain fans levain eft nommé àrtos 3. Reg. XIX. 6. comme le pain levé: entre autres le pain que l'ange apporta à Élie & les pains de propofition: puifque

AN. 1054.

Levit. II.

i691.693.

toute offrande devoit être fans levain. Ainfi àrtos en grec comme lehème en hebreu fignifie toute forte de pain. Humbert prouve enfuite que J. C. a inftitué l'euchariftie avec du pain fans levain, parce que les jours de la pâque étant commencés, il ne pouvoit felon la loi en avoir d'autres. Car il foûtient avec la plupart des interpretes que J. C. celebra la pâque legale.

En répondant au mépris que les Grecs temoignoient des azimes, il dit : Nous ne mettons fur la table de J. C. que du pain tiré de la facriftie, dans laquelle les diacres avec les foudiacres ou les prêtres même revêtus d'habits facrés l'ont paiftri & preparé dans un fer, en chantant des pfeaumes. Au contraire vous achetez vôtre pain levé du premier venu, souvent dans les boutiques, aprés qu'il a été manié par des mains fales. Et quelle raifon pouvez-vous donner de ce que vous prenez avec une cuillier le pain facré mis en miettes dans le calice? J. C. n'en usa pas ainfi : il benit un pain entier, & l'aïant rompu le diftribua par morceaux à fes difciples, comme l'église Romaine obferve encore.

L'églife de Jerufalem la premiere de toutes a gardé cette fainte inftitution. On n'y offre que des hofties entieres, que l'on met fur les patenes: fans avoir comme les Grecs une lance de fer pour couper l'hoftie, qui eft mince & de fleur farine; & s'il refte quelque chofe de la fainte eucharistie, on ne le brule point & on ne le jette point dans une foffe: mais on le ferre dans une bocfte bien nette, & on en communie le peuple le lendemain. Car on y communie tous les jours, à caufe du grand concours de pelerins de toutes les provinces chrétiennes. Tel eft l'usage de Jerusalem & des églifes

qui en dépendent : quant aux Grecs qui y demeurent, AN. 1054. les uns fuivent l'ufage du païs, les autres le leur. Mais d'enterrer l'euchariftie, comme on dit que font quelques-uns, ou la mettre dans une bouteille & la répandre: c'eft une grande negligence, c'eft n'avoir point la crainte de Dieu. L'églife Romaine en use comme celle de Jerusalem: nous mettons fur l'autel des hofties minces faites de fleur de farine, faines & entieres, & les ayant rompuës aprés la confecration nous en communions avec le peuple, enfuite nous prenons le fang tout pur dans le calice.

Comme les Grecs infiftoient fur ce que les azimes appartiennent à l'ancienne loi, Humbert montre fort au long qu'elle étoit fainte, bien qu'imparfaite puis il remarque qu'elle ordonnoit aufli des offrandes de pain levé: d'où il s'enfuit que l'on devroit aufli rejetter p. 696. ce pain comme appartenant à la loi Mofaïque. Il conclut qu'il n'y a que la loi ceremoniale d'abolic.

Sur le reproche de manger du fang & des viandes fuffoquées, Humbert demande aux Grecs, pourquoi fur ce point ils veulent obferver l'ancienne loi, qu'ils meprisent tant fur les azimes. Ensuite il ajoûte: Ce n'eft pas que nous voulions foûtenir contre vous l'usage du fang & des viandes fuffoquées : nous les avons auffi en horreur fuivant la tradition de nos peres; & nous impofons une rude penitence à quiconque en mange hors un peril extrême de mourir de faim: car nous tenons pour loix apoftoliques toutes les anciennes coûtumes, qui ne font point contre la foi. Quant à l'Alleluia ce n'eft point feulement à pâque que nous le chantons, mais tous les jours de l'année excepté neuf semaines, où nous nous appliquons particulierement

Levit. VII. 13. XX117. 17.

1.701.

AN. 1054.

VII. Réponse à Ni

P. 706.

à effacer les fautes du refte de l'année.

Il finit en reprochant aux Grecs plufieurs abus; de rebatifer les Latins, d'enterrer les reftes de l'euchariftie, de permettre aux prêtres l'ufage du mariage, de refuser la communion ou le baptême aux femmes en peril pendant leurs couches, ou leurs incommoditez ordinaires, de ne point baptifer les enfans avant huit jours, au hafard de les envoïer au feu éternel: de condamner les moines qui portent des calleçons, ou qui mangent de la chair étant malades. Le cardinal Humbert compofa en latin cette réponse qui fut traduite en grec & publiée par ordre de l'empereur Constantin.

Humbert répondit auffi à un écrit compofé contre les cetas Pectorat, latins par un moine de Stude, qui étoit en grande réputation chez les Grecs, nommé Nicetas & furnommé Stethatos que les Latins avoient traduit par Pectorat. Cet écrit contenoit les mêmes reproches que celui de Michel Cerularius & fur les mêmes preuves; mais Nicetas ajoûtoit, que les Latins rompoient le jeûne en celebrant la meffe tous les jours de carême, parce que la difant à l'heure de Tierce, fuivant la regle, ils ne jeûnoient pas jusques à None: au lieu que les Grecs les jours de jeûne ne celebroient que la meffe des pré-fantifiez fans confacrer, & à l'heure de None, comme ils font encore. Nicetas foûtient enfuite les mariages des prêtres, attribuant le canon qui les autorise au fixiéme concile, où il dit que préfidoit le pape Agathon; & il fe fonde par tout fur des pieces apocryphes comme les canons & les conftitutions attribuées aux apôtres. Ce fut à C. P. que le cardinal Humbert lui répondit, & d'un ftile encore plus aigre que celui de Nicetas. Il le reprend de ce qu'il cite des écrits apochry

P 712.

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