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AN.

1054.

xe: mais quant à Michel nommé abufivement patriar che & fes fauteurs, on y feme tous les jours beaucoup d'herefies. Car ils vendent le don de Dieu comme les Simoniaques, ils rendent eunuques leurs hoftes comme Sup. liv. XI. les Valefiens, & enfuite les élevent non feulement à la Epiph.hares.58. clericature, mais à l'épifcopat : imitans les Ariens,

2.16.

ils

rebaptisent des gens baptifez au nom de la fainte Trinité, principalement les Latins: comme les Donatiftes, ils difent que hors l'églife Greque il n'y a plus dans le monde, ni église de J. C. ni vrai facrifice, ni vrai baptême : comme les Nicolaïtes, ils permettent le mariage aux miniftres de l'autel : comme les Severiens, ils difent que la loi de Moïfe eft maudite: comme les Macedoniens, ils ont retranché du symbole, que le faint Efprit procede du fils: comme les Manichéens, ils difent entre autres chofes que tout ce qui a du levain eft animé : comme les Nazaréens, ils gardent les purifications Judaïques, ils refusent le baptême aux enfans qui meurent avant le huitiéme jour & la communion aux femmes en couche, & ne reçoivent point à leur communion ceux qui fe coupent les cheveux & la barbe: suivant l'usage de l'église Romaine.

Michel admonesté par les lettres du pape Leon à cause de ces erreurs & de plufieurs autres excés qu'il a commis, n'en a tenu compte, & de plus comme nous voulions reprimer ces maux par des voïes raisonnables, il a refufé de nous voir & de nous parler, ǹi de nous donner des Eglifes pour celebrer la messe Comme dés auparavant il avoit fermé les Eglifes des Latins les nommant Azymites; les perfecutant par tout & en leur perfonne, anathematisant le faint fiége, au mépris duquel il prend le titre de patriarche œcume

nique. C'est pourquoi par l'autorité de la fainte Trinité, du faint fiége apoftolique, des fept conciles & de toute l'églife catholique, nous foufcrivons à l'anathême que le pape a prononcé & nous disons : Michel patriarche abufif neophyte revêtu de l'habit monaftique par la feule crainte des hommes & diffamé pour plufieurs crimes; & avec lui Leon dit évêque d'Acride & Conftantin facellaire de Michel, qui a foulé de fes pieds profanes le facrifice des Latins: eux & tous leurs fectateurs foient anathêmes avec les Simoniaques, les heretiques qui ont été nommez & tous les autres, & avec le diable & fes anges, s'ils ne fe convertiffent. Amen, amen, amen, les legats prononcerent de vive voix une autre excommunication en presence de l'empereur & des grands, en ces termes : Quiconque blâmera opiniatrement la foi du faint fiége de Rome & fon facrifice, foit anathême & ne foit point tenu pour catholique, mais pour heretique Prozymite : c'est-àdire défenfeur du levain. Ces herefies imputées aux Grecs n'étoient la plûpart que des confequences tirées de leur doctrine ou de leur conduite, mais ils ne les avoüoient pas.

AN. 1054.

Decret de Mi

rius.

ap. Allat.

161.

Michel Cerularius fit de fon côté un decret contre chel. Cerulacette excommunication, à la tête duquel font noma mez aprés lui douze metropolitains, puis deux arche- delibr. eclef. po vêques faifant quinze prelats en tout. Ce decret porte en substance: Des hommes impies fortis des tenebres de l'Occident font venus en cette pieuse ville d'où les fources de la foi orthodoxe fe font répandues par tout le monde; & ont entrepris de corrompre la faine doctrine, par la diverfité de leurs dogmes: jusques à mettre sur la sainte table un écrit portant anathême

AN. 1054.

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contre nous & contre tous ceux qui ne fe laiffent pas entraîner à leurs erreurs. Nous reprochant entre autres chofes de ne nous pas rafer la barbe comme eux, de communiquer avec les prêtres mariez, de ne pas corrompre le fymbole par des paroles étrangeres. Il rapporte les autoritez que les Grecs emploïoient pour foûtenir ces trois articles, puis il ajoûte parlant des legats:

Ils ont fuppofé qu'ils venoient de Rome & qu'ils étoient envoïez par le pape: mais en effet ils font venus d'eux mêmes par les artifices d'Argyre & ont fabriqué des lettres au nom du pape, comme on a reconnu entre autres preuves par la fauffeté des fçeaux. L'écrit donc qu'ils ont dreffé contre nous aïant été mis par eux fur l'autel, en prefence des foûdiacres de la feconde semaine : ces foûdiacres ont voulu les obliger à le reprendre, & il a été jetté par terre: mais nous l'avons pris, afin que les blasphèmes qu'il contient ne foient pas rendus publics. Puis nous l'avons fait traduire de latin en grec, par le protofpataire Cofme, Romain le roux & le moine Jean Espagnol; & il contient ce qui fuit. Il raporte l'acte d'excommunication fidelement traduit, puis il continuë.

Ne voulant pas laiffer impunie une telle infolence, nous en parlâmes à l'empereur; & comme il y avoit un jour qu'ils étoient partis, il envoïa les rappeller en cette ville. Mais ils ne voulurent ni nous venir trouver, ni paroître dans le grand concile, ni donner aucune réponse fur les impietez qu'ils avoient proferées. Voulant foûtenir leur écrit & même y ajoûter: ce que l'empereur nous fit dire de leur part à nous & au concile. Cependant l'empereur ne vou

lant pas les contraindre à fe prefenter, parce qu'ils pa- AN. 1054. roiffoient revétus du titre de legats, ni laiffer une telle audace impunie: il nous envoïa une lettre, qui portoit: Aïant examiné ce qui s'eft paffé, j'ai trouvé que la fource du mal vient des interprêtes & de la part d'Argire: quant à ces étrangers apoftez par d'autres, je n'ai rien à faire contre eux : mais je vous envoïe les coupables, aprés les avoir fait foüetter pour fervir d'el xemple à d'autres. Pour l'écrit, il fera brûlé publiquement, aprés que l'on aura anathematisé ceux qui l'ont confeillé, publié, écrit, ou qui en ont été complices. J'ai aufli fait mettre en prifon le Veftarque gendre d'Argyre, & fon fils: pour les punir de cette fuppofition. Donné au mois de Juillet indiction feptiéme.

Suivant cet ordre de l'empereur l'écrit impie, avec ceux qui l'ont fait, ou publié & leurs complices ont été anathematisez dans la grande fale du confeil, en prefence de ceux que l'empereur avoit envoïcz; & il a été ordonné que le vingt-quatrième du prefent mois de Juillet, auquel jour on a accoutumé de lire publiquement le decret du cinquième, concile, on publicra le même anathême. L'original de l'écrit impie n'a point été brûlé ; mais on l'a déposé au cabinet du cartophylace: pour la perpetuelle condamnation de ceux qui ont proferé de tels blafphêmes. Or il faut favoir, que le vingtiéme jour de ce mois, quand ils furent anathematisez, tous les métropolitains & les archevêques qui fe trouvoient en cette ville y furent presens favoir outre ceux qui font affemblez aujourd'huy, Leon d'Athenes & fix autres qui y font nommez.

:

Menolog.

XI. Lettre de Pier

On voit encore comment Michel Cerularius racontoit ce qui s'étoit paffé entre lui & les legats du pape, re d'Antioche à

ге

AN. 1054. Par

Dominique de Grade,

108.

par les lettres qu'il écrivit cette même année à Pierre patriarche d'Antioche; & dont voici l'occasion. Dominique patriarche de Grade écrivit au même Pierre, difant que fur fa reputation il defiroit d'être connu de lui, & d'obtenir fon amitié: comme étant paMonum. Gr. triarche en Italie, & affis à la droite du pape dans les Cotel, to. 2. p. conciles. Mais, ajoûtoit il, je ne puis vous diffimuler ce que j'ai appris des reproches que le clergé de C. P. fait à l'églife Romaine. Ils blâment les azymes dont nous ufons pour confacrer le corps de J. C. & nous croïent pour ce fujet féparez de l'église : au lieu que c'eft principalement en vûë de l'unité que nous confervons cet ufage, comme une tradition des apôtres & de J. C. même. Toutefois nous approuvons auffi la coutume des églifes Orientales d'ufer de pain levé, & donnons à l'un & à l'autre des fignifications mystiques. Vous devez donc réprimer ceux qui combattent fi impudemment les ordonnances des apôtres, & qui penfant édifier détruisent & renverfent même les fondemens. Car en vain faint Pierre & faint Paul ont prêché en Italie, fi toute l'églife d'Occident est privée de la vie éternelle, n'aïant point au faint facrifice le corps de J. C. Nous defirons d'être inftruits par vôtre réponse.

Ibid. p. 112.

Le patriarche Pierre lui répondit par une lettre, où aprés quelques difcours de civilité, il dit: J'ai été nourri dans les faintes Lettres depuis mon enfance jufques à la vieillesse, mais je n'ai point encore oüi dire que l'évêque d'Aquilée de la Venetie fût nommé patriarche. Car il n'y a que cinq patriarches dans le monde par la difpofition divine, favoir ceux de Rome, de C. P. d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem, Encore

n'y

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