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pape fur

Leo.ep. 6. 7.

tirer le fecours des Allemans & des Italiens contre les AN. 1053. Normans, & fachant le credit qu'avoit le l'empereur Henri : écrivit une lettre au pape où il témoignoit un grand defir de rétablir l'union alterée depuis long-tems entre l'églife Greque & la Latine; & obligea le patriarche Michel Cerularius d'écrire au pape à même fin. Ces lettres furent envoïées par un officier de la garde robe de l'empereur qui les rendit à Mich. ep.ad le Argire duc d'Italie, & celui-ci les fit tenir au pape vers la fin de l'an 1053.

en

An.

III. Lettres aux é

Cependant le pape reçût des lettres de trois évêques des cinq. qui reftoient en Afrique fous la domina- vêques d'Afri tion des Musulmans. Ces trois fe plaignoient des que. treprifes de l'évêque de Gommi; & demandoient quel métropolitain ils devoient reconnoître. C'est que Ĉarthage aïant ceflé d'être la capitale, étoit tombée en ruine depuis long-tems. Le pape leur écrivit deux lettres: la premiere à Thomas, que l'on croit avoir été Leo.epift. l'évêque de Carthage, & à qui d'abord il témoigne la compaffion qu'il a de l'églife d'Afrique réduite à fi peu d'évêques, au lieu de deux cens cinquante que l'on voit dans les anciens conciles. Enfuite il declare que l'évêque de Carthage eft le metropolitain de toute l'Afrique, fans le confentement duquel l'évêque de Gommi n'a aucun droit de Confacrer ou de dépofer des évêques, ou de convoquer le concile provincial, mais feulement de regler fon diocefe particulier. Au reste: ajoûte-t-il, fachés que fans l'ordre du pape on ne peut tenir de concile general, ni prononcer de jugement dé finitif contre un évêque, ce que vous trouverez dans les canons. C'eft-à-dire dans les fauffes decretales. Cette lettre eft dattée du dix feptiéme de Decembre, la cin

AN. 1053.

P.

IV. Legation à C.

quième année du pontificat de Leon indiction fep-. tiéme, qui est l'an 1053. La feconde lettre adressée aux deux autres évêques nommez Pierre & Jean contient la même décision, & ajoûte l'établissement des metropoles comme il eft rapporté dans les faufles decretales qui y font citées.

En même tems le pape deftinoit trois legats, pour envoyer à C. P. Humbert, Pierre & Frideric: Humbert avoit été premierement moine à Moyen-moustier au diocefe de Toul, d'où il fut amené à Rome par BruVita. Leon, IX. non fon évêque lorfqu'il devint pape; & il le fit carn.3.& ibi Ma- dinal & évêque de blanche-felve ou fainte Rufine. Pierre étoit archevêque d'Amalfi. Frideric étoit frere de Godefroi duc de Lorraine & de Tofcane, & parent

Sti. 6, Bened.

bil.

Lec.cp.7.

du

pape & de l'empereur Henri : il étoit alors diacre & chancelier de l'église Romaine, & fut depuis pape fous le nom d'Etienne IX. Ces legats furent chargez de deux lettres, l'une à l'empereur Conftantin Monomaque, l'autre au patriarche Michel Cerularius, pour réponse à celles que le pape avoit reçues d'eux.

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Dans la lettre à l'empereur le pape le louë d'avoir fait le premier des propositions de paix & de concorde aprés une fi longue & fi pernicieufc divifion. Enfuite il rapporte ainfi ce qui s'étoit paffé entre lui & les Normans: Voyant une nation etrangère & fans discipline s'élever par tout contre les églifes de Dieu, avec une fùreur incroïable & une impieté plus que païenne; tuer les Chrétiens & faire fouffrir à quelques-uns des tourmens horribles, fans épargnerles enfans, les femmes ni les vieillards, fans faire aucune difference entre les chofes faintes & les profanes: dépouiller les églifes, les brûler des abattre entierement: voïant, dis-je ̧ PIA

ces maux ; j'ai souvent repris cette nation de fes cri- AN. 1054. mes, j'ai emploïé les inftructions, les prieres, les me naces de la vengeance divine & humaine. Mais ce peuple eft demeuré fi endurci, qu'il faifoit de jour en jour pis que devant.

J'ai donc crû devoir attirer de tous côtez des fecours humains, pour reprimer fon audace; & étant accompagné selon que le peu de tems & le besoin preffant l'a permis, j'ai voulu conferer avec le duc Argire vôtre fidele ferviteur & prendre fon confeil: non pour procurer la mort aux Normans, ou à quelque homme que ce foit: mais pour ramener au moins par la crainte des hommes, ceux qui ne craignent point les jugemens de Dieu. Cependant comme nous effayions de les reduire par des exhortations falutaires, & qu'ils nous promettoient par feinte toute forte de foumiffion: ils attaquerent tout d'un coup les gens de nôtre fuite. Mais leur victoire leur donne encore à prefent plus de trifteffe que de joïe: car fuivant ce que vous avez bien voulu nous écrire pour nôtre confolation, ils ont à craindre une plus grande perte que celle qu'ils avoient déja faite. Auffi ne nous defifterons nous point de cette entreprife, pour délivrer la chrétienté, avec le fecours que nous efperons inceffamment de nôtre cher fils l'empereur Henri & de vous.

Et parce que le faint fiége de Rome a été trop longtems occupé par des mercenaires au lieu de pasteurs, qui ne cherchant que leurs interêts ont miferablement ravagé cette églife: la divine providence a voulu que j'en priffe la charge; & quoique je fente ma foibleffe je n'ai pas peu d'efperance avec de fi puiffants fecours. Il demande enfuite à l'empereur Constantin

1

AN. 1054.

Epift. 63

la reftitution des patrimoines de l'églife fituez dans les païs de fon obéiffance; il fe plaint de la perfecution que l'archevêque Michel fait à l'église Latine, anathématisant tous ceux qui reçoivent le facrement fait avec des azymes : & de l'entreprise par laquelle il prétend fe foumettre les patriarches d'Alexandrie & d'Antioche: il déclare que fi Michel ne s'en désiste, il ne peut avoir avec lui de paix: enfin il recommande Les legats.

Dans la lettre à Michel Cerularius le pape ne le qualifie qu'archevêque de C. P. & dit avoir oui depuis long-tems des bruits fâcheux contre lui. On dit, ajoûte-t-il, que vous êtes neophyte, & que vous n'êtes point monté à l'épifcopat par les degrez; & que vous voulez priver les patriarches d'Alexandrie & d'Antioche de leurs anciens privileges, pour les foûmettre à vôtre domination. Vous prenés par une ufurpation sacrilege le titre de patriarche univerfel, quoique S. Pietre même ni aucun de fes fucceffeurs n'ait confenti à recevoir ce titre monftrueux. Et enfuite: Qui ne s'étonnera, qu'aprés tant de Saints & de peres orthodoxes pendant mille vingt ans depuis la paffion du Sauveur, vous aïez commencé à calomnier l'église Latine : anathematisant & perfecutant publiquement tous ceux qui participent aux facremens faits avec des azymes? Nous avons connus cette entreprise & par le bruit commun & par la lettre écrite fous vôtre nom aux évêques de la Poüille: où vous petendez prouver que nôtre Seigneur inftitua avec du pain levé le facrement de fon corps. Aprés avoir dit quelque chose pour refuter cette erreur, il renvoie à un écrit plus ample dont fes legats font chargez. Cette lettre eft

dattée

datté du mois de Janvier indiction feptième, qui est AN. 1054. l'an 1054. Ainfi l'on peut juger, que les legats chargez de ces deux lettres partirent peu de tems aprés.

bien qu'il

IX.

V.

S. p. liv. LIX.

8.82.
Vita: c. 12,

6.144

i

Le pape étoit toûjours à Benevent, entre les mains des Normans, s'occupant aux exercices de pieté que Mort de Leon j'ay marqués; & de plus on rapporte, que eût plus de cinquante ans, il étudioit l'écriture fainte en grec: peut-être à cause du commerce qu'il étoit obligé d'avoir avec les Grecs. Il fut toûjours dans l'affliction depuis le jour que fes troupes furent défaites par les Normans; enfin il tomba malade; & l'étoit déja au jour de l'anniversaire de fon élevation dans le faint fiége, qui étoit le douziéme de Février : mais il ne laiffa pas de celebrer une meffe folemnelle pour la derniere fois. Enfuite il fit fouvenir le comte Humfroi Chr. Caff. l'un des chefs des Normans de la promesse qu'il lui «. 87. avoit faite, de le conduire jufques à Capoue, toutes les fois, qu'il voudroit y aller. Le comte l'y conduifit luy-même avec une escorte confiderable de Normans: le pape partit de Benevent le douziéme de Mars, fe faisant porter en litiere ; & étant arrivé à Capouë y demeura douze jours, & fit venir Richer abbé du mont Caffin qui l'accompagna jufques à Rome. Il demeura quelques jours au palais de Latran, puis il fe fit porter à Saint Pierre, où il fe fit donner l'extreme-onction en prefence de plufieurs évêques, abbez & autres qui l'étoient venu vifiter : puis il reçût le corps & le fang de N. S. & fit à Dieu une priere en alleman, qui étoit fa langue naturelle, demandant d'être promptement delivré de fa maladie, foit par la guérifon, foit par la mort. Enfin il mourut le dixneuviéme d'Avril 1054. & fut enterré avec grande fo

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