fociés inquietoient, parce que fes P. Qu'i comptes n'étoient pas bien clairs,NAULT. eut recours à lui, comme à fon ami, pour le tirer d'embarras. Quinault y travailla avec beaucoup d'adreffe & d'application, & en vint à bout; mais à peine les affaires de ce Marchand furent-elles terminées, qu'il mourut. Quelque temps après Quinault époufa fa veuve, qui lui apporta plus de cent mille écus, & qui étoit encore affez jeune pour lui donner une pofterité nombreuse.

A l'occafion de ce mariage, il acheta une Charge de Maître des Comptes, qu'il a confervée jufqu'à fa mort. Il avoit promis à fa femme de renoncer à la Poëfie; mais il crut que s'agiffant de contribuer au divertiffement du Roi, il étoit difpenfé de tenir fa parole, & commen ça à travailler à des Opera.

Le premier qu'il compofa fut Cad mus&Hermione, & le Roi en fur fi content, que pour l'engager à continuer, il lui donna deux mille livres de penfion d'ailleurs Lulli ayant remarqué le talent qu'il avoit pour faire des vers propres à être

P. Qui-mis en chant, s'obligea de lui donner quatre mille livres pour chaque Opera qu'il feroit.

NAULT.

Apeine fortoit-il de fa 53e année, qu'il fe fentit attaqué de dégoûts d'infomnies, de langueurs, qui lui annonçoient une mort prochaine. Pendant deux ou trois mois, il fe vit en quelque maniere mourir plufieurs fois par jour, ayant continuellement des défaillances: d'ailleurs l'idée de Lulli mort l'année précedente fans beaucoup de préparation l'avoit frappé, il en profita chrétiennement, & mourut dans de faintes difpofitions le 26 Novembre 1688. âgé de 53 ans.

Il laiffa cinq filles, dont trois fe firent Religieules, des deux autres, l'une fe maria à M. le Brun, Auditeur des Comptes, & l'autre à M. Gaillard, Confeiller de la Cour des Aydes.

Il fut reçu à l'Academie Françoife en 1670. à la place de François-Henri Salomon, & dans la petite Academie, depuis appellée l'Academie des infcriptions, en 1674. Cela fait voir qu'il n'étoit pas fi ignorant que

Furetiere, qui ne fongeoit qu'à dé- P. Qur primer tous les Academiciens, l'a NAULT. voulu faire croire

Defpreaux l'a maltraité dans fa feconde fatyre, lorsqu'il a dit à fon fujet.

Si je penfe exprimer un Auteur fans
défaut

La raifon dit Virgile, & la rime
Quinaut.

Mais Quinault, qui étoit fans fiel, ne laiffa pas de rechercher fon amitié; & Defpreaux lui a rendu justice, fans cacher fes défauts, lorfqu'il s'eft exprimé ainfi dans fes Reflexions Sur Longin Je ne veux point offen» fer la mémoire de M. Quinault qui, malgré nos demêlés Poëtiques, eft mort mon ami. Il avoit, je l'avoue, beaucoup d'efprit, & un talent tout particulier pour fai» re des vers bons à mettre en chant. » Mais ces vers n'étoient pas d'une grande force, ni d'une grande élevation,& c'étoit leur foibleffe-mê,, me qui les rendoit d'autant plus », propres pour le Muficien, auquel ils doivent leur principale gloire,' puifqu'il n'y a en effet de tous

دو

دو

P. QUI,, fes Ouvrages, que les Opera, qui NAULT. foient recherchés. Encore eft-il bon que les notes de mufique les » accompagnent; car pour les au», tres pièces de Theatre, qu'il a fai,, tes en fort grand nombre il », y a long-temps qu'on ne les jouë plus, & on ne fe fouvient pas même qu'elles ayent été faites. Du refte il eft certain, que M. Quinault étoit un très-honnête homme

ور

dé

,

& fi modefte, que je fuis perfuas'il étoit encore en vie , que il ne feroit guéres moins choqué des louanges outrées que lui don,, ne M. Perrault dans fes Paralleles, » que des traits qui font contre lui dans mes fatyres.

Catalogue de fes ouvrages.

1. Les Rivales, Comedie en cinq: Actes, en vers. Parif. 1661, in-12. Cette piéce qu'il compofa à l'âge de 18. ans fut reprefentée en 1653.& eut beaucoup de fuccès.

2. La genereufe ingratitude, Tra gicomedie Paftorale, en cinq Actes, en vers,dédiée à M. le Prince de Conti,avec uneOde au même.Paris r557in-12. Cette piece fut reprefentée.

en 1554.

3. L'Amant indifcret, ou le Maip. QUE tre étourdi, Comedie, en cinq Actes, NAULT. en vers. Paris 1664. in-12. Réprefentée en 1654.

4. La Comedie fans Comedie, en 5. Actes, en vers. Paris 1657. in- 1 x. representée en 1655. Cette piece eft un compofé de differentes fortes de fpectacles, d'une Paftorale intitulée Elomire, d'une Comedie du Docteur de Verre, d'une Tragedie qui a pour titre Clorinde, & d'un Opera d'Armide & Renaud.

5. Le Mariage de Cambyfe, Tragicomedie. Paris 1659. in-12. Reprefenté en 1656.

6. La Mort de Cyrus,Tragedie, reprefentée en 1656. Paris 1659.in-12. 7. Le Fantôme amoureux, Tragicomedie, reprefentée en 1656. Paris: 1657. in-12.

8. Stratonice, Tragicomedie, reprefentée en 1657. Paris 1660. in-12. 9. Les coups de l'Amour & de la Fortune, Tragicomedie, reprefentée en 1658. Paris 1660.in - 12.

10. Le feint Alcibiade,Tragicomedie, reprefentée en 1658. Paris 165 8.in-1 2.