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LALLI.

JB. Glorie de gli Incogniti di Venetia. In Venetia 1647. in-4°. p. 222. Ludovici Jacobilli Bibliotheca Umbria. p. 154.

A. M. DE SCHURMAN.

ANNE-MARIE

A

DE SCHURMAN

NNE-Marie de Schurman naquit à Cologne le 5. Novembre 1607. de Frederic de Schurman & Eve de Harf tous deux de familles nobles profeffant la Religion Pretenduë Reformée.

Elle fit voir dès l'enfance une adreffe de main extraordinaire; car à l'âge de fix ans, elle faifoit avec des cifeaux fur du papier toutes fortes de figures, fans aucun modele. A huit ans elle apprit en peu de jours à deffiner des fleurs d'une manière fort agréable; & deux ans après il ne lui fallut que trois heures pour bien apprendre à broder.

Elle apprit enfuite la Mufique vocale & inftrumentale, la Peinture, la Sculpture & la Gravurė

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& elle

réuffit également dans tout cela. Son écriture en toutes fortes de

langues

langues étoit inimitable, & il y a des A. M. DE curieux qui en confervent par rare-S CHURté dans leurs cabinets. On peut voir M_A-N.dans le voyage de Munster de M. Joly. p. 150. le temoignage qu'il rend comme témoin oculaire à la beauté de fon écriture Françoife, Grecque Hebraïque, Syriaque, & Arabe, à fon habilité à peindre en mignature, & à faire des portraits fur le verre avec la pointe d'un diamant.

A

Elle fe peignit elle-même avec le fecours d'un miroir, & fe fit des perles fi femblables aux naturelles, qu'il en falloit percer une avec une aiguille, pour faire voir qu'elles étoient artificielles, & feulement de cire.

Les talens de fon efprit n'étoient point inferieurs à ceux de fa main ; car à l'âge d'onze ans, lorfque fes freres étoient interrogés fur-lal atinité, elle leur fouffloit fouvent ce qu'il falloit répondre, quoiqu'elle n'eût écouté que comme en paffant les leCons qu'on leur avoit faites.

Son pere jugeant par-là qu'elle. étoit propre aux Sciences, s'appliqua depuis à cultiver ces heureufes difTome XXXIII.

B

A. M. DE pofitions, & lui facilita les moyens SCHUR d'acquerir ces connoiffances,qui l'ont rendue fi celebre.

MAN.

Le Latin, le Grec, & PHebreu lui devinrent fi familiers, que lorfqu'elle vouloit s'y appliquer avec quelque foin, elle s'en fervoit non feulement par écrit, mais auffi de vive voix avec un fuccès qui furprenoit les plus fçavans.

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Elle apprit auffi fort heureusement les langues Orientales, qui ont du rapport à l'Hebraïque comme la Syriaque, la Chaldaïque, l'Arabe, & l'Ethiopienne. Pour les langues vivantes, elle entendoit parfaitement & parloit fans peine le François, l'Anglois, & l'Italien.

La Geographie, l'Aftronomie ; la Philofophie & les autres fciences humaines lui étoient affez connues pour pouvoir en parler & juger avec beaucoup de difcernement: mais comme le caractere de fon cœur la portoit principalement vers l'Eftre fuprême, elle trouva dans toutes ces fciences un vuide, qui l'engagea à s'appliquer particuliérement à l'étude de la Théalogie, & de l'Ecriture

Sainte.

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Ce qu'il y avoit de plus beau dans A. M. DE fa perfonne de cette illuftre fille,SCHU R eft que bien loin de chercher à fe fai- M A N. re honneur de toutes fes connoiffances, elle n'en parloit qu'avec une extrême modeftie, & feulement lorf qu'on l'y contraignoit.

Son pere, qui étoit allé s'établirà Utrecht, lorfqu'elle étoit encore enfant, fe tranfporta depuis avec toute fa famille à Franeker, pour y faire étudier fes deux fils fous Amefius, & y mourut en 1623. fa veuve retourna après cela à Utrecht,où Anne-Ma rie de Schurman continua de donner toute fon applicetion à l'étude, ce qui fans doute l'empêcha de fe marier, comme elle auroit pû faire avantageufement, avec M. Caëts; Penfionnaire de Hollande, & Poëte fameux, qui fit des vers à fa loüange, lorfqu'elle n'avoit pas encore quatorze ans.

Du caractere dont elle étoit, fon merite & fa fcience feroient demenrés inconnus, fi Rivet, Voffius & Spanheim, ne l'euffent pouffée, comme malgré elle, fur le Théatre du grand monde. Il faut joindre à ces

MAN..

A. M. DE trois Théologiens Saumaife, BeveroSCHUR-vicius, & Huygens. Ces fçavans fa firent honneur d'avoir commerce. de lettres avec elle., de montrer ce. qu'elle leur répondoit, & de la préconifer dans les Pays étrangers. Cela lui attira des lettres de Balzac, de. Gaffendi, du P. Merfenne, de Bochart, de Conrart, & de plufieurs autres perfonnes illuftres.

Enfin fon nom devint fi celebre, que les perfonnes les plus qualifiées, & les Princeffes-même,, qui pouvoient avoir occafion de la voir,s'en faifoient un plaifir fingulier.

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La Princeffe Marie de Gonzague. allant en Pologne, dont elle avoit époufé le Roi Vladiflas, & la Du2 cheffe de Longueville allant à Munfter pendant les negociations de la: paix & paffant l'une & l'autre. Utrecht, lui firent l'honneur de lui rendre vifite, comme le Labou teur & Joly Pontremarqué, l'un dans fa. Relation du voyage de Pologne, & l'autre dans celle du voyage de Munster.

Elle étoit tendrement aimée de lai Princefle Elizabeth, fille du Roy;

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