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cation de la Coûtume, & quelque- C. po fois celui du Parlement:

MOULIN Il plaida quelques causes, mais en fort pétit nombre ; car un empêchement qu'il avoit à la langue , & qui le faisoit begayer, lui attira dans le commencement le mépris des Plaideurs & des Procureurs, qui sont ordinairement de mauvais estimateurs de la capacité & du mérite des Avocats ; mais fes Collegues & les Juges rendirent dans la suite justice à son sçavoir dans une occasion remarquable. Car un jour Christophe de Thou qui étoit alors Prefident au Parlement, lui ayant dit à l'Audience quelques paroles rudes & fâcheufes, les Avocats l'allerent trouver, & se plaignirent à lui, par la bouche de François de la Porte , le plus ancien d'entre eux, de ce qu'il avoit offensé un de leurs Collegues, qui étoit, dirent-ils, plus sçavant, qu'il ne le feroit jamais. M. de Thou, bien loin d'être choqué d'une plainte si hardie , la prit en bonne part , & dit le lendemain à l'Audience , que les paroles désobligeantes , qu'il avoit dites à du Monlin , lui étoient échapas

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C. Du pées dans la chal ur du discours. MOULIN.

Au reste du Moulin persuadé quc le défaut de la langue seroit toujours un obstacle à ses progrés dans la Plaidoyerie , prit le parti d'y renoncer & de fe borner à la Consultation & au travail du Cabinet. Son assidui. té à l'étude fur alors si extraordinaire, qu'il comproit comme çerdus tous les momens qu'il eroit obligé de donner aux besoins de la vie. C'étoit alors la Coutûme de porter de la barbe ; mais quelques instances que ses amis lui fissent de se conformer à l'usage , il aima mieux se la faire rafer, persuadé que cela lui emporteroit moins de temps, que la peine qu'il auroit de la peigner & de l'ajuster tous les jours. Il changea cependant dans la suite de pensée sur ce point, lorsqu'il fut avancé en âge; car il porta alors de la barbe , suivant l'usage.

Ce fut dans la même vûë, & pour n'être point distrait par les soins d'un ménage, qu'il refolut de ne fe point marier,& qu'il fit une donation de tous ses biens à Ferry du Moulin Son frere cadet , qu'il avoit fait re

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€cvoir Avocat au Parlement, sans se

C. DU reserver aucune pension , se conten- MOULIN. tant de ce que le Palais pouvoit lui produire.

Cette donation se fit au mois d'Octobre 1531. & fon frere s'étant marié en 1535. avec Marguerite Maillart, fille du Lieutenant Criminel du Châtelet de Paris, il confii ma fa donation.

Il se trouva par là dans la suite afsez à l'étroit, ayant eté oblige contracter des dettes

pour

son frere qui commença à en user mal à son égard, & ayant été volé par son valet , dans un temps que la guerre & les calamités publiques rendoient plus difficile.

Toures ces circonstances jointes aux instances de ses amis le firent changer de résolution , & le determinerent à se marier. Il épousa au commencement de l'année 1538. Louise de Beldon,fille de Jean Beldon, Secretaire du Roi, & Greffier des Presentations de la Cour du Parlement avec une dot mediocre mais cependant suffisante pour subvenir à les neceflités domestiques ;

C. nu & pour payer les dettes , qu'il avoie MOULIN. été obligé de contracter. Il eut tout

sujet de se louer de cette femme,qui contribua à fon repos & à la tranquillité.

La premiere partie de son Commentaire sur la Coutume de Paris qu'il publia en 1539. fut reçuë avec de grands applaudissemens, & lc

le Parlement en fit une fi grande estime, qu'il arrêca , les Chambres afsemblées, de le mettre dans la liste de ceux qui seroient nommés au Roi, pour être pourvûs des Offices de Confeillers vacans. Lorsque cer Arrêa cé lui fut notifié de la part de laCour, il la remercia de l'honneur qu'on lui faisoit , & ajouta qu'ayant refolu de donner tout son temps à l'étude ,& à la composition des livres qu'il avoit entrepris, il lui étoit impossible de l'accepter:

L'année 1842. fui fut fatale ; car il se laissa aller aux nouvelles opi. nions fur la Religion. Il suivit quelque temps les sentimens des Calviniftes ; mais il les abandonda bientôt pour s'attacher à ceux des Luthe: riens , qui lui plûrent davantage,

C. DU

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Dieu lui fit dans la suite la grace de reconnoître ses erreurs, & il mourut Moulin. dans le sein de l'Eglise Catholique.

Du Moulin se voyant trois enfans, obtint le 7. Décembre-2S 47, des Lettres en Chancellerie, à ce que les Renonciations & Donations par lui faites en faveur de son frere fus. fent déclarées révoquées par la sur- , venance de ses enfans , desquelles Lettres ayant été debouté

par

Sen. tence donnée aux Requêtes du Palais le dernier Décembre 1549. il en interjetta appel , sur lequel intervine Arrêt du 12. Avril 1951. donné en la troisiéme Chambre des Enquêtes, par lequel en infirmant la Sentence, & ayant égard aux Lettres du 7.Décembre 1547. les Donations & Renonciations ont été declarées revoquées & résoluës par le moyen de la naissance des enfans legitimes de Charles du Moulin, Ferry condamné à le laiffer joüir des choses à lui données, avec restitution de fruits, depuis contestation en cause ; à la charge de l'hypotheque du douaire préfix de deux cent livres de rente constitué par lui à sa femme du

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