C. D

de fon emprisonnement & de toute
la procedure faite contre lui, à la MOULIN,
Chambre Imperiale de Spire , fut
.conduit à Blammont , ville distante
de-là de s. lieuës, & y fut détenu

S.
pendant plus de

quatre

mois.
Sa femme n'eut pas plûtôt fçu son
emprisonnement, qu'elle se trans-
porta avec sa fille à Blammont où
n'ayant pû obtenir la permission de
parler à son mari , elle protesta par
un Acte public, de poursuivre son
Appel à la Chambre Imperiale , &
fit tant de bruit, que le Comte
George vint lui-même à Blaimont
mettre du Moulin en liberté , le 27,
Mai 1956. moyennant un defifte
ment par écrit de fon Appel.

Du Moulin retourna à Montbem
liard sur la fin du même mois,& y
demeura jusqu'au se. Juin , qu'il
en sortit de nuit déguisé, avec fa
femme & sa fille. Il se retira à Dole ;
où il fue reçu pour la seconde fois
au nombre des Professeurs , & ce fuc
alors qu'il fit fa ge. leçon publique.
Les honneurs qu'on lui fit dans ceto
te ville , le déterminerent à y en-
seigner pendant quelque temps ; ce

!

. pour servir à l'Hift. C. Du qu'il fit avec tant de succès, que le Moulin. Roi d'Espagne lui fit proposer de

s'engager par un Serment folemnel; à établir fa' demeure pour toujours à Dole ou à Louvain ; auquel cas on lui donneroit la Charge de premier Profesicur en Droit, avec deux mille livres d'appointemens , & d'autres recompenses honorables. Mais il refusa ces propositions, ne voulant demeurer à Dole que pour un temps , & se reservant la liberté d'en: fortir quand il le souhaiteroit.

Sur ce refus il reçut le 13. Decembre 155.6. ordre de la part du Roi d'Espagne de sortir de la Ville dans trois jours, sous pretexte qu'il lui étoit fufpect, n'étant point né: son sujet. La veritable raison étoit: qu'étant en France il avoit écrit contre l'Empereur , pere du Roi d'Efpagne , & qu'en Allemagne il avoit favorise le parti de ses ennemis , & qu'ainsi il ne pourroit être regarde que comme un de leurs émissaires tant qu'il ne seroit point attaché à fes Etats par quelque engagement.

Du Moulin fortit de Dole le 16 Decembre. Son premier dessein Boer

Voit éré de retourner en France ; C. DO mais les principaux Officiers de la MOULIN. ville de Besançon , qui étoient venus. cxprès à Dole pour l'attirer dans leur Ville , le déterminerent à y allero Il y reçur le 6. Janvier 1957. la triste nouvelle de la mort de fa femme, qu'il avoit renvoyée à Paris, & qui y étoit decedée pendant les fêtes de Noël. Il ne laissa pas,

malgré la douleur, de faire des leçons publiques les trois jours fuivans comme il l'avoit promis ; mais à la derniere il annonça cette mort à ses Auditeurs, & les pria de lui permettre de retourner à Paris.

Il partit de Besançon le 10. Janvier & arriva le 21°, à Paris, où il trouya qu’on avoit pillé fa maison pour la troisiéme fois après la mort de La femme.

Il fe remit d'abord à fes exercices ordinaires de l'Etude & des affaires du Palais : mais il reconnut bientôt le besoin qu'il avoit d'une Compagne, sur laquelle il pût se décharger des soins de son ménage. Cela le fit refoudre à un second mar rings , qu'il contracta le derniers

C. Du Juin 1958. avec Jeanne du Kivier, Moulin. dans laquelle il trouva les bonnes

qualités qui lui avoient rendu la premiere si chere, mais dont il n'eut point d'enfans.

Il demeura tranquille jusqu'à l'an 1562. que les troubles de la Religion l'obligerent de sortir de Paris le 3. Juin avec sa femme & fis enfans, après avoir encore vû piller fa maison.

Après avoir été en divers endroits, il fe

il fe rendit le 300 du même mois à Orleans, où il commença le 3e. Août à faire des leçons de Theologie. Il perdit alors en cette ville Louis du Moulin son Second fils, & penfa perdre l'aîné Charles , qui fut dangereusement malade.

Les Ministres Calvinistes, dont il avoit abandonné depuis long-tems les sentimens , ne le laisserent pas enseigner librement ; il se vit aullis tôt en butte à leurs persecutions, & fat contraint pour s'en garantir de sortir d'Orleans le 2. Octobre, & de se retirer à Allone en Beauce, Châtellenie qui appartenoit à ses en

fans par

la succession de leur mere, C. DE & de là à Villereau , où il composa MOULINun petit Cathechisme Latin & François, qui fut en même temps traduit en Grec par Louis de Villereau, fils aîné du Seigneur du lieu;mais ne se trouvant pas en sureté dans ce lieu, à cause des Troupes qui rodoient dans le pays , il prit le parti de retourner à Orleans, & d'y continuer ses études ordinaires.

Peu de temps après son retour à Orleans la Ville fut asiegée par le Duc de Guife, & ce fut pendant ce siege qu'il fit fa Concorde Evangelique. Lorsqu'il eut été levé, du Moulin retourna à Allone , & ne trouvant point de fûreté à aller à Pan ris, il se rendit à Lyon pour y

faire imprimer quelques ouvrages.

Son Catechisme , qu'il y publia, irrita contre lui les Ministres Calvinistes de cette Ville , qui fur une accusation calomnieuse le firent are rêter prisonnier le 19. Juin 1563. Mais M. de Soubise, Gouverneur de Lyon, lui ayant donné des Juges, devant lesquels il parut,

il obrint fon élargissement le 206. jour de son emprisonnemeut.