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JUGEMENS DES SAVANS.

PAR MR. MEN AGE.

Nouvelle Edition augmentée I. des OBSERVA-
TIONS de Mr. DE LA MONNOYE fur l'Anti-
Baillet. II. des REFLEXIONS fur les Jugemens
des Savans. III. des REFLEXIONS fur la Vie de
Descartes.

TOME SEPTIEM E,
PREMIERE PARTIE.

118KET
PATRIE

A AMSTERDAM,
AUX DEPENS DE LA COMPAGNIE.
MDCCXXV.

Nam quid feci ego, quidve fum locutus » Cur me tot malè perderent Libellis?

Ex Catullo Epig, XIV.

BIGO T.

M

ONSIEUR,

Je prens la liberté de Vous offrir mes Remarques fur le Livre de Monfieur Baillet, étant perfuadé qu'elles ne Vous déplairont pas, puisque Vous êtes un de ceux qui m'avez le plus excité à entreprendre bet Ouvrage. Quelque déférence que je doive avoir pour Vos confeils, je Vous avonë, MONSIEUR, que ce n'a pas été fans répugnance que je les ai fuivis en sette occafion. Outre que je fais profeffion de méprifer les injures, & que d'un autre côté je fuis devenu comme infenfible aux Libelles par le grand nombre de ceux qu'on a faits contre moi, je ne croyois pas que Monfieur Baillet fût un adverfaire digne

de moi.

Mais, MONSIEUR, Vous m'avez remontré qu'il ne s'agilfoit pas de juftifier mes écrits; qu'il s'agifoit de juftifier mes mœurs; & que les Peres de l'Eglife les plus Saints n'avoient pas dédaigné de se défendre en femblables rencontres. J'ai deféré à Vos remontrances; Et je croi, MONSIEUR, y avoir deféré de forte que Vous Jerez fatisfait de moi de ce côté-là. Quoi que

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que j'uffe été outragé par Monfieur Baillet Jans que je lui uffe fait la moindre offense, &que je fulle en droit de lui dire à mon tour des chofes fâcheufer, j'ai réfuté fes outrages avec toute forte de modération; En Les réfutant, je l'ai averti charitablement par occafion, d'un grand nombre de fautes groffieres, ou plûtôt d'un nombre infini de monftres de fautes, qui font dans fon Livre: afin de le faire rentrer dans lui-même, & de l'obliger, en lui représentant son néant, de parler une autre fois avec respect des premiers Ecrivains du Royaume dont il a parlé avec mépris. J'ai mêlé quelqu'érudition à ma juftification, & à ma Critique, afin que le Lecteur en lifant mon Livre apprit quelqu'autre chose que les fautes les calomnies de Monfieur Baillet. Mais comme la méditation fait partie du jugement, & que dans la passion où j'étois de faire promptement ce que vous defiriez que je fille, j'ai écrit ces Remarques avec beaucoup de précipitation: Vous y trouverez quelques endroits négligez, que vous excuferez s'il vous plaît avec Votre bonté ordinaire.

Da veniam fubitis: non difplicuiffe meretur
Feftinat nimiùm qui placuiffe tibi..

Il me refte, MONSIEUR, à Vous Supplier de les recevoir comme un hommage que je rens à Votre vertu, & comme un témoignage de notre amitié.

MENAGE.

SUR CETTE EDITION.

ON

N ne peut disconvénir que le deffein qu'avoit Mr. Baillet de recueillir les Jugemens des Savans fur les Auteurs anciens & modernes les plus célèbres, n'eût été fort utile, s'il avoit été bien exécuté. L'Entrepreneur fembloit avoir pour cela des talens, & des fecours confidérables. Outre qu'il joignoit à une grande affiduité au travail, une grande facilité de ftyle, quoique fouvent peu correct, il difpofoit encore d'une Bibliothéque nombreuse. Par malheur pour lui, s'étant propofé de rapporter les jugemens d'autrui fans aucune partialité, il fortit des bornes qu'il s'étoit prefcrites. Il s'érigea en juge, & en juge paffionné. Il parut fur tout en vouloir à Mr. Ménage, qui pouffé à bout, fe réfolut enfin à lui répondre. Comme c'étoit un homme d'une lecture prefque infinie, fupérieur de beaucoup à fon Adverfaire en érudition, plus habile dans l'intelligence des Langues, & mieux verfé dans l'histoire

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