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vouloir bien m'inftruire, en me communiquant les lumières que vous découvrez certainement dans vos occupations à différens objets?

Cette dernière queftion & l'air dont elle fut affaifonnée me déconcerta Quel diable de ton, dis-je en moi-même, certaines gens ont en ce pays-ci!

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Vous cherchez à vous rappeller vos

Occupations?

Mais, Monfieur, je ne fais.

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rien que tout le monde ne puiffe faire également..

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Comment donc, de la modeftie! Il n'y a pas de modeftie, Monfieur; aujourd'hui, je me promène, je vais à la Comédie, fur-tout fi l'on m'affure que j'y rirai. . . . Enfuite, le lendemain, je......

je

J'entends; le lendemain, vous vous promenez, & vous allez à la Comédie............ Cela eft-il vrai ?

Très-vrai..... & qui vous a donc

dit tout cela?

Oh! j'ai deviné tout cela, & beau coup d'autres chofes encore, M. Zapata, dont nous parlerons bientôt.

Je m'apperçus que M. Glainville m'avoit amené avec lui en converfation réglée & j'en craignois les fuites. Je craignois fur-tout qu'il n'eut découvert mon amour pour la fille de M. d'Orfeuille ; j'allois peut-être faire l'étourderie de lui demander le fecret lorfque ma marraine rentra, & nous excitant à prendre place pour le diner, me tira de l'embarras où j'étois de tenir encore long-temps avec M. Glainville.

Eh bien ! demanda ma marraine, qu'en dites-vous ? en me montrant à mon redoutable interrogant. Oh! Madame, répondit celui-ci, M. Zapata eft un garçon.... qui promet, fi vous voulez; à vous parler franchement, fes progrès n'ont pas été rapides, mais

fa faute.

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peut-être, n'est-ce pas Il ne lui manque que de

bonnes connoiffances pour fe développer. Mais, Monfieur, il voit du monde, reprit ma marraine, des gens comme il faut..

Comment nommez-vous ces Meffieurs,dont vous me parliez hier? me demandat'elle. L'un, dis-je, fe nomme d'Orfeuille, & l'autre Corfan, Vous devez connoître cela, dit ma marraine à M.. Glainville, vous êtes trop répandu. ... En aucune façon, reprit celui-ci : d'Orfeuille! Corfan! non, perfonne ne connoit ces gens-là, & foyez perfuadez d'une chose, Madame, c'est qu'ils n'exiftent pas.

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Pour le coup je perdis patience. J'enrageai de bon cœur d'entendre un homme me nier l'existence de deux perfonnes que je connoiffois parfaitement. Je foutiens qu'ils exiftent, Monfieur; (dis-je avec affez de feu,) il eft facile de m'apprendre beaucoup. de chofes, mais du moins on ne me perfuadera pas que deux hommes refpectables, qui m'ont raconté leur hiftoire, chez lefquels j'ai mangé, dont l'un a une fille adorable..., qui. ... (je m'arrêtai en ce moment) Je ne rêve certainement pas, &. je ne fuis point homme à aller déterrer des morts pour perfuader que je vois d'honnê-

res-gens. Soyez donc fürs que Meffieurs d'Orfeuille & Corfan font des hommes qui exiftent comme vous & moi.

:

La chaleur & le ton d'impatience avec lequel j'avois parlé, firent rire ma marraine & fon ami, qui prenant un air plus férieux me. dit: vous vous fâchez aisément, Monfieur; on ne vous nie pas, felon vos idées, l'exiftence de vos deux bons amis mais, felon. notre manière de voir, on peut dire que ces Meffieurs-là n'exiftent pas, parce qu'ils ne font aucune fenfation, que fans doute, ils ne font vu de perfonne, en un mot que perfonne même ne les connoît. Eh! vraiment! ajouta ma marraine, voilà comme il faut entendre ce que Monfieur dit! Ne vous fâchez donc pas, fi l'on nie l'existence de votre père, celle de votre parrain, la vôtre

même; car enfin, vous

vous.....

Monfieur Glainville, ce joli mot que vous me dites hier? Végéter, Madame, répondit. le Glainville. Vous végétez, me dit ma marraine, & voilà tout.

M. Glainville renoua notre Dialogue qui

étoit interrompu, parce que d'un côté je cherchois ce que j'avois à dire pour répondre à ce qu'avoit avancé ma marraine, & que de fon côté, elle paroiffoit fort occupée à répéter le mot, qu'elle avoit prononcé avec tant d'importance, afin de ne le plus oublier. Vos Meffieurs, me dit M. Glainville, ne voient donc abfolument perfonne ? Ils ne voient que peu de monde, répondisje M. Corfan a pour compagnie maître Guillaume, qui eft un homme admirable & à qui il a des obligations infinies; c'est l'ami commun de ces Meffieurs; ils m'appellent auffi leur ami, &. . . . . Pour cette fois, excufez mon impatience, interrompit M. Glainville, je brûle de favoir quel eft ce digne Guillaume l'ami de ces Meffieurs. C'est le Jardinier de M. Corfan, répondisje, un homme étonnant, qui a caufé des révolutions. . . Des révolutions! s'écrièrent en même temps ma marraine & le Glainville; ils n'en dirent pas davantage, parce qu'ils cédèrent à l'envie preffante qu'ils avoient de rire l'un & l'autre. Dès que Ma

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