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plus d'acharnement, mais me croyez-vous capable de fouffrir fes odieufes imputations fans chercher à me venger?

cher Docteur, les grands hommes.

Oui

Il n'en eft guère qui reçoivent tranquillement les injures d'un certain genre : que l'on attaque ma probité, j'y confens; eh! que ferois-ce des hommes qui, comme moi, fe dévouent au bien public, s'ils ne fe mettoient au deffus de ces petites tracafferies mais flétrir la fcience...... La fcience! Voilà ce que nous ne pouvons pardonner. →→ Il est un moyen de vous venger, en confondant nos ennemis communs; répandez. l'efprit dans ma famille. Un enfant ! c'eft n'avoir rien. Je veux, Docteur, je veux multiplier..........

............... Je vous ai connu trop tard, mais nous pouvons tout réparer. Seigneur Zapata, ce qui eft fait est fait.

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Eh! qui vous a dit qu'il ne reftoit rien à faire! --Vous me rappellez ce que j'avois à vous dire; oui, il refe beaucoup à faire..... Vous ntes pas le feul à qui mes fecours foient Réceffaires : je veux vous communiquer vingt

lettres des plus preffantes.

Quoi! vous pourriez me quitter?----- Mais, il le faut, ama gloire y eft intéreffée. Au refte ne craignez rien, le plus important eft fait. Nous entretiendrons une correfpondance qui fuffira pour vous conduire...... Quoiqu'éloigné de vous, je dirigerai vos opérations.----Ne pourriez-vous pas, en reftant ici, conduire également vos entreprises éloignées?

Non, il m'eft impoffible, abfolument impoffible. Il faut que d'une race, où depuis vingt générations aucun homme n'eft forti avec le fens commun, vous m'entendez, ce qu'on appelle pas le fens commun, où chaque individu naît conftamment imbécille de père en fils, il faut, dis-je, que d'une fouche auffi ingrate, je tire enfin un homme d'efprit...... L'opération fera brillante ! & voilà Monfieur Zapata, comment je réponds à mes ennemis. miens, moi?

Eh! que dirois-je aux Rien; attendez que votre fils puiffe parler, & ce fera lui qui leur répondra. A l'égard des foins qui doivent vous occuper pour perfectionner fon éducation

:

yous recevrez mes confeils. J'ai néanmoins à vous faire quelques obfervations d'après lefquelles vous jugerez de la confiance que j'ai en vous. Voici le fecret de mon art, Les précautions que j'ai prifes jufqu'à préfent affurent à Rigobert Zapata, l'efprit dans toute l'étendue de fa fignification: ainfi, à tel état que vous le deftiniez, il donnera des preuves d'une fagacité au deffus du vulgaire mais cela ne fuffit pas; il faut que comme l'aigle qui perce la nue il s'élève au deffus de fes contemporains, qu'il en foit féparé par une distance immense; il faut, en un mot, que, tel état qu'il puiffe embraffer, il parvienne, au fommet de l'édifice dès qu'il fe fera présenté aux degrés par lefquels on y monte. Vous avez pu obferver les moyens que j'employai pour combler vos voeux: c'eft dans la même fource que vous devez puifer afini, de perfectionner votre ouvrage. Oui, c'e le régime feul qui peut faire de votre fils tout, ce qu'il vous plaira. Le fouhaitez-vous guerrier intrépide, magiftrat célèbre, commerçant, heureux, financier du premier ordre

1. Partie

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B

Voici un manufcrit précieux dans lequel vous rouverez les préparations favantes de la cuifine moderne adaptées aux différens états de la fociété pour lesquels on fe deftine. Je vous ai dévoilé les derniers myftères de mon art, adieu, Seigneur Zapata, mandez-moi le fuccès de vos opérations.

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Il fallut bien que mon père confentît au départ de Frontazini, qui ne s'éloigna néanmoins qu'après avoir été magnifiquement récompenfé de fès fervices.

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Le Livre qui étoit demeuré entre les mains de mon père, fut la feule confolation qu'il ent après le départ de fon Docteur. Il le parcourut avec empreffement; & vit, non fans reffentir la joie la plus vive, qu'il avoit entre les mains des moyens très-fimples pour opérer de grandes chofes. L'ouvrage étoit divifé par chapitres, & chacun de ceux-ci en plufieurs paragraphes. Il s'y trouvoit.certainement de quoi exercer la crédulité du bon Zapata. On y donnoit des recettes très-fimpies pour réuffir dans les arts & les fciences; & cela, d'après les principes que Fron

tazini avoit pofés lorfqu'il entreprit de perfectionner notre race. Mon parrain fut confulté fur le choix & l'application que l'on me devoit faire du livre merveilleux avec lequel on devoit opérer des prodiges, mais ́ne pouvant s'accorder avec mon père, ils finirent par fe brouiller.

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