ter quelques favans Anglois fur la pantoufle d'un ancien philofophe, dont il avoit fait l'acquifition depuis peu de temps..

Mon père eut à fon arrivée l'extrême plaifir après lequel il foupiroit depuis quelque temps, celui d'entendre enfin M. Poock, qui lui dit en me regardant, voici un enfant qui produira des hommes. Paul Zapata ne ré-pondit qu'en verfant des larmes de joie mais. Chriftophe Édouard, après avoir pris l'ordre dans un gefte de fon maître, confeilla à mon père de s'effuyer les yeux, de crainte que fes larmes ne fiffent fur moi une impreffion trop vive.

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Mon parrain admiroit la précision avec laquelle je portois, un coup de poing, & mon adreffe à éviter ceux qui m'étoient deftinés. Il remarquoit fur-tout avec plaifir, les attitudes variées que j'étois obligé de prendre pour renverfer mes adverfaires. Une entr'autres le frappa fi vivement qu'il la fit deffiner à l'inftant même; il affura que parmi les monumens qui nous reftent des anciens. gladiateurs, il n'a rien obfervé d'auffi pit

torefque, & que cette attitude méritoit de paffer à la poftérité.

Après avoir payé à M. Poock le tribut de louanges qu'il méritoit, ayant obfervé néanmoins que toutes les branches réunies de la gymnaftique ne me rendroient guère favant dans la connoiffance des médailles mon parrain demanda à M. Poock jufqu'où il m'avoit déjà conduit dans les fciences. Celui-ci, & l'on s'y attend fans doute, ne répondit pas à la queftion de M. Ducoin; il fit plus; l'interprête eut beau le fixer, aucuns geftes n'annonçoient qu'il vouloit que l'on répondit, & c'étoit ordinairement un figne de colère chez M. Poock. Auffi étoitil irrité de l'indifcrétion de mon parrain, & mon père parut craindre qu'elle n'eut des fuites défagréables. Heureufement il n'en fut rien nous fùmes privés de la préfence du maître; Chriftophe Édouard fit une vive. réprimande à mon père fur la queftion de M. Ducoin, celui-ci la reçut par contrecoup, & l'inftant d'après il n'en fut plus queftion.

Paul Zapata, pouffé par fon compère, ne put néanmoins s'empêcher de dire à Chriftophe Édouard, avant de retourner en France, qu'il feroit charmé que l'on me donnât quelque notion de l'alphabet, pour commencer à cultiver mes difpofitions aux fciences; l'interprête de M. Poock l'ayant affuré qu'il feroit l'impoffible pour m'amener là, je reçus les adieux de mon père & de fon compagnon de voyage, qui reprit fa pantoufle antique, après l'avoir expofé à la curiofité des connoiffeurs.

Réflexions fur le fyfteme de M. Poock. Révolution qu'il produit. Rigobert Zapata revient en France.

N convient généralement, que dans chaque fiècle, les grands hommes ont toujours été perfécutés, ou pour le moins que l'on s'eft efforcé de jeter fur eux le vernis cauftique du ridicule. Je ne voudrois pas répondre qu'en tous pays M. Poock n'eut été attaqué férieufement, mais en Angleterre on lui fit grace de la perfécution, on s'en tint au ridicule.

Quelques-uns des élèves, fortis de chez lui, parce qu'ils étoient d'âge à faire leur entrée dans le monde, avoient toutes les qualités requifes pour faire vigoureusement le coup de poing, (& c'eft beaucoup dans un pays où le pugilat entre pour quelque

chofe dans l'éducation) mais on obferval qu'ils n'avoient aucune de celles qu'exigent les devoirs de tel ou tel état. Si un jeune homme étoit deftiné au Barreau, on ne pouvoit qu'admirer la force de fes poumons, & convenir qu'il eut été un excellent crieur public. Celui qui embraffoit l'état militaire, devoit être bon foldat; dans toute la rigueur du terme; la hardieffe, le courage, la force, tout le réuniffoit, mais on ne pouvoit efpérer qu'il devint affez habile pour commander les autres, & diriger les opérations délicates de la guerre. Les inftrumens, à l'aide defquels chaque homme raisonne, compare, décide, avoient été entiérement négligé dans l'éducation de M. Poock.

On avoit obfervé que de jeunes Baronnets conduits par mon maître étoient des hommes très-vigoureux, & cette circonftance mit d'abord les Dames de fon côté; mais les Médecins crièrent fi haut contre cette vigueur athlétique, ils firent tant d'efforts pour démontrer que l'on fe portoit