fociété veut que, dans certaines circonftances, on oppofe aux décifions l'homme qui par état doit connoître du différend qui s'élève. Ainfi je ne peux trop le répéter, ayez, ou du moins paroiffez avoir beaucoup de modeftie pour vous établir chez vos nouveaux amis. Vous vous appercevrez des progrès que vous aurez faits, je veux dire, du degré de confiance que l'on aura en vous Forfque l'on commencera à vous faire part de ce que l'on eft convenu d'appeller les fecrets de la maison: que vous entendrez, par exemple, dire dans les féances particuheres que tel ou tel homme eft eftimable à certains égards, quoique les jours de repréfentation, on le crible des traits de la fatyre & qu'on ne lui faffe aucune grace. C'est alors que vous pourrez donner l'effort à votre imagination, faire éclater vos demiconnoiffances en n'étant pas toujours de Favis des autres. Il ne peut en réfulter aucun mal. Vous exclure, ce feroit s'expofer à faire paffer dans d'autres coteries les petits fecrets de la maifon. . . . . On en

a quelquefois voulu agir ainfi, & il s'et trouvé de ces hommes à maintien debon

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naire qui, piqués de l'exclufion, ont été jeter des ridicules fur.tels & tels qui ne s'y attendoient pas.

C'eft à vous de juger s'il eft avantageux ou non d'être admis dans une des fociétés dont je vous entretiens, & voici en deux mots ce que je crois que l'on peut dire pour

& contre..

Si vous ne tenez à rien, que vous n'ayiez que votre mérite qui plaide pour vous, je ne vois pas trop que vous puiffiez réuffir. Faites bien, vous aurez toujours à lutter contre la cabale, parce qu'on eft judicicufement convenu qu'il ne falloit pas qu'un homme qui femble tomber des nues, prenne tout à coup dans le monde, avant que d'avoir fait baffement fa cour à ceux qui s'arrogent le droit de prononcer fur les talens. Si vos productions.font foibles, perfonne ne fera intéreffé à les foutenir, fr la jeuneffe, l'égarement des paffions, vous jettent dans quelques-unes de ces cinconftances critiques.

où l'homme abandonné à lui-même commet volontiers quelque imprudence, vous êtes perdu fans reffource. Tenez-vous à une coterie? elle eft votre foutien, votre défenfeur; ayez des ridicules, des défauts même, elle s'en charge & vous juftifie dans le public, autant qu'il eft en elle. A la ri gueur, on accordera que vous avez une mauvaise tête, mais que de bonnes qualités feront évanouir cette légère tache! Vous êtes jeune ?-combien de choses on doit paffer à la jeuneffe! Vous vieilliffez? peut-on chagriner un vieillard qui doit intéresser à tant de titres! Les jeunes gens & les vieillards font ceux dont on juftifie plus aifément les erreurs; les premiers n'y font pas encove, les derniers n'y font plus.

Je dois placer au nombre des défagrémens que l'on a à effuyer dans ces fociétés, je ne dis pas les confeils, mais les réprimandes qu'il faut entendre très-fouvent de ceux qui les compofent. Pour peu que vous foyez docile. à les recevoir, il faut vous attendre à en avoir chaque jour de nou

velles. Le moyen d'en éviter la plus grande partie eft d'y paroître un peu récalcitrant, car ce ne font pas les hommes de ce caractère fur lefquels on tombe plus volontiers, mais bien ceux qui paroiffent tout écouter avec cette docilité qui enhardit les cenfeurs ; ce qui devroit naturellement produire unt effet contraire.

CHAPITRE VI.

Des Drames & des Romans trifles.

J

E fréquentois avec affiduité les fpectacles. J'y découvrois chaque jour des chofes qui augmentoient la curiofité que j'avois depuis long-temps, de favoir d'où pouvoit provenir cette fureur dominante pour un genre de littérature qui tend à attrifter notre ame; & peut-être à la rendre, par la fuite. incapable d'une vraie fenfibilité. Je défirois donc de rencontrer quelqu'un qui pût m'apprendre comment le genre fombre avoit réuffi chez un peuple que fes voifins regardent fi volontiers comme n'aimant que le plaifir, & par conféquent la gaieté.

M..des Roches, à qui je marquai na curiofité, faifit avec empreffement une circonftance qui lui procureit l'occafion de m'é-clairer. Il m'expliqua donc les caufes qui ont

dû