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gués qui relifent quelquefois avec plaisir des principes de Grammaire.

Nous ne fuivrons point l'ordre alphabétique de l'Auteur dans l'examen de ces articles; nous prendrons celui qui nous paraît le plus favorable au plan que nous avons formé, & nous y ferons naturellement conduits par les renvois. Chemin faifant, nous releverons quelques erreurs qui fe sont glissées dans cet Ouvrage, tant celles qui devaient résulter naturellement des grands changemens arrivés depuis quinze ans dans la Mufique, que les autres. Nous le ferons toujours, avec la confidération qui est dûe au grand nom de l'Auteur, & avec ce défintéressement qui eft toujours prêt à se rétracter s'il s'eft trompé dans fa critique.

Nous commencerons par l'article NOTES, non pas d'après l'idée puérile qui pourrait se pré fenter à l'efprit, mais à cause de l'utilité réelle que nous en tirerons par rapport à nos Lecteurs, comme nous le dirons plus amplement à la fin de l'article même.

Les Grecs, dit M. Rousseau, se fervaient des lettres de leur alphabet pour noter leur Mufique. Or, comme ils avaient vingt-quatre lettres, & que leur plus grand systême, qui, dans un même A iij

mode, n'était que de deux octaves, n'excédait pa le nombre de seize fons, il semblerait que l'al phabet devrait être plus que fuffifant pour leg exprimer, puifque, leur Mufique n'étant autre chofe que leur Poëfie notée, le rithme était fuffisamment déterminé par le métre, fans qu'il fût befoin pour cela de valeurs abfolues, & de fignes propres à la Mufique. Car bien que par furabondance, ils euffent auffi des carac tères pour marquer les divers pieds, il eft certain que la Mufique vocale n'en avait aucun befoin, & la Mufique inftrumentale n'étant qu'une Mufique vocale jouée par les inftrumens, n'en avait pas befoin non plus, lorsque les paroles étaient écrites, ou que le Symphoniste les favait par cœur.

M. Rouffeau ne paraît pas faire réflexion qu'il était chez les Grecs de la Mufique absolument indépendante de la Poëfie, & c'eft de cette in dépendance même dont fe plaignent quelques Philofophes. Voyez le Dialogue de Plutarque fur la Mufique.

Mais il faut remarquer en premier lieu, con tinue-t-il, que la Mufique avait plufieurs genres auxquels les feize fons ne convenaient pas également. La disjonction de leur Tétracorde exi

geait encore des notes différentes. D'ailleurs, la Mufique fe notait pour les Muficiens autre ment que pour les voix. Enfin, que les Anciens ayant jufqu'à quinze modes différens, il fallut approprier des caractères à chaque mode. Les vingt-quatre lettres ne pouvaient fuffire à toutes ces modifications. De-là, la néceffité d'employer les mêmes lettres pour plufieurs fortes de notes, & de changer conféquemment ces lettres felon leur différent emploi. La lettre Pi, par exemple, fe variait de cinq maniere, & convenait à cinq notes. Toutes ces modifications combinées, produisaient jusqu'à mil fix cent vingt notes différentes; ce qui rendait l'étude de la Mufique d'une très-grande difficulté.

Les Latins, qui, à l'imitation des Grecs, noterent auffi la Mufique avec les lettres de leur Alphabet, retrancherent beaucoup de cette quantité de notes, le genre enharmonique ayant tout-à-fait ceffé, & plufieurs modes n'étant plus en usage. Boëce réduifit ces lettres au nombre de quinze, & Grégoire de Rome au nombre de fept, que l'on répétait en diverfes formes d'une octave à une autre.

Enfin, dans l'onziéme fiécle, un Bénédictin d'Arezzo, nommé Guy, fubftitua à ces lettres A iv

des points pofés fur différentes lignes parallelles à chacune desquelles une lettre fervait de clef Dans la fuite, on groffit ces points; on s'avifa d'en pofer auffi dans les efpaces compris entre ces lignes, & l'on multiplia, felon le befoin, ces lignes & ces espaces.

Les notes n'eurent, durant un certain temps, d'autre ufage que de marquer les dégrés & les différences de l'intonation. Elles étaient tou tes, quant à la durée, d'égale valeur, & ne recevaient, à cet égard, d'autres différences que celles des fyllabes longues & bréves, sur les quelies on les chantait. Tel eft encore notre plain-chant.

Cette indiftinction de figures dura, felon l'opinion commune, jufqu'en 1330, que Jean de Muris, Docteur & Chanoine de Paris, donna, à ce qu'o: prétend, difierentes figures aux notes, pour marquer les rapports de durée qu'elles devaient avoir entr'elles. Plufieurs de ces figures ne fubfiftent plus. On leur en a fubftitué d'autres en différens temps.

Pour lire la Mufique écrite par nos notes, & la rendre exactement, il y a huit chofes à confidérer; 1o. la clef & fa pofition; 2°. les diezes ou bémols qui peuvent l'accompagner; 3°. le

lieu ou la position de chaque note; 4. fon intervalle, c'est-à-dire, fon rapport à celle qui précéde, ou à la tonique fixe dont on ait le ton; 5o. fa figure, qui détermine fa valeur ; 6. le temps où elle fe trouve, & la place qu'elle y occupe; 7°. le dieze, bémol ou béquarre accidentel, qui peut la précéder; 8°. l'espèce de la mesure, & le caractère du mouvement; & tout cela, fans compter ni la parole ou la fyllabe à laquelle appartient chaque note, ni l'accent ou l'expreffion convenable au sentiment ou à la pensée.

La Mufique a eu le fort des Arts qui ne se perfectionnent que lentement. A mesure qu'on avançait, on établissait de nouvelles régles pour remédier aux inconvéniens préfens. En multipliant les fignes, on a multiplié les difficultés, & on a tiré d'un principe affez fimple, un fyf tême fort embrouillé & fort mal assorti.

On en peut réduire les défauts à trois principaux. Le premier eft dans la multitude des fignes & de leurs combinaisons, qui furchargent telle ment l'efprit & la mémoire des Commençans, que l'oreille eft formée, & les organes ont acquis l'habitude & la facilité néceffaire, long-temps avant qu'on foit en état de chanter à livre ouvert.

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