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D'où il fait que la difficulté eft toute dans l'at tention aux régles, & nullement dans l'exécu tion du chant. Le fecond eft le peu d'évidence dans l'efpèce des intervalles, majeurs, mineurs, diminués, fuperflus, tous indiftinctement confondus dans les mêmes pofitions; défaut d'une telle influence, que non-feulement il eft la prin cipale caufe de la lenteur du progrès des Ecoliers, mais encore qu'il n'eft aucun Muficien formé, qui n'en foit incommodé dans l'exé cution. Le troifiéme eft l'extrême diffufion des caracteres & le trop grand volume qu'ils occu pent; ce qui, joint à ces lignes fi incommodes à tracer, devient une fource d'embarras de plus d'une espèce.

Il est donc queftion de trouver une nouvelle maniere de noter qui foit à l'abri de tous ces inconvéniens. Celle qu'on a proposée en 1740, dans un petit Ouvrage intitulé: Differtation fur la Mufique moderne, ayant cet avantage, fa fim plicité m'invite à en expofer le fyftême abrégé dans cet Article.

Les caractères de la Mufique ont un double objet; favoir, de repréfenter les fons, 1°. felon leurs divers intervalles du grave à l'aigu; ce qui conftitue le chant & l'harmonic: 2°. felon

leurs durées relatives du vîte au lent; ce qui détermine le temps & la mesure.

Pour le premier point, de quelque manière qu'on retourne la Mufique réguliere, on n'y trouvera jamais que des combinaisons des fept notes de la gamme, portées à divers octaves, ou tranfpofées fur différens degrés, felon le ton & le mode qu'on aura choifi. L'Auteur exprime ces fept fons par les sept premiers chiffres, de forte que le chiffre 1 forme la note ut, le 2 la note ré, le 3 la note mi, &c. & il les traverse d'une ligne horisontale (a).

Il écrit au-deffus de la ligne les notes qui,' continuant de monter, fe trouveraient dans l'octave fupérieure. Ainfi l'ut, qui fuivrait immédiatement le fi, en montant d'un femi ton, doit être au deffus de la ligne (b); & de même les notes qui appartiennent à l'octave aigue, dont cet ut eft le commencement, doivent toutes être au-dessus de la même ligne. Si l'on entrait dans une troifiéme octave à l'aigu, il ne faudrait qu'en traverser les notes par une se

(a) & (b) Voyez les exemples qui fe trouvent à la derniere page de Mufique de ce Journal.

conde ligne accidentelle au-deffus de la pre miere.Voulez vous, au contraire, descendre dans les octaves inférieures à celle de la ligne principale? écrivez immédiatement au deffous de cette ligne, les notes de l'octave qui la fuit en defcendant. Si vous defcendez encore d'une octave, ajoutez une ligne au-deffous, comme vous en avez mis une au deffus pour monter, Au moyen de trois lignes feulement, vous pouvez parcourir l'étendue de cinq octaves; ce qu'on ne faurait faire dans la Mufique ordinaire à moins de dix-huit lignes.

M. Rousseau propose encore une autre métho de, c'est de mettre un point fur le chiffre qui appartient à l'octave fupérieure, & un point fous celui qui appartient à l'octave inférieure, On place alors toutes les notes horisontale ment fur le même rang, fans les traverfer d'au cune ligne, & le point qui éleve une note d'une octave fuffit pour toutes les notes fuivantes qui demeurent fans interruption dans l'octave où l'on eft entré. On voit dans l'exemple suivant le progrès de deux octaves tant en montant qu'en defcendant, notées de cette manière:

1234567 12345671 7654321 7654321 La premiere maniere de noter avec des lignes

pour

convient les Mufiques fort difficiles, pour les grandes Partitions. La feconde avec des points eft propre aux Mufiques plus fimples, & aux petits Airs. Elle eft la feule qu'on puisse rendre avec nos caractères ordinaires d'impreffion, & nous l'emploirons ainfi dans le cours de cet Ouvrage, lorsqu'en rendant compte des Ouvrages de Mufique, nous aurons befoin d'en détailler quelques phrases. Nous ne l'avons pu faire jufqu'ici, manquans de cette facilité, & c'est pour en profiter plutôt que nous avons commencé par cet Article l'examen du Dictionnaire de Mufique. Au refte, que la difficulté apparente de ce fyftême n'effraye point nos Lecteurs; il m'a paru au contraire fi facile, fur-tout quand on fait la Mufique, qu'après en avoir lû une feule fois l'expofé, j'ai chanté l'exemple qu'en donne l'Auteur, écrit de cette manière, avec prefqu'autant de facilité que de la Mufique ordinaire. Continuons donc d'en expliquer les loix.

Par cette méthode, tous les intervalles deviennent d'une évidence dont rien n'approche. Les octaves portent toujours le même chiffre ; les intervailes fimples fe reconnaissent toujours dans leurs doubles ou compofés. On reconnaît

d'abord dans la dixiéme 1 3 que c'est l'o tave de la tierce majeure. Les intervalles m jeurs ne peuvent jamais fe confondre ave les mineurs, & 2 4 fera éternellement un tierce mineure, 4 6 éternellement une tierc majeure; la pofirion ne fait rien à cela.

le

L'Auteur paffe enfuite aux tranfpofitions, dont on eft forcé de fe fervir, fi l'on admet fon fyftême. On fait que tranfpofer, c'est ramenet aux modes naturels tous les modes que l'on rencontre. Si, par exemple, vous avez à chan ter un air en ré, au lieu de ré vous dites ut. Pa moyen du dieze fur le fa, que vous mettez i la clef, il y a une tierce majeure entre ré & fi dieze: elle fe trouve de méme entre ut & mi, car tous les tons, ou plutôt tous les modes, comportent le méme arrangement d'intervalles. L'Auteur fait ici beaucoup d'éloges de l tranfpofition; ce n'eft pas le lieu de difcuter ce point, nous le ferons lorfque nous examinerons ce mot. Voici les moyens qu'il donne aux Inftrumens, pour connaitre en quel ton l'Auteur a écrit fon Air. Ce feul mot ré, mis en tête & à la marge, avertit que la Piéce eft en ré majeur; & comme alors le ré prend tous les rapports qu'il avait avec l'ut, il en prend

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