Quand on le voit errant d'un air de Pythoniffe, Porter de tous côtez d'un pas précipité : Le terrible Démon dont il eft agité ? p
Et cependant, ô ciel devant toute la terre, Un jeune homme infolent lui déclare la guerre ; L'ingrat refpire encor en fon crime endurci :: Quoi donc ! efperes-tu nous échaper ainfi Non tandis que faifi d'une frayeur stériles En fuyant vers Rouen tu cherches un azyle, La Seine engloutiffant ton crime fous fes eaux Vengera par ta mort l'honneur de fon Héros : Mais non, ce feroit peu, la peine eft trop légere. Enfin j'en découvre une égale à ma colere Tu vas périr, cruel, le fupplice eft tout prêt;117: Frémis en entendant ce redoutable arrêt, ticup
Chargé de rudes fers, dans une humble posture, Plus mort qu'un criminel qu'on traîne à la torture, Déteftant dans ton cœur ton crime & ton orgueil Tu paroîtras, perfide, & tu verras Santeuil. Qu'il fçaura bien alors punir ton imposture, Quand armant contre toi fon affreufe figure, Les deux bras en défordre élancez dans les airs, Tel qu'il eft quand il fait ou récite des Vers, Tout prêt à t'engloutir, ouvrant un large gouffre,
D'où tu verras fortir & la flamme & le fouffre, D'une voix de tonnerre imprimant la terreur, Il te dira cent fois, fcélérat, impofteur! C'eft alors qu'éperdu, reconnoiffant ton crime, De Santeuil irrité pitoyable victime, D'un repentir tardif implorant le fecours, Tu voudras le fléchir par tes triftes discours; En vain, pour terminer la peine qui t'est dûë Une froide fueur dans ton corps répanduë, Ira glacer ton fang figé dans fes canaux Ira durcir tes nerfs, pétrifier tes os; En marbre transformé tu feras dans la France Un rare monument d'une illuftre vengeance. Ah! fi fur toi Santeuil lance un regard mutin Tu ne peux de Niobe éviter le deftin.
PLAINTES
SUR LA LENTEUR ET LA NEGLIGENCE DU MESSAGER DU MANS.
E n'eft point l'interêt, ni l'amour de la
Qui me fait en ce jour importuner les
Je n'ai rien à prétendre au temple de Mémoire, Le vif éclat de l'or n'ébloüit point mes yeux : De ces foibles honteux mon ame préfervée N'écoutera jamais de fi bas sentimens
Tout ce que je demande, eft la
Du Messager du Mans.
Déja plus de vingt fois le foleil & la lune Ont regné tour à tour,
Depuis que je languis dans ma trifte infortune. Déja la lumiere du jour
A vingt fois pour le moins fait place à la chandelle, durant un fi longtems,
On ait vû dans ces lieux la noble haridelle
Du Meffager du Mans.
Cependant je languis, & ma douleur profonde Me fait perdre le jugement: Qu'avez-vous, me dit tout le monde? Vous êtes depuis peu tout je ne fçai comment. Helas! fi l'on fçavoir la cause
De ces maux cruels & preffans!
Si l'on fçavoit; & quoi? Non, je ne puis, je n'ose, Et je ne le dirai qu'au Meffager du Mans.
Quel Démon cruel & barbare
Si longtems l'arrête en chemin?
Quel ennemi fecret, quel envieux destin, L'un de l'autre tous deux fi longtems nous fépare? Non, je ne puis fouffrir tous ces retardemens,
Car c'en eft trop, & je ne puis plus vivre, Si je ne vois le Messager du Mans.
Quoi! tout le jour à ma pensée Son image viendra s'offrir;" Et ma douleur préfente, & ma douleur paffée, Me feront doublement fouffrir?
Encore fi la nuit, dans un repos tranquile, Contre tous mes chagrins je trouvois un azyle! Mais non, quand le fommeil vient affoupir mes fens, Si je rêve, je rêve au Mellager du Mans.
Si pour calmer un peu ma trifte inquietude Je prens quelque livre à la main,
D'abord fon fouvenir vient troubler mon étude, Et me fait perdre mon Latin,
Oui, j'ai beau tout tenter, rien ne peut m'en distraires Et je paffe fouvent tout le jour, à quoi faire ? Le dirai-je ? à compter les heures, les momens Que retarde en chemin le Meffager du Mans.
Avouons ici ma foibleffe;
Jamais le plus touché des plus tendres amans A-t'il plus fait pour fa Maîtreffe
« AnteriorContinuar » |