Imágenes de páginas
PDF
EPUB

En maint païs un tiers pour les Cadets,
Quelquefois rien, ou peu par avanture,
Mais nous avons trouvé la loi trop dure:
Ne voulant pas d'ailleurs très-prudemment,
Que quand un jour on viendroit les femondre,
De nous aider pour le remerciment,
Comme autrefois ils pûffent nous répondre,
Nefcio vos, qu'on venoit un peu tard,
Leur demander, en leur faisant careffe,
Vers bien tournez & polis avec art,
Pour des Pâtez, ou mets de telle efpece,
Dont ils n'auroient pourtant mangé le lard.
APRE'S qu'ainfi l'on eut fait le partage,
Convint vacquer aux huit pour nous restez,
Huit des plus beaux, fi les ai bien cottez ;
Les oublier eut été grand dommage,
Et maint Sçavant les auroit regrettez ;
De Livres tels ne faut perdre une page.
A l'examen ils furent donc citez ;

Quand avec pompe on les eut apportez,
Chacun fe mit de grand cœur à l'ouvrage ;
C'étoit un zele, une ardeur, un courage,
Ne vîtes onc Journaux mieux feüilletez.
EN feüilletant on fit à l'ordinaire,
Sur le deffein, l'ordre & l'arrangement,

Mainte Remarque, & maint beau Commentaire
Quoique, pour moi, n'y fois Grec autrement
A tout hazard j'en fis pareillement,

Et je difois Faut avoüer l'affaire,

:

Princes toûjours dans ce qu'ils daignent faire,
Sçavent répandre un certain agrément
Au stile, au tour qui paffe le vulgaire,
Anë sçai quoi qui plaît ne sçai comment,
On reconnoît toûjours leur caractere,
Tout ce qu'ils font, ils le font noblement.
COMME l'Ouvrage étoit de longue haleine,
Il y falut maintefois revenir,

Mais

pour vous PRINCE,on ne plaint point fa peine, On eût voulu pouvoir ne point finir;

On s'y portoit gaïment, & je vous jure
Que de ces doux & délicats Journaux,
Onc un moment n'ennuya la lecture,
Jeunes & vieux les trouverent fort beaux.
OR quand chacun en eut fa fourniture,
l'on vint à parler d'Ecriture,
A demander Madrigaux ou Sonnets
D'après Marot, ou bien d'après Voiture,
Pour celebrer & chanter vos bien-faits,
Maint s'excufoit fur un Si, fur un Mais;

Et

que

Qui commença lors à baiffer l'oreille.

Non que chacun ne fentît dans le cœur
Tout le retour & la reconnoiffance,

Que méritoit votre Magnificence;
Mais l'entreprise à plus d'un faifoit peur:
Auffi n'étoit-ce une petite affaire

Car quoiqu'on fût charmé de vos bontez,
Rimer des Vers dignes d'être goûtez,

D'un Prince à qui l'excellent feul peut plaire,
Eft chofe, au moins, plus difficile à faire,
Que recevoir & manger des Pâtez.

QUE plût à Dieu, que de ce fel Attique,
Qu'en votre Cour on feme à pleine main
A notre Mufe écoliere & ruftique,
Dans les Pâtez fût venu quelque grain!
Que Malezieu, que Geneft le Lyrique,
Qui des bons Vers ont trouvé la fabrique,
Euffent daigné de leur Art tout divin
Nous enfeigner la fçavante pratique,
Ét nous prêter un peu de ce goût fin,
Qui fait partout prifer leur Poëtique;
Euffiez été, fans crainte de critique,
Servi plûtôt aujourd'hui que demain.

Mais, PR IN CE, helas! comme bien pouvez croire,
A nous chetifs n'appartient telle gloire 3.

Verg

Vers bien rimez ne cherchez point ici,
Ettelle quelle agréez notre offrande,
Plus n'en fçavons; peut-être de ceux-ci,
Oil des Pâtez ai tracé la légende,
PRINCE, rirez, & la Princesse aufsi;
Or riez-én, ne vous en faites faute;
Car vous le dis, PRINCE, fi vous comptez
Avoir des Vers qui vaillent les Pâtez,
Eft tout certain que comptez fans votre hôte.
Outre que l'Art chez nous ne va fi loin,
Trop bien fçavez, Prudent comme vous êtes,
Que dans ce tems, quoiqu'on cherche avec foin
Ef plus aifé de trouver au befoin

Bons Pâtiffiers, que trouver bons Poëtes.

EPITRE III.

A MONSEIGNEUR

L'EVÊQUE D'ANGERS.

Sur ce qu'il avoit mandé à l'Auteur, que n'entendant point parler de lui il l'avoit crû mort, & avoit dit nombre de De profundis à fon intention.

D

E vos nombreux & beaux De profundis,
Seigneur Prélat, bien grandmerci vous dis
Toûjours ai fait grand cas de vos prieres,
Toûjours de même en veux faire grand cas
Mais celles-ci font un peu meurtrieres,
J'en ai tremblé, je ne cele pas.

De ma frayeur, peut-être allez-vous rire,
Et vous direz que je m'alarme à tort;
A tout cela je n'ai qu'un mot à dire,
Deprofundis, femble appeller la mort
Et réciter dans la forme ordinaire
Avant le temps ce Pfeaume mortuaire,
C'est réveiller, comme on dit, chat qui dort

« AnteriorContinuar »