Mais tout cela fent le grimoire; Prenez bien garde à l'hameçon, Et crainte de tout malefice, Fermez la porte fans façon, Et lui dites, Dieu vous beniffe. Mais la charité...! mais enfin. On dit que le Diable est bien fin, Le drôle eft fait au badinage; C'eft un franc archipatelin, Sombre, fournois, fourbe & malin, Qui fçait jouer fon perfonnage, Et qui pour fonder le terrain, Va fouvent en pelerinage, Défiez-vous du pelerin.
Mais fans que le Diable s'en mêle,
Il s'en fait affez aujourd'hui ; Et quoi qu'on jette tout fur lui Ce n'eft pas toûjours lui qui grêle. Nous avons au dedans de nous
Un ennemi bien plus à craindre, Il porte les plus rudes coups, Et perfonne n'ofe s'en plaindre: Chacun l'excufe & le chérit Et s'il arrive quelque histoire,
On s'en prend au malin esprit A qui l'on en fait bien acroire. Il a tout fait, il a tout dit, On compte fort fur fon crédit. C'est lui qui fait qu'on fuit la peine, Et que l'on cherche le plaifir; C'est lui qui par la main nous mène Où nous porte notre défir.
C'est lui qui fait la médisance, C'est lui qui dicte la vengeance; ! C'eft lui dont l'afcendant certain Rend le foldat dur & barbare, woven Rend le noble fier & hautain,b oculi Rend le jeune homme libertin,
Et le fexagenaire avare:
Le fourbe dans ses trahisons, morpìot muuta.f Et le faint dans fes: Oraisons, ono na'y ?
Il est l'Auteur, ou le complice.v trot ung tip Hé, laiffons-le pour ce qu'ileftgv no'd a Name? Pourquoi faut-il qu'anos'imagineb (MLA om li Qu'il fait jouer comme il lui plaît
Les refforts de notre machine
On l'accufe de maint forfait,
Mais, à bien juger de l'affaire, Souvent ce n'eft pas lui qui fait, Il ne fait que nous laiffer faire. On fe livre à la volupté,
Parce qu'elle flatte & qu'on l'aime Et fi du Diable on eft tenté
Il faut dire la verité,
Chacun eft fon Diable à foi-même : Mais laiffons le Diable en repos,
reprenons notre propos. Que ferez-vous seule, ifolée Sur votre Rhune defolée, Que faire-là? Je n'en fçai rien; Mais vous pour elle fi zélée, Peut-être le fçavez-vous bien. Helas, fi j'en crois mes alarmes, Un cruel ennui vous attend
Ce Roc pour vous fi plein de charmes,
que par tout vous vantez tant, Vous fera bien verfer des larmes. Il me femble déja vous voir La tête fur la main panchée m Regretter l'ancien manoir:
D'où vous vous ferez arrachée, Et du matin jufques au foir, Trouver bien lugubre & bien noir Le nid où vous ferez juchée;
Difant fouvent d'un cœur contrit
Helas, on me l'avoit bien dit.
Mes avis feroient fuperflus; Courez, volez à l'hermitage, Partez, je ne vous retiens plus; Allez où votre cœur afpire, Vous n'y ferez pas long séjour; S'il reftoit quelque chofe à dire, Je le garde pour le retour.
Our peindre un Alexandre, il faudroit un Apelle: Charle eft l'Alexandre du Nord,
Du vainqueur de l'Afie il a l'air & le port, Et va du même pas à la gloire immortelle. Mais où trouver encore un Apelle nouveau ? Le Peintre manque au parallele.
Pour moi, bien au deffous de ce fameux modele, Je compte en prenant le pinceau, Moins fur mon art que fur mon zèle, Et fur le fujet du tableau.
Si dans les moindres traits je puis être fidèle, Le portrait fera toûjours beau.
Et d'abord, car je dois aux dons de la nature, * Cette piece fut faite en 1707.
« AnteriorContinuar » |