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Que fon heureux retour vous donne un nouveau

maître.

Que deviendrai-je donc ? Ah, c'est à vous de voir
Et le païs eft grand, vous pouvez vous pourvoir.
MANASSE'S.

Comme il a par malheur perdu fon heritage,
Vous voudrez bien qu'il rentre avec vous en par-

tage;

N'allez pas

avec lui chicaner fur vos droits,

Et qu'il ne faille pas vous le dire deux fois; Autrement, croyez-moi, vous auriez beau vous plaindre,

Un fort pareil au fien feroit pour vous à craindre;
Dépouillé de tous biens & chaffé fans retour
Vous pourriez bien aller gueuser à votre tour.
LE FILS.

Ah, Pere trop injufte, eft-ce la récompense,
Que je me promettois de mon obéïssance?

SCENE V.

LE FILS AISNE, MANASSE'S, AZARIAS, PHARE'S.

PHARE'S.

Mon Maître n'eft-il point en ces lieux ?

On

Grand repas,

LE FILS.

Me voici.

Des plaifirs de là-bas on vient m'inftruire ici.
Tout va-t-il comme il faut, la joie eft-elle pleine;
Je vois bien
que de moi l'on se passe sans peine ?
beau concert, rien ne doit ennuier?
Mais on ne m'a pas fait l'honneur de m'en prier:
Je ne merite pas qu'à ces foins on s'arrête,
Et ma vûë importune eût pû troubler la fête.

PHARE'S.

Ah, rejettez, Seigneur, un pareil sentiment;
Votre pere vous mande avec empressement,
Et lui-même vers vous à ce fujet m'envoie.
Jufqu'ici vorre abfence a fufpendu fa joie,
Votre frere à vous voir n'eft pas moins empreffé,

Ah, ne differez point, & par votre prefence
Venez mettre le comble à la réjouissance.
LE FILS.

Oui, c'est donc pour cela qu'on vous a dépêché? -
Et mon frere à fon char me veut voir attaché.
Peut-être il manqueroit quelque chofe à fa gloire,
Si je n'étois encor témoin de fa victoire;
Mais ce feroit pour lui trop de gloire en un jour,
Et je n'ai pas deffein d'aller groffir fa cour.

PHARE'S.

Helas! à ces foupçons vous laissez-vous surprendre,
Et les écoutez-vous contre un pere si tendre?
Ce qu'il fait aujourd'hui doit-il vous alarmer ?
Vous-même venez voir fi l'on peut l'en blâmer
Croyez-moi, vous aurez en voyant votre frere
Plus de pitié pour lui, Seigneur, que de colere
Il n'eft plus aujourd'hui ce qu'il fut autrefois,
Venez être témoin....

LE FILS.

Non, Pharès, je vous crois,

Vous pouvez retourner, j'approuve votre zele, Mais je crains de troubler une fête fi belle.

PHARES.

C'est la troubler, Seigneur, & plus cruellement,

Que de vous obftiner à cet éloignement.

Avec quelle douleur, quelle alarme cruelle entendra cette trifte nouvelle !

Votre pere

Mais bien-tôt fur mes pas, puifqu'il vous plaît ainfi, Lui-même il fe viendra juftifier ici.

SCENE VI.

LE FILS AISNE', MANASSE'S, AZARIAS.

LE FIL S.

Nfin l'on penfe à moi, vous voyez qu'on m'in

ENE

vite;

Mais on fe paffera fort bien de ma visite.

AZARIA S.

Voilà, voilà répondre, & parler comme il faut.

MANASSE'S.

Attendez-vous d'avoir encor plus d'un affaut; Mais fur le même ton foyez ferme à poursuivre, Et qu'une bonne fois ils apprennent à vivre.

AZARIAS.

Ah! c'eft trop en fouffrir, & de votre bonté

MANASSE'S.

Quoi donc avec un fils fi zelé pour lui plaire,

Eft-ce là comme doit en ufer un bon

pere ? Si contre moi le mien en eût fait la moitié, Je ne voudrois jamais chez lui mettre le pié.

SCENE VII.

LE FILS AISNE', MANASSE'S, AZARIAS, ELIA B.

A

ELIA B.

un

Llons ferme, pouffez jufques au bout, courage,
-Vous jouez-là tous deux un fort beau

nage;

Quelle fureur vous porte, infidelles amis
A femer la difcorde entre un pere & fon fils?
MANASSE'S.

perfon

En quoi meritons-nous un reproche semblable?
La conduite du pere eft-elle foûtenable ?
Nous lui verrons traiter un fils indignement,

Et nous pourrons tous deux l'approuver lâchement?

AZARIA S.

Juftifiez-lui donc, fi cela peut vous plaire,

L'étrange

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