Pour lui feul rien ne coûte: il faut à grand fracas,
Remplir l'air de concerts, immoler le veau gras;
Et moi lâche qu'on brave, à qui l'on fait injure,
Je verrat tout cela fans plainte & fans murmure?
LE PERE. :
Eh, mon fils, mes troupeaux ne font-ils pas à vous?
Ufez comme il vous plaît, & difpofez de tous:
Prenez, tuez, donnez, vous en êtes le maître,
Et le ferez toûjours quand vous le voudrez être.
Tout ce que je poffede eft à vous comme à moi,
Et vous pouvez ici donner en tout la loi.
Mais dans une avanture & fi douce & fi tendre,
De quelque excès de joie ai-je pû me défendre?
Votre frere étoit mort, & le Ciel l'a fauvé,
De perdu qu'il étoit, le voilà retrouvé.
Mais lui-même parqît, fouffrez qu'ils vous aborde.
LE PERE, LE FILS AISNE', L'ENFANT PRODIGUE, ELIAB, PHARE'S.
L'ENFANT PRODIGUE.
On retour, je vois bien, met ici la difcorde.
Sous quel aftre cruel faut-il que je sois né?
Au départ, au retour, toûjours infortuné,
Le fort qui me ramene, & celui qui me chaffe,
De mon mauvais deftin laisse partout la trace,
Et d'un trouble funefte empoisonnant les cœurs,
Semble fur tout le monde étendre mes malheurs.
C'est à moi de ceder au deftin qui m'accable,
Je fuis & le plus jeune, helas, & feul coupable.
La difcorde avec moi va s'éloigner de vous;
Coulez tous deux fans moi des jours heureux & doux;
Le Ciel aux malheureux quelquefois fecourable
Peut-être aura pitié de mon fort déplorable.
Ces mains pourront du moins m'aider à l'adoucir,
La misere au travail a fçû les endurcir ;
Ou bien la mort enfin fur mes maux attendrie
Finira mes malheurs, en finiffant ma vie.
FILS AISNE', L'ENFANT E, ELIAB, PHARE'S.
je vois bien, met ici la discorde. ftre cruel faut-il que je fois né? tour, toûjours infortuné, amene, & celui qui me chasse, deftin laiffe partout la trace, funefte empoisonnant les cœurs, le monde étendre mes malheurs. ceder au deftin qui m'accable, us jeune, helas, & feul coupable. vec moi va s'éloigner de vous; eux fans moi des jours heureux & doux; malheureux quelquefois fecourable ra pitié de mon fort déplorable. pourront du moins m'aider à l'aboutir, au travail a fçû les endurcir
mort enfin fur mes maux
malheurs, en finissant ma ve
Non, non, mon frere....
L'ENFANT PRODIGUE.
Helas, autrefois je le fus.
Mais je n'en fuis plus digne, & je n'y prétends plus. Hé quoi donc croyez-vous que ma faute paffée Puiffe jamais fortir de ma trifte pensée ?
Fils ingrat, frere indigne, enfant dénaturé,
Je vous ai fui tous deux, tous deux deshonoré ;
J'ai perdu tous les biens que j'eus pour mon par
Et j'en aurois perdu mille fois davantage
A ce qui refte ici ję ne prétends plus rien,
Tout eft à vous, ce font vos droits & votre bien
Et toute la faveur, la grace la plus grande,
Qu'après tous fes forfaits un malheureux demande,
C'eft, mon pere le sçait, je l'en atteste ici,
Lui qui m'ordonne encor de le nommer ainsi,
C'eft que vous permettiez que dans la fervitude.
J'expie auprès de vous ma noire ingratitude.
Heureux d'être fouffert dans le plus bas emploi,
Le rang de ferviteur eft encor trop pour moi.
LE FILS.
Ah, mon frere, je cede, il faut rendre les armes.
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