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Et s'ils on l'air un peu Chinois,
Il ne faut pas qu'on s'imagine,
Que cette marchandise-là

Ne fe

peut trouver qu'à la Chine. C'est beaucoup dire, mais holà, On en trouve parci par là,

Aux païs Chinois & dans d'autres,
Et même fans aller fi loin,
Qui les chercheroit avec foin
En pourroit trouver dans les nôtres.
A tout hazard gardez ceux-ci,
La dépense n'en eft pas grande,
Je vous les livre tous ici,
Leurs femmes & le Diable auffi,
Qui s'eft faufilé dans la bande;
Et pour le prix que j'en demande
Il fuffira d'un grandmerci,

Vous me direz c'eft cas étrange,
Qu'ils ont ces bons hommes fi bons,""
Toûjours le Diable à leurs talons,mal
Et qu'on n'y trouve jamais d'Ange.
Le fait cft für & trop certain,
Mais qu'y faire? C'est leur deftin.
Job en fon tems fut un bon homme,

L

Et vous fçavez pourtant en fomme, le pauvre malheureux, Durant un tems long & fâcheux,

Qu'il eut,

Sa femme & le Diable à fes trouffes.
C'étoit trop d'un; mais qui des deux
Donna de plus rudes fecouffes,
C'eft de quoi l'on difpute fort;
Et même on dit que la Sorbonne
Sur ce point là n'eft pas d'accord.
Mais qu'une femme aimable & bonne
Puiffe rendre heureux un Epoux,
Je n'en ai vû douter perfonne,
Nos Docteurs nous l'affurent rous;
Et fi je doutois du contraire
Pour fçavoir le vrai de l'affaire
Je n'irois confulter que vous.

****** 3+*+ 3

EPITRE VIII

A MONSIEUR ***.

E vous redemande mes Vers,

JEt vous m'en envoyez des vôtres

J'y gagne plus que je n'y perds,
Ils valent les miens & bien d'autres,
Mais, à vous parler franchement,
C'est toûjours répondre en Normant,
Pardonnez ce petit reproche
A mon jufte reffentiment :
Un Poëte ordinairement

'A toûjours quelque trait en poche,
Que fon corroux malin décoche,
Sans fonger fur qui, ni comment,
Dès qu'il voit devant lui qu'on cloche:
Or pour ne point vous le mâcher,
Vous êtes né fous un clocher

Ou

pour fauver une anicroche

La langue eft fujette à clocher.

Vous êtes fort heureux en rime,

Et je conviens que du Royer

Rime fort bien avec Boyer;

Mais un sçavant maître d'escrime,
Pour ne rien devoir qu'à fon art,
Auroit évité, ce me semble,
Ces deux beaux noms que le hazard
A fait fi bien rimer enfemble.
Paffe encor que pour une fois
Par néceffité l'on les mette;
Mais le rimeur eft aux abois
Qui dans douze vers les repete.
Vous avoüez de bonne foi,
Que la rime eft foible de foi

Et vous priez qu'on vous la paffe ;
Elle eft de trop mauvais alloi,

Et je ne puis vous faire grace.
Mais je vous donne un bon confeil,
Sans faire rimer l'un à l'autre,
Le nom de Boyer & le vôtre,
Faites rimer en cas pareil,

Quoi qu'on en dise & qu'on en glose,
Du Royer avec du Royer,

Comme Boyer avec Boyer,

Corrigez votre plaidoyer:

Corrigez, mon cher, & pour cause,
Quand la rime aux regles s'oppose,
Il vaut mieux fans tant tournoyer
Baiffer le ton & parler profe.

Je conviens qu'à ce défaut près
Vos Vers ont d'affez jolis traits;
Mais ce petit défaut les gâte,
Outre qu'ils font trop fans apprêts
Et femblent faits fort à la hâte.
Excufez ma fincérité,

;

Je crains votre facilité
Elle vous flatte, elle vous tente,
Mais c'est un dangereux écueil;
Parce qu'un terme se présente,
Il ne faut pas lui faire accueil.
Quand de fon travail on eft chiche,
On ne fçauroit aller bien loin,
La rime n'eft jamais trop riche,
Et demande beaucoup de foin.
Entre cent choisissez-en une

Et ne la mettez que par

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choix

Dès que la rime eft trop commune
Le rimeur perd bien de fes droits,

L

Er

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