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Et

pour

De comparoître à certaine journée
En certain lieu qu'on appelle Viri,
Pour décider de la meilleure année
De ces vingt-neuf: la chose examinée,
Ce fera celle où vous aurez plus ri.
Jusqu'à ce temps, fi m'en croyez, beau Sire,
Rirez toûjours, ne fçauriez faire mieux,
cela je fupplîrai les Dieux
De vous donner fouvent fujet de rire.
Sur-tout ces ris bien revûs en détail
Pour le paffé l'affaire étant reglée,
Nous fongerons à faire un nouveau bail :
Votre famille y doit être appellée,
Et fur cela ne vous plaindra fes foins.
Puis ne voulant rien faire à la volée
Il fera bon d'avoir quelques témoins.
Nous prendrons donc mes amis & les vôtres,
Tous bonnes gens, & tels qu'il nous les faut,
S'y trouvera qui le voudra des autres
Et plaife à Dieu que n'y faffe défaut.

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************** EPITRE X V.

A MONSIEUR

A*** DE M

* *

J'eft-ce donc, entre-nous, que cette fluxion,
Qui fur vos pieds fe coulant par furprife,

Les a mis depuis peu fous fa fujettion ?
En vain sur ce point-là mon efprit fubtilise;
Après un jour entier de méditation,
Cette importante question

Chez moi refte encore indécife.
Je compatis beaucoup à votre affliction;
Mais comment,s'il vous plaît, faut-il qu'on la baptife!
On attend fur cela votre décifton.

Ne feroit-ce point une entorce?
Les Medecins difent que non.

Je les contredirois, fi j'en avois la force;
Pourtant faut-il que ce mal ait un nom.
Ne le pourroit-on pas qualifier d'enflure ?
Ce nom qui conviendroit, ce me femble, affez bien,
Met à couvert de la cenfure,

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Et n'engage d'ailleurs à rien.

On pourroit même encor, s'ajuftant au theâtre,
Le décorer du nom de crampe opiniâtre,
De foulure de nerfs, de maligne tumeur,
Je ne fçais de ces noms lequel eft le meilleur.
Vous me direz, & que m'importe?

La douleur qui m'accable occupe tous mes foins;
Qu'on baptife mon mal ou d'une ou d'autre forte,
Couché fur mon grabat je n'en fouffre pas moins.
Fort bien; mais ai-je tort pourtant, quand je fuppofe
Qu'un beau nom dans nos maux foulage notre ennui?
Quelque douleur que le mal cause,

J'ai cru fouvent remarquer qu'aujourd'hui
On s'inquiete plus du nom que de la chose.
Mais lorsque vous aurez obtenu guerifon
De ce mal douloureux que fous maint fynonyme
J'indique doucement & qu'enfin pour raifon
Dans mes vers je laiffe anonyme;

Informez-vous un peu, fi, comme je le crains,
Mon payeur que je crois galant homme fans doute,
N'auroit point par hazard, je ne dis pas la goute, o
Mais du moins quelque crampe ou quelque enflure

aux mains.

*ሩ

PIECES

CRITIQUES.

LA VALISE DU POËTE,
Ou caprice au voyage de Lucienne proche de Marly.
ORSQUE je parts pour la campagne,

Je fais toujours de grands projets :
Poëtes font affez fujets

A bâtir châteaux en Espagne,.

Et bâtiffent à peu de frais.
Pour moi d'abord je me figure,
Que quand je verrai des forêts,
Des colines, de la verdure,
Et que j'entendrai le murmure
Des ruiffeaux qui dans les Guerets,

Les vers ne tariront jamais.

Pourrai-je voir une fontaine
Entre des cailloux ruiffeler,
Sans m'imaginer que ma veine
S'en va tout de même couler?
Cherchant des routes inconnuës,
J'irai me perdre dans les bois,
L'Echo doit répondre à ma voix
Et la renvoyer dans les nuës
Sans qu'il foit befoin d'implorer
Apollon, ni fes neuf compagnes,
Dans les bois & dans les campagnes,
La moindre fleur va m'infpirer.
Ainfi je garnis ma valise
De plumes, d'encre, & de papier;
Fort peu de livres & de mife,
Que j'ai grand foin de bien trier.
Chacun a fon goût, mais Horace,
Par droit, ou par entêtement,
Tient chez moi la premiere place.
Peut-être les rangs au Parnasse,
Se trouvent reglez autrement;
Mais quoiqu'on dife, & quoiqu'on faffe,
Je lui donne, fans compliment,

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