SIMPLICE à Mercure. Prêtez votre coëffure, Pour voir un peu comment cela fera, MERCURE lui donne fon bonnet que tous examinent, & que Simplice met enfin fur la tête Voyez moi ce petit Mercure. SIMPLICE faifant effort pour voler. Ah... point, je n'y fuis pas... encore... m'y voici... Point du tout. Montrez-nous comment se fait ceci. MERCURE reprenant fon chapeau. Vainement votre efprit s'agite & se mutine Pour prendre fur le champ fon vol. Le corps le fixe à terre, & fent toûjours le fol Dont il tire fon origine. PAMPHILE. On ne fe laffe point de vous interroger. MERCURE. Oui, par la plaine Ethérée. EUGENE. Le chemin eft bien long, je penfe, au Firmament. MERCURE. Fort long: mais le voyage est de courte durée ; Au Ciel, comme aux Enfers, l'on paffe en un mo ment. POLYTROPE. En voyageant sous la voute azurée Vous aurez vu les étoiles de près. Eft-il vrai qu'elles ont de fi charmans attraits? Sans doute. MERCURE. PROTHYME. Pourquoi donc en fuyant notre vuc Je croirois volontiers que de leur influence MERCURE. C'est un morceau friand, oui, que cette fcience: PAMPHILE. C'eft au Ciel qu'on en fçait le fin. Qu'eft-il ce Ciel au vrai? je fuis gros de l'ap prendre. MERCURE. C'est le féjour des Dieux. PAMPHILE. Oui, nous le voyons bien : De Prométhée auffi c'eft l'unique entretien ; Les Dieux tracent leur gloire au sein de leur em pire : Il faudroit être fou pour ne pas y foufcrire : Mais que ne font-ils comme vous ? Ce feroit le plus court de se montrer à nous. Tout beau, votre efprit perd haleine: C'eft bien à vous, jeune homme, à commander aux Dieux, FRONIM E.. Mercure a raifon : faifons mieux ; Qu'il nous prête fon aile, ou bien qu'il nous entraîne, Et voyageons nous même aux Cieux : EUGENE. Fort bien nous verrons tout fans voiles, SIMPLICE. Nous vous vifiterons, Mesdames les étoiles. Dans la Lune, pour moi, j'irai droit me loger Car j'aime, comme elle, à changer. MERCURE. Ce logement eft fort commode : Vous en établirez affurément la mode. POLYTROPE. Cela fera nouveau de voir d'un œil hardi Mais férieusement feroient-ce point des mondes ? Vous ne répondez rien : nous en demandons trop. Comment répondre à tout? vous courez le galop. (à part.) Enfin je les connois; je tiens leur caractère: Qu'avez-vous? PAMPHILE. MERCURE. Je fongeois que j'ai certain trésor Qui pour répondre à tout feroit bien votre affaire: Vous fçauriez tous ces points & beaucoup plus encor. Je pourrai vous l'offrir, fi cela peut vous plaire. TOUS enfemble. Un Tréfor! MERCURE. Oui. PAMPHILE avec empressement. MERCURE. Je ne dis pas de quoi? Mais par lui vous ferez auffi fçavans que moi. SIMPLICE. Donnez donc ce Tréfor vêtement, je vous prie, EUGENE. L'avez-vous là ? montrez : POLYTROPE. Eft-il là quelque part PROTHY ME. L'auriez-vous caché par hazard? FRONIME. Où ? parlez. Vous riez. MERCURE. Il faut bien que je rie Vous ne me donnez pas pour répondre un moment, PAMPHILE. Que ne parlez-vous promptement? Ce Tréfor eft au Ciel : il faut que j'y remonte. EUGEN E. Vous ne reviendrez point: vous nous jouez d'un tour. POLYTROPE. : Vous reviendrez mais quand ? Vous nous bercez d'un conte Non; avant qu'il foit peu je ferai de retour : Mercure, ah! foyez für de toute ma tendreffe; EUGENE. MERCURE s'en allant. J'entends, vous aurez le Tréfor (à part.) Oui certe, & l'on verra par fa propre manie La curiofité fatisfaite & punie. PAMPHILE allant après lui. Ne perdez point de tems. MERCURE dans le fond du Theatre. Je vais prendre l'effor. (Il difparoît.) |