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tel qu'il l'avoit remoderné. Charles Coypel, fils d'Antoine, également premier Peintre du Roi l'avoit confervé, avec cette espèce de vénération, que les véritables Amateurs ont pour les choefs-d'oeuvres de l'Art. Enfin, j'en ai fait l'acquifition à la mort de ce dernier ; & je me fuis déterminé à cette emplette, autant par fes beautés réelles, que par la prévention favorable que l'on doit avoir pour des morceaux avoués, choifis & poffédés par

des Artistes.

Ce Buste entier, & tel qu'il a été jetté en Bronze, a dix-neuf pouces, fix lignes de hauteur; la Tète Antique a neuf pouces, fix lignes.

No. II.

CETTE belle Tête de Marbre, grande comme Nature, dans une belle proportion, eft du plus beau travail. Cependant le cizeau eft un peu plus fec que celui de la précédente, principalement dans les chairs du vifage: car la beauté des cheveux, l'arrangement de la bandelette, ou diadême, dont la tête eft ceinte, ne peuvent être ni mieux travaillés, ni mieux compofés. On ne peut douter que ce ne foit un Portrait; mais il nous eft inconnu. Au refte, la tête feule eft antique, & je n'ai point rapporté le Bufte; il a été ajouté en Italie avec foin; on lui à même donné un habillement Romain, fans goût, & contre le coftume.

Les Italiens font peu de pareilles fautes; mais dans cette occasion c'eft du Marbre tout fimplement bien cou pé. Ce Buste étoit dans le Cabinet de M. le Chancelier de Pontchartrain.

Sa hauteur totale eft de deux pieds, quatre pouces & de-· mi; la tête jointe à une portion du col, a onze pouces de hauteur.

No. III.

LA Figure représentée fous ce No. eft gravée d'après une Cornaline qui m'a été envoyée de Florence par M. le Baron de Stofch, que j'avois prié de me choifir une pierre gravée, pour une perfonne de ma connoiffance. Voici ce qu'il m'écrivit au fujet de cette Pierre.

Je crois la gravure être de Diofcoride, & (je crois) que vous approuverez mon choix. Depuis dix ans on ne m'a offert aucune gravûre d'indubitable Antiquité plus belle

celle-ci.

que

Cette Figure paroît, au premier afpect, repréfenter Hercule. Elle eft ornée de tous les attributs de ce Héros, comme la maffue, la peau de Lion, l'arc même. Cependant la jeuneffe & le caractère de la tête me feroient croire que la Pierre eft plutôt la représentation d'un jeune Athlète, qu'un Artifte Grec aura comparé à ce demi- Dieu. La guirlande de feuilles placée fur le Cippe femble confirmer cette opinion. Elle me paroît avoir plus de rapport à quelques victoires des jeux de la Grèce, qu'à aucun des travaux d'Hercule.

PLANCHE XLIX.

N°. I.

CE Poids trouvé, il y a très-peu d'années, dans l'lfle de Chio, a été envoyé à M. Pelerin. Il a bien voulu me le prêter, pour le joindre aux Antiquités dont je cherche à enrichir ce Volume. Malgré mes foins, je ne me flatte point de trouver fouvent des Monumens qui puiffent égaler celui-ci en rareté, & en fingularité. 'Il est de plomb, & pèse aujourd'hui deux livres quatre onces fix gros & demi, poids de Paris. Il paroît n'avoir fouffert aucune altération. On a feulement voulu connoître le métal par un effai fur une des tranches; & cet effai paroît avoir été

fait fi légèrement, que l'on peut, je crois, compter fur le poids de deux mines, marqué en caractère de relief, derrière la figure du Sphinx. Le Sphinx pofé fur l'Amphora, tel qu'on le voit fur ce Monument, fe trouve rarement fur les Médailles de Chio. Il est vrai que lorfqu'on y rencontre cet Animal fantastique, il est toujours groupé avec un Vafe de pareille forme, mais difpofé d'une autre façon. On ignore la raifon d'un tel affemblage.

Je ne crois pas que ce Monument ait jamais été préfenté au Public. Je le rapporte d'autant plus volontiers, qu'il peut contribuer à l'évaluation des Poids & des Monnoyes, pour le temps de la Grèce dans lequel il a été frappé, ou moulé, au moins pour l'Ifle de Chio. Tel qu'il eft, j'ai cru devoir, pour remédier aux inconvéniens de fa matière, le faire mouler, ou jetter deux fois en cuivre, pour en déposer une Copie exacte & précise, dans le Cabinet du Roi, & l'autre dans celui de quelque Communauté de Paris. Et pour faire connoître ces Copies, elles ont un renvoi à cette explication.

gran

Ce Monument eft repréfenté fur la Planche, de la deur précife de l'Original. Son épaiffeur est fort inégale ; mais elle eft de fept lignes dans le plus fort.

La Figure eft bien entendue, de bas-relief, & l'on peut y remarquer ce goût large que les Grecs ont exprimé, jufques dans les chofes les plus communes. Il eft cependant fingulier qu'un poids, c'eft-à-dire, une chofe publique, avouée, & qui doit être dans les mains de tout le mon de, n'ait point été exécutée fur un corps travaillé avec plus de foin, ni fur une matière plus folide.

No. II.

LE Poids, dont je viens de parler, eft orné d'un bas-relief trop femblable,à plusieurs égards,au revers des Médailles des Antiochus, pour n'en pas faire une forte de mention. Je ne ferai point l'Hiftoire de ces Princes; mais après avoir

dit

dit, que Vaillant, Gefner, le R. P. Froelich, &c. n'ont point rapporté la Médaille que je donne, j'affûrerai qu'elle eft unique jufqu'à préfent, & qu'elle fe conferve dans le Cabinet du Roi. L'explication fuivante eft telle que M. l'Abbé Barthélemy a bien voulu me la donner; elle eft fommaire, & fuffit pour un Livre, qui n'a pas l'étude des Médailles pour objet.

Cette Médaille représente d'un côté un Vase renfermé dans une Couronne de Laurier; au-deffus du Vase on lit ces mots ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΧΟΥ du Roi Antiochus, & au-deffous cet autre mot Grec AMPON, ou AMPO, dont je tâcherai bien-tôt de donner l'explication. Aurevers eft un Sphinx, au-deffous duquel on voit ces trois Lettres HΣ: elle diffère totalement pour la fabrique & le travail, de celles des Rois de Syrie, & fournit par la même raison deux points à examiner. 1°. Dans quel lieu elle a été frappée. 2°. Quel eft le Roi de Syrie, dont elle porte le nom. Le premier fe trouve éclairci, par la comparaifon qu'on peut faire de la Médaille avec celles de l'Ile de Chio.

C'est de part & d'autre le même goût de travail, le même argent, la même forme, le même poids: enfin, les mêmes Symboles. Ce point étant donné, il ne refte pour réfoudre la feconde Question qu'à trouver dans l'Hiftoire un Roi de Syrie, qui ait été maître de l'Ifle de Chio. Il

ne faut pas le chercher parmi les Succeffeurs d'Antiochus III. parce que dans le fameux Traité que ce Prince fit avec les Romains, il fut obligé de renoncer à tous les Pays fitués en-deçà du Mont Taurus, & que depuis cette époque, les Provinces & les Villes Occidentales de l'Afie mineure ne retournèrent plus aux Rois de Syrie.

Avant Antiochus III. les Villes d'Eolie & d'Ionie, dont le fort paroît avoir toujours réglé celui de l'Ifle de Chio, furent tour-à-tour foumifes aux Rois de Syrie, de Ma cédoine & d'Egypte, & jouirent dans certains intervalles d'une parfaite Autonomie. C'eft ce qui paroît par la ré

*T

Maron. Oxon.

Tite-Live. 1. 35. ponse que les Ambassadeurs Romains firent au Roi Antiochus lui-même, & par le decret des Smyrnéens, où il est dit que Séleucus-Callinicus avoit confirmé dans la Ville de Smyrne l'Autonomie, & le Gouvernement Populaire, & où les Magnéfiens promettent de fe joindre à ce Prince, & de faire alliance avec lui.

Liv. 36.

Cet exemple, & d'autres femblables qu'on pourroit citer, montrent que les premiers Rois de Syrie refpectoient jufqu'à un certain point les Priviléges des Villes Grecques, qui bordoient l'Afie mineure du côté de l'Occident, & donnent lieu de conclure que quand même Antiochus Premier, & Antiochus II. auroient poffédé l'Ifle de Chio, ils n'auroient pû faire mettre leur nom fur la Monnoye qu'on y frappoit.

Vers l'an 116 de l'Ere des Séleucides, 197 avant l'Ere vulgaire, Antiochus III. s'empara d'Ephèfe, & les Villes voifines lui ouvrirent leurs portes, à l'exception de Smyrne & de Lampfaque, qui prétendoient être libres, & qu'il fit affiéger. Il paroît que dans ces circonftances l'Ifle de Chio reftée fans défenfe, & ouverte de tous côtés, fubit le joug du Vainqueur, & qu'elle refta fous l'obéiffance d'Anthiocus, jufqu'à l'an 122. de l'Ere des Séleucides, que les Romains paffèrent en Afie pour combattre Antiochus. Tite-Live dit, que de Delos ils fe rendirent dans un Port de l'Ifle de Chio, nommé Phanas. Antiochus fut vaincu dans cette Guerre, & Chio ne revint plus aux Rois de Syrie. On peut donc conjecturer que la Médaille du Cabinet du Roi a été frappée dans l'intervalle écoulé depuis l'an 116. de l'Ere des Séleucides, & que le nom du Prince, eft celui d'Antiochus III. furnommé le Grand.

On voit fur ce même côté dea Médaille un mot qui présente de nouvelles difficultés. Il femble d'abord qu'on doit lire AMPON; mais il ne refte que quelques traits de cette ΔΩΡΟΝ dernière Lettre: & ces traits, à la rigueur, pourroient être

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