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treffe Hiereia ou Sacrificatrice égorgeoit. Ainfi les fonc-
tions feroient feules la différence de ces deux noms.
J'observerai encore que les membres épars, les coûteaux,
les plats, les offemens répandus fur ces bas-reliefs, peu-
vent avoir autant de rapport à des opérations de Chirur-
gie, qu'à des Sacrifices humains, que je croyois être
indiqués par cette compofition bifarre. On ne voit au-
cune trace de cette barbarie dans le culte de Minerve.
J'ajoûte que
les caractères de ces deux Inscriptions indi-
quent par leur forme un temps récent, & dans lequel
on peut encore moins admettre une pareille idée.

Au refte, ce Monument eft une énigme que je propofe aux Sçavans. Je les invite à s'exercer fur cette matière, digne de leur critique : ils parviendront peut-être à nous expliquer l'objet de ces deux marbres finguliers.

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CE Grenat taillé en Cabochon, eft non-feulement de la plus riche couleur, au jugement des Jouailliers, mais il eft de la plus grande épaiffeur; car cette épaiffeur eft de trois lignes au-deffus du Chaton. Il représente l'avant-main d'un très-beau Cheval. Le choix de la pierre & plus encore la beauté du travail, enfin le nom d'Aulus, célèbre Graveur, dont le temps a refpecté plufieurs Ouvrages, rendent cette petite Antiquité fort recommandable. On eft d'abord porté à croire que c'eft ici un Cheval victorieux, que fon Maître a fait graver par reconnoiffance. Cette idée eft appuyée fur un ufage commun aux Grecs, & fur le témoignage de Paufanias, qui cite entre-autres le Cheval Elide, pag. 34. de bronze que Crocon d'Erétrie confacra comme un Mo-(lib. 6. cap. 14. nument de fa victoire à la courfe des Chevaux. Mais la réflexion détruit cette brillante conjecture. En effet, cet

pag.485.)

animal n'eft point dans l'attitude allongée & abandonnée que la course exige; on pourroit plutôt le regarder comme un Cheval qui fe câbre, mais le défaut de croupe empêche abfolument de décider. Quoi qu'il en foit, il eft plus fimple d'imaginer qu'Aulus, frappé de la beauté de l'avant-main d'un Cheval réel, ou exécuté en fculpture par quelque Artifte célèbre, aura voulu le rendre immortel par fon Art. Le nom de ce fameux Artiste gravé für cette pierre, me donne occafion de placer ici quelques réflexions fur la façon dont ces lettres étoient

travaillées chez les Anciens.

Il eft conftant que les Grecs ont rendu les caractères tracés fur les pierres avec une égalité, une précision, une fineffe, dont il n'a pas encore été poffible aux Modernes d'approcher. Les Romains, quoique plus voifins de ces fiècles & de ces Peuples éclairés, ont également malréussi dans cette méchanique de l'Art. J'ai peine à croire que les grands Artiftes ayent pû s'affujettir & fe foûmettre à une pratique auffi froide & auffi fervile, quoiqu'elle éxige beaucoup de talens; & je fuis perfuadé qu'il y avoit dans la Grèce des Ouvriers particuliers pour former ces lettres. Plus on répète dans un pays certains Ouvrages, plus on y multiplie & l'on rend faciles les moyens de l'éxécution. Si l'on ne faifoit qu'un petit nombre de Montres par an dans Paris, chaque Horloger feroit obligé de travailler lui-même toutes les roues & les autres pièces du mouvement: mais comme on en compose un nombre infini, il y a des Ouvriers particuliers pour chaque partie de cette belle machine. Ainfi les Grecs, chez qui l'Art de la gravûre étoit commun & familier, devoient avoir également des Ouvriers pour les lettres qu'ils faifoient entrer dans leurs Ouvrages. J'établis cette probabilité fur les raisonnemens fuivans.

D'abord on remarque dans ces caractères une certain e conformité qui étonne; les efpaces y font toujours bie n

́obfervés, ainfi que les à-plomb. Aucune lettre ne s'y trouve oubliée, on y rencontre jufqu'aux plus petits détails; on 'diftingue parfaitement les Dialectes. Toutes ces chofes, toutes ces attentions fcrupuleufes font à la vérité nécessaires; mais un homme de génie eft incapable de s'y prêter. D'ailleurs, les Grecs avoient des Graveurs au touret, particuliers pour les lettres car dans leurs mariages ils étoient dans l'ufage de donner les noms des mariés fur des pierres aux parens, ou à ceux qu'ils invitoient à la Cérémonie. Dans d'autres occafions, ils gravoient fur des pierres, des vœux qu'ils formoient pour la profpérité d'un particulier, ou pour le bonheur de la Patrie. Nous trouvons encore fur les mêmes gravûres des devises, des diftiques. On en peut voir une infinité d'éxemples fur des pierres gravées en creux, & en relief, fur des Agathes de deux couleurs. Ces petits Ouvrages demandoient de la célérité; car la nature & l'emploi de ces préfens ne permettoient pas qu'on fût long-temps à les préparer. Ainfi, il y avoit des Ouvriers pour les éxécuter, & les éxécuter promptement. Cette opinion est plus vraisemblable, que de croire que les Solons, les Diofcorides, les Aulus, & tant d'autres Artistes célèbres, dont nous admirons les chefs-d'œuvres, ayent prophané leur Art & leurs talens par un travail aussi-vil & auffi-bas. Il est plus naturel de penfer que ces grands Hommes chargeoient eux-mêmes les Ouvriers, dont j'ai parlé, de former les lettres dont ils vouloient accompagner leurs Ouvrages.

C'est ainfi que nos Graveurs en cuivre, après avoir fini leur compofition, laiffent à d'autres le foin de tracer les caractères qui doivent expliquer le fujet de la Planche, & confacrer leur nom & celui du Peintre. Ces lettres pourront occafionner dans les fiècles à venir, les mêmes réflexions par le rapport général qu'elles auront entre-elles; il eft femblable à tous égards, à celui qu'on peut remar

quer fur les Ouvrages Grecs. Il eft cependant véritable que le Carache, & quelques autres Maîtres anciens, ont écrit eux-mêmes ce qu'on devoit lire fur leurs Planches. Mais comme il n'y avoit point alors d'homme qui se livrât tout entier à cette manœuvre ; cette objection feroit une raison de plus en faveur de mon opinion.

No. II.

CETTE Cornaline fert de preuve à la conjecture établie dans le N°. précédent. Elle porte cette petite Infcription gravée en creux : AEYKAC KAAE XAIPE; Salut au beau Leucas. Rien n'eft plus fimple, & par conféquent plus dans le goût des Grecs. Les lettres font belles & correctes, ainsi que toutes celles que j'ai eu occasion d'éxaminer fur ces Monumens, foit en creux, foit en relief. Je pourrois groffir ce Volume par une infinité d'éxemples, qui prouvent l'usage de graver fimplement des caractères fur les pierres, pour exprimer, comme je l'ai dit, des fentimens particuliers, des devifes, des diftiques, &c. je ne rapporterai que cette Agathe-Onice de deux couleurs; elle renferme une Sentence qui peut fervir de devife à quiconque fe pique de Philofophie. Les mots font gravés de relief, & l'on ne peut douter de leur antiquité.

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