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Voyez de l'Attique, pag. 61. (1. 1. c. 20. p. 46.)

tre leur nom à la poftérité. Une pierre, un morceau de marbre, de bronze ou de terre-cuite, chargés de quelques caractères, apprendront qu'ils ont vécu; & cette idée flatte leur amour-propre. Les Trépieds étoient dans la Grèce, ce que les Couronnes & les Boucliers votifs furent dans la fuite des temps chez les Romains, c'est-àdire, des offrandes plus ou moins chères.

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Ces Trépieds étoient offerts indifféremment à tous les Dieux: «Du Prytanée, ( dit Paufanias, en décrivant la » ville d'Athènes) vous defcendez dans la rue des Trépieds, ainfi appellée, parce qu'on trouve dans cette rue plufieurs Temples confidérables, dans lesquels il y a quantité de Trépieds de bronze. » Mais fi l'on en voyoit un auffi grand nombre dans Athènes, combien en devoit-on trouver à Delphes, à Delos, &c. enfin dans les Temples où l'on rendoit des Oracles? Les Divinités que l'on y révéroit, furent auffi celles qui confervoient toujours un plus grand rapport avec la première inftitution des Trépieds.

L'Oracle de Delphes ordonna qu'on en offriroit cent à Meflenie, pag. Jupiter. Les Mefféniens en proposèrent cent de bois. 359. (1. 4. C. 12. Un Lacédémonien en fabriqua un pareil nombre de terrep. 310.) cuite, qu'il porta lui-même à Ithome, où il les déposa dans le Temple de Jupiter. Ce qui prouve, en premier lieu, l'abus que l'on faifoit de ces fortes d'Offrandes ; & en fecond lieu, que la grandeur & la matière étoient indifféBaotie, p. 256. rentes. Prefque tous les Enfans qui avoient éxercé le Sa(1.9. c. 10. pag. cerdoce d'Apollon chez les Thébains, laiffoient un Tré730.) pied dans le Temple.

Les Trépieds étoient auffi donnés pour récompenfe au mérite. Héfiode en remporta un pour prix de Poëfie à Bootie, p. 294. Chalcis fur l'Euripe. Echembrote en offrit un de bronze (1. 9. c. 31. pag. à Hercule, avec cette Infcription: Echembrote Arcadien a dédié ce Trépied à Hercule, après avoir remporté le prix aux Phocide, p. 332. jeux des Amphictyons.

771.)

(1. 10. c. 7. pag. 814.)

L'on voit par les exemples que je viens de citer, une partie des raifons qui rendirent ces Ouvrages fi communs chez les Grecs. Mais je ne dois pas oublier de rapporter un Groupe de marbre, dont parle Paufanias; Monument indécent pour les Dieux, mais qui fait honneur aux Trépieds. Hercule & Apollon font représentés fe difputant un Trépied, ils font prêts à fe battre, mais Latone & Diane retiennent Apollon, & Minerve appaise Hercule. Après ces confidérations générales, je reviens à ce qui a plus de rapport à mon objet, c'est-à-dire, aux Arts. Examinons les ornemens dont les Trépieds étoient susceptibles, & la place que ces ornemens occupoient. Ces fortes d'Ouvrages qui font parvenus jufqu'à nous & ceux dont les Auteurs nous ont laiffé la defcription, appuyeront mes conjectures.

Il faut avouer que ces morceaux font rares à trouver bien confervés. Leur matière a caufé leur deftruction. Les Cabinets de Paris n'en préfentent que de très-petits, & d'une grande fimplicité. D'ailleurs, tous ceux que j'ai vûs font conftamment Romains. Les études que Sali, Sculpteur du Roi, a faites à Rome, m'ont fourni le Trépied que je présente ici. Le nom de l'Artiste qui l'a copié, ne permet pas de douter de l'éxactitude & de la précifion de fon Deffein. Quand même ce morceau ne m'auroit pas fervi à confirmer mes idées, je l'aurois fait graver à caufe de l'élégance du trait & de la beauté de fa forme.

Ce Trépied trouvé dans la maison de campagne d'Adrien, augmentera, fans doute, les tréfors du Capitole, & fera gravé dans le fuperbe Recueil dont nous attendons la fuite avec impatience. Peut-être ne parlera-t-on pas des Trépieds en général. Il en eft si souvent fait mention, que tout le monde croit les connoître. D'ailleurs, les Italiens font fi riches en Monumens de l'Antiquité qu'il leur eft bien permis d'en négliger quelques parties.

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Phocide, p. 345. (1.10. c. 13. pag. 830. & 1. 3. c. 21.

pag. 265.)

Phocide, p. 346.

830.)

Mais s'ils entrent dans le même détail, je ferai charmé d'avoir propofé mon opinion. La différence des fentimens ne doit fervir qu'à conduire à la vérité.

La hauteur de ce Monument, qui eft d'environ cinq pieds, felon ce qu'on m'en a dit, prouve qu'il n'a point été fait pour l'ufage, & qu'il n'a été deftiné que pour une offrande. Il est de pierre de Touche, & du plus beau travail Grec. C'est tout ce qu'on en peut dire; mais il autorise les réflexions qui fuivent, & que j'ai voulu établir fur un Monument capable de fixer les idées du Lecteur.

Le noyau, ou le pilier montant, qui porte la cuvette, peut être formé par une ou une ou plusieurs Figures. Il étoit permis de varier ces Figures dans l'efpèce, & dans les proportions. Cette propofition eft fondée fur la poffibilité & la raifon de l'Art. Paufanias m'en fournit d'ailleurs une preuve.

Après la victoire de Platée, dit-il, tous les Grecs cru(L. 10. c. 13. P. rent devoir faire un préfent à Apollon, & lui donnèrent un Trépied d'or, foutenu par un Dragon de bronze. Or, ce Dragon ne peut avoir occupé que la place du noyau, ou du montant, qui dans ce Trépied eft figuré par une efpèce de colomne torfe, & moulée.

Nous fçavons par une infinité de Monumens, que les trois pieds qui font l'effence de ces morceaux d'ornemens, ont eu différentes formes; mais en les admettant dans celles des Pilaftres, qui étoient les plus générales, leurs parties plattes, plus ou moins larges, ont pû être ornées de bas-reliefs, & de ces gravûres fines & délicates, dont il paroît que les Grecs ont fouvent pratiqué l'ufage. Pour fe convaincre de ce fait, il ne faut qu'examiner la Description du Trône de Jupiter Amicléen, que Laconie, p. 196. Paufanias nous a confervée. Il femble que toute la My(L. 3. c. 18. pag. 255.) thologie fut gravée sur ce magnifique morceau.

Cette Description fait fentir la fineffe du travail des Grecs, & les détails que, dans certains cas, ils préfé

roient à l'effet.

La cuvette toujours foutenue par les trois pieds, pouvoit être ornée par des têtes de caractères, comme cette Planche en préfente; mais il étoit poffible de la décorer à volonté, en dedans comme en dehors, par des bas-reliefs & des gravures. L'objection de fa forme intérieure, moins avantageufe, à la vérité, pour les ornemens, tombera d'elle-même, fi l'on veut fe rappeller l'idée de ces beaux Plats de terre émaillés, & d'Orfévrerie, dont la forme & l'ufage présentent les mêmes inconvéniens, & qui cependant font ornés avec tant de grandeur & de beauté par Jules Romain, & par les autres grands Maî tres qui ont vécu dans le temps où les buffets étoient à la mode en Europe.

Obfervons que les Arts fe font toujours prêtés à ces caprices; les fiècles, où l'efprit étoit porté aux grandes chofes, ont produit de grands Hommes & de grands Ouvrages; la barbarie ou l'ignorance n'ont enfanté que des Monftres: heureux les Artiftes, qui malgré la contagion du mauvais goût, fçavent chez tous les Peuples refpecter les règles de la Nature, & ne s'écartent jamais des modèles de l'Antiquité.

Rien n'empêchoit qu'on ne chargeât de différens ornemens la plinte de ces Trépieds. Le luxe une fois introduit chez une Nation, fe porte dans les moindres choses. On n'épargne rien lorsqu'on veut fe diftinguer.

Voilà quels étoient les ornemens que les Trépieds pouvoient recevoir. Ces réflexions feront concevoir plus facilement les Trépieds en général, & les paffages des Auteurs qui rapportent ces Monumens. Les endroits cités de Paufanias m'ont fervi de preuves; ceux qui me restent à examiner, expliqués par les idées que

Mellenie, p. 395.

313.)

j'ai établies, confirmeront en même temps mes conjectures.

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» Les Lacédémoniens, dit Paufanias, confacrèrent à (L. 4. c. 14. pag. Apollon trois Trépieds de bronze, Vénus étoit repréfentée fur le premier, Diane fur le fecond, Cérès & » Proferpine fur le troisième. Cette façon de parler femble indiquer des compofitions gravées, ou rendues de bas-relief fur la cuvette, foit en dedans, foit en dehors. Car je ne vois pas (quoique la chose foit poffible) que les Anciens ayent fait ufage de plateaux ou de plafonds qui couvrant la cuvette, auroient ôté toute la grace du Trépied, & détruit toute l'idée de fa première origine.

Laconie, p. 295.

(L. 3. c. 18. pag. 254.255.)

Les attributs des Divinités, auxquelles ces ornemens étoient confacrés, auront fans doute enrichi les autres parties, comme les Pampres jettés fur les Pilaftres du Trépied que je rapporte, femblent défigner que Bacchus a été l'objet de l'offrande & de la dédicace.

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On voit (dit encore Paufanias) en allant de Sparte à » Amiclée, plufieurs Trépieds, parmi lefquels il y en a fur-tout dix, qui paffent pour être plus anciens que la guerre de Sparte, contre les Mefféniens. Vénus eft gravée en relief fur le premier, Diane fur le fecond. Ces deux Monumens & les bas-reliefs, font de Gitiades. Le » troisième représente Proferpine. C'est un Ouvrage de Callon, qui étoit de l'Ifle d'Egine.

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Ariftandre de Paros, & Polyclète d'Argos, en ont fait auffi chacun un. Sur celui d'Ariftandre, vous voyez » une femme qui tient une Lyre. C'est Sparte elle-mê» me. Sur celui de Polyclète, c'eft Vénus qu'Amiclée » invite de venir chez lui. Ces deux derniers furpassent de » beaucoup les autres en grandeur.

Il est donc conftant que les Grecs allioient dans les Trépieds la Sculpture & la Gravûre. Les Figures dont il eft ici parlé, devoient occuper la place que j'ai désignée

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