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que la

un outil dentelé & de la longueur du trait ; tandis que grande côte du milieu eft produite par un outil fimple & uni. Un morceau d'or auffi mince reçoit aisément toutes les impreffions qu'on veut lui donner.

Flatté de cette découverte, je le fus encore plus après l'avoir communiquée à M. l'Abbé Barthélemy. Il foupçonna que cette feuille pouvoit être la monnoye dont on fe fervoit en Egypte avant qu'on eût adopté des monnoyes chargées de figures, & il appuye cette conjecture fur les raifons fuivantes.

Deux fortes de monnoyes étrangères, pour ainfi dire, à l'Egypte, & toutes deux pariculières aux Nations qui l'avoient affujettie, ont eu cours dans ce Pays pendant l'espace de plufieurs fiecles. Celles des Rois de Perfe, & celles des Ptolémées. Les premières n'étoient pas diftinguées de ces Dariques que l'on conferve encore dans les cabinets. Nous fommes plus familiarifés avec les fecondes, parce qu'elles font venues en plus grand nombre jufqu'à nous. Mais nous ne connoiffons pas encore la monnoye propre aux Egyptiens, celle qu'ils faifoient frapper dans le temps qu'ils étoient gouvernés par des Princes de leur Nation. On ne la trouve décrite nulle part, & s'il eft permis de s'en faire une idée, ce n'eft qu'en parcourant d'une vûe générale, l'Hiftoire de la gravure des Médailles.

Cet Art né dans la Grèce vers le neuvième ou dixième fiecle, avant Jesus-Christ, ne s'annonça d'abord que par des effais uniformes. On fe contentoit d'imprimer fur un des côtés d'une pièce de métal, un Bouclier, une feuille d'Arbre, un Animal, ou d'autres Symboles, toujours deftitués de la légende.

L'autre côté ne préfentoit que des cavités produites par des pointes ménagées fur un des coins, & destinées à fixer la Médaille dans le temps qu'on la frappoit.

On a rendu compte de ce procédé dans une Differta- Effai d'un Paléo

gra. vol. 24.

tion imprimée dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres. D'après les principes qu'on a eu foin d'y établir, & qu'on fe propofe de développer un jour, il réfulte que l'Art de graver les monnoyes fut long-temps. renfermé dans les Pays habités par les Grecs; que les Peuples étrangers ne le connurent que fort tard, ou ne le perfectionnèrent jamais; enfin que les Grecs eux-mêmes ne commencèrent de mettre un double Type fur la monnoye que vers le feptieme ou fixieme fiecle, avant Jesus-Chrift, & ne l'adoptèrent affez généralement que vers le cinquieme fiecle avant le même Ere.

Faifons à préfent l'application de ces Remarques. Les Egyptiens, comme les autres Peuples de la Terre, ont du pendant long-temps n'avoir pour monnoye que des pièces de métal, groflières & fans Types. Ils connurent Î'Art de les graver pendant qu'il étoit encore dans une espèce d'enfance; & leurs premieres monnoyes préfentèrent fans doute, comme celles des Grecs, une Aire ou champ, en creux d'un côté, & un Type ou relief de l'autre.

Si l'on découvroit donc en Egypte des pièces de métal, dont le travail groffier eût quelque rapport avec celui que je viens de décrire, ne feroit-on pas tenté de les regarder comme des monnoyes? Or c'eft-là précisement ce qu'offre aux yeux la feuille d'or gravée dans cette planche. Je fçais que dans les feuilles des Arbres, les côtes ou fibres paroiffent en relief d'un côté, & en creux de l'autre, & qu'on pourroit en conclure que la feuille d'or n'eft qu'une fimple imitation de la Nature, & non la fuite de cette méchanique ancienne dont j'ai parlé plus haut. Mais je ne prétens pas que cette feuille foit une des premieres monnoyes Egyptiennes. Elle peut fe rapporter à un fiecle, où l'Art de la gravure avoit fait quelques progrès. Suppofons en effet que les monnoyes Egyptiennes offroient d'un côté un Type en relief, & de

l'autre côté le même Type en creux. Suppofons encore que ce Type étoit quelquefois une feuille d'Arbre, comme on en voit fur d'anciennes Médailles Grecques; fuppofons enfin que des raifons particulières avoient obligé de rendre la monnoye auffi légère que celle de Caulonia, dans la grande Grèce, elle fera devenue alors une simple feuille de métal. Un outil fimple aura fuffi pour lui donner fa forme & fes ornemens; & les Monetaires aurònt été conduits à imiter la Nature prefque fans s'en appercevoir.

La réflexion fuivante donne un nouveau degré de force à cette conjecture: c'eft dans une Mumie qu'on a découvert la feuille d'or. Loin de recourir à des raifons mystérieuses pour la regarder comme un Symbole, & pour en expliquer la nature, ne fe rappelle-t-on pas d'abord un ancien ufage affez généralement adopté dans la Grèce? Je parle de cette pièce de monnoye qu'on enterroit avec les morts, & qu'on deftinoit au Nautonier qui devoit les paffer dans fa Barque.

Puifque tout, jufqu'au nom de Caron, eft d'origine Egyptienne, dans cette Fable; pourquoi les Grecs n'auroient-ils pas tiré de la même fource l'ufage dont j'ai fait mention? Dans ce cas, dira-t-on, il faudroit que la feuille d'or fe trouvât fur prefque toutes les Mumies. Il eft à préfumer qu'elle s'y trouve effectivement, mais que les Arabes ont foin de l'enlever. Il vient peu de Mumies entières en Europe. Parmi celles qu'on y voit, il en eft peu qu'on ait fouillées avec exactitudes; & quand elles l'ont été, on a dû s'appercevoir de la fingularité qui fait l'objet de cet article, M. Baudelot de l'Académie des BellesLettres, rapporte dans un Mémoire Manufcrit, qu'il Urnes Egypt. avoit vû chez Girardon une feuille d'or parfaitement femblable à celle qui eft gravée dans cette Planche, & qui avoit été trouvée fous la langue d'un corps embaumé, & apporté d'Egypte. Si dans la fuite on prête plus d'at

Differt. fur les

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