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morceaux de terre cuite. L'étonnement redouble lorfque ces Ouvrages ont été moulés, & qu'ils font par conféquent creux en dedans.

Tel eft cet Harpocrate: je lui donne ce nom, quoique ses attributs foient prefque tous détruits. Il n'a plus de bras, & ces bras ont été perdus depuis long-tems; mais la coeffure & l'arrangement des cheveux derrière la tête, ne permettent pas de donner un autre objet à cette petite Statue. Sa tête eft affez bien travaillée, mais elle n'eft pas dans le goût Egyptien.

Je fuis perfuadé que la fabrique de cette Figure eft poftérieure à la conquête des Romains. Il eft vrai que les Grecs ont travaillé en Egypte long-tems avant cette époque; mais cet Ouvrage n'eft pas digne des Artiftes de cette Nation fçavante & éclairée fur tous les points.

Cet Harpocrate de terre cuite a deux pouces, neuf lignes de hauteur.

PLANCHE VI

N. I.

La tête de Chat que j'ai cru appercevoir fur cette gra vure, me perfuade qu'on a eu deffein d'y représenter une Divinité adorée à Bubafte. On connoît la vénération que les Peuples de cette partie de l'Egypte avoient pour le Chat. Il fe peut même que cette Figure représente une Ifis, les Egyptiens étant dans l'habitude de donner cet attribut à toutes leurs Divinités. J'ignore fi ce que le Graveur a placé au pied de la Figure eft un Limaçon ou un autre corps, & je ne fçais ce que peuvent fignifier les fix petits Globes qui accompagnent l'Idole : elle en tient un de la main gauche ; la droite paroît prête d'en recevoir un fecond; le troifieme eft en l'air, & les trois autres font placés fur la draperie. Mais l'Homme ou le Singe profterné, ne laiffe aucun doute fur son action; l'Artiste ne l'a pofé fur aucun Plan.

* D

La bifarrerie de cette adoration, & le tour barbare & déraisonnable de toute la compofition, indiquent un tems fort reculé. Ce font-là toutes les idées qu'on peut fe former de ce Monument; mais il préfente une fingularité sur laquelle on doit s'arrêter. Il eft exécuté fur une coquille qu'on prend au premier coup d'œil pour une Cornaline, dont la couleur feroit à la vérité un peu fauffe. Cette coquille eft connue fous le nom de Pinna-Marina: on la trouve fréquemment fur les côtes d'Italie & de la Sicile. En difant que l'ouvrage eft exécuté fur une coquille, c'eft dire affez qu'il eft travaillé fans beaucoup de peine. Cette gravure nous prouve que dans tous les temps les hommes ont cherché à épargner la fatigue, ou plutôt la dépense, ou à tromper d'autres hommes moins inftruits. Elle nous prouve encore que les Anciens ont employé plus d'une forte de coquilles pour imiter les pierres. Il me femble que l'on n'avoit point encore parlé de cette espèce, & qu'on ne connoiffoit que les Camées faits fur des coquilles, appellées Cafques & Porcelaines, dont on fe fervoit anciennement, ainfi que l'on fait de nos jours, pour contrefaire les Agathes-onices de deux couleurs, & quelquefois de trois.

N° II.

CETTE petite Cornaline-onice offre une Ifis-Canope, du travail le plus fin & le plus délicat. Ainfi je n'hésite point à le donner pour l'ouvrage d'un Artifte Grec. Le Deffein que je joins ici fournira toutes les réflexions que je pourrois propofer. L'ornement de la tête, ou plutôt la tige de Lotos, me paroît avoir des fingularités; j'en ai peu yû de cette forme.

No. III.

On trouvera fous ce n°. une très-belle Cornaline gravée en creux, qui repréfente deux Canopes, Divinités fort recommandables chez les Egyptiens. Tout le

monde eft inftruit des moyens que les Prêtres mirent en ufage pour leur donner la préférence fur le Dieu du Feu. Sans entrer dans des détails fi généraux, je me renfermerai dans la defcription du travail, & de la composition de cette pierre. Ces deux Divinités ont beaucoup de variété dans leurs ornemens, ainfi qu'on peut le remarquer par le deffein de la Planche. La plante qui fe trouve entre les deux vafes, doit être une branche de Lotos, pour fignifier, fans doute, que ces Divinités tiroient leur principal mérite des eaux du Nil, dont le Lotus a été fouvent le Symbole. Le travail de la gravûre ne me paroît pas cependant Egyptien, mais il n'eft point affez délicat pour être attribué aux Grecs. Je croirois que c'eft l'ouvrage d'un bon Artiste Romain, chargé de représenter le culte Egyptien, qu'un homme de fa nation aura adopté, ou qui aura voulu imiter les principaux Monumens de ce culte. Je fonde ma conjecture fur l'examen du travail, & plus encore fur le genre de la compofition & l'arrangement des parties. Rien ne me rappelle ici ce que les morceaux Egyptiens m'ont donné fouvent occafion de remarquer.

PLANCHE VII.

No. I.

LES Sciences & les Arts retirent un affez grand avantage des différentes vûes qu'on propofe, pour qu'on ne doive pas les négliger. On ne parvient à éclaircir une matière obfcure qu'à force de conjectures. Les opinions diverfes, balancées, comparées enfemble, peuvent à la fin conduire à des certitudes. Ainfi un Antiquaire ne doit jamais fe rebuter par les obftacles; il ne doit pas rejetter les Monumens dont le fujet lui eft inconnu, ni les idées que l'examen lui fournit; s'il fe trompe, la postérité plus heureuse tirera peut-être la vérité de fes erreurs mêmes.

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