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Les Egyptiens font de tous les Peuples celui que nous 'connoiffons le moins, & que nous devrions le plus nous appliquer à connoître. Nous tenons d'eux la plupart de nos connoiffances, & des pratiques dans les Arts qui nous font familières, fans fçavoir que nous leur en fommes redevables. Les révolutions des fiècles ont envelopé leurs ufages & leurs coûtumes fous des ténèbres obfcures. Les Hieroglyphes qu'on ne parviendra jamais à expliquer, ne peuvent être d'aucun fecours. Les Monumens font feuls capables de nous donner quelques lumières; & la comparaifon des uns avec les autres nous fournit au moins des idées fouvent utiles pour les Arts, toujours fatisfaifantes pour l'amour-propre.

Je fuis perfuadé par exemple, que quelques-uns de ces monumens destinés à représenter des Prêtres, ont été fouvent pris par les Antiquaires pour la représentation des Dieux mêmes, dont ces Prêtres étoient les miniftres. On eft convenu de reconnoître Ofiris aux Symboles du bâton dans une main, & du foüet dans l'autre. Mais premièrement, ce foüet fe trouve tantôt fur le devant, tantôt sur le derrière de l'épaule : variété dont on ne doit pas chercher la cause dans le génie de l'Artifte, mais qu'on doit plutôt regarder comme des Symboles différens. Les Egyptiens étoient trop exacts pour les traiter indifféremment. Secondement, fi toutes ces Figures que nous prenons pour Ofiris, étoient en effet l'image de cette Divinité, leur coëffure feroit toujours la même. Se perfuadera-t-on, par exemple, que les deux Buftes, Nos. II. & III. quoiqu'ils ayent également le foüet fur l'épaule, foient l'emblême de la même Divinité? Peut-on voir deux coëffures moins ressemblantes?

Je croirois donc que la plupart de ces Figures ne font que la représentation des Prêtres. Les Egyptiens, ainfi que tous les Peuples timides & fuperftitieux avoient une grande yénération pour les Miniftres de leurs Dieux. Les

objets différens de leur culte en avoient multiplié le nombre. Ils étoient, fans doute, diftribués dans différentes claffes felon leur mérite, leur âge & leurs fonctions particulières. Les variétés qu'on rencontre dans leur coëffure & dans leurs autres attributs, marqueront apparemment le rang, la dignité de chacun, & l'efpèce de culte pour lequel ils étoient deftinés. Cet usage a été constamment reçu & pratiqué par toutes les Nations. On répondra qu'il eft inutile de chercher chez les Egyptiens d'autres Prêtres que ceux qui nous font déja connus. Nous en voyons, en effet, un assez grand nombre fur les Monumens. Les uns font affis, & dans l'attitude de lire; d'autres à genoux, les mains élevées comme les Mufulmans. Ils ont tous la tête raze & couverte d'une fimple calotte. D'autres font debout, & tiennent ordinairement le bâton fourchu des deux mains, dans l'attitude de celui qui eft gravé fous le No. I. de cette même Planche. On en trouve d'autres, enfin, qui ont des coëffures différentes, & dont on peut se former une idée d'après le N°. IV. de la III. Planche de ce Volume. On peut auffi examiner les Planches qui repréfentent des proceffions fur les bas-reliefs en creux, qui nous ont été confervés. Car il faut convenir que les trois ou quatre ordres que je puis rapporter ne fuffifent pas, & ne répondent point à l'idée que l'on doit fe former de la fuperftition des Egyptiens, d'après les Auteurs anciens. Toutes les Villes avoient un culte en général, & un culte qui leur

étoit propre, & par conféquent des Prêtres particuliers,

qui devoient être diftingués entre eux par différens ornemens & différentes marques. Tous ceux que nous connoiffons n'ont que des attributs généraux. On lit dans le Traité d'Ifis & d'Ofiris de Plutarque, qu'au mois Paophi on célébroit la fête du bâton du Soleil, comme ayant befoin dans fon décours d'être foutenu. Le bâton fourchu de cette figure, & quelques-uns de ceux que l'on voit portés par des Prêtres, ne pourroient-ils pas s'expli

quer par ce paffage? Quoi qu'il en foit, le Prêtre deffiné fous ce No. eft de bronze, & il a quatre pouces, neuf lignes

de hauteur.

No. II.

CE Bufte eft furmonté d'un difque pareil à celui qu'on voit entre les cornes du Boeuf Apis; & ces mêmes cornes qui fe trouvent ici paroiffent foûtenir, à la hauteur des oreilles, les aîlerons du bonnet, fur lequel on diftingue la place qu'occupoit la tête de l'oifeau Ibis. Il eft vrai qu'on rencontre des variétés auffi frappantes, mais elles font en moindre quantité que fur les figures d'Ifis. Le mêlange de tous ces attributs fur la même coëffure, eft difficile à expliquer. Celle-ci pourroit indiquer, cependant, le miniffère particulier de ce Prêtre pour le culte d'Apis. Ce bronze a cinq pouces, quatre lignes de hauteur.

No. III.

JE livre cet autre Bufte aux conjectures des Antiquaires. L'ornement qui pend de l'extrémité des aîlerons du bonnet, ne me paroît pas ordinaire. Si mes idées font vraies, la figure repréfentera un Prêtre. Je n'ai pas cru devoir me difpenfer d'offrir aux yeux des Lecteurs les Buftes, Nos. II. & III. on trouvera mille autres exemples pareils dans les Recueils d'Antiquités. Les uns peuvent fervir d'éclairciffement aux autres. Il me paroît, cependant, qu'on n'eft point entré jusques ici dans l'examen de ces détails.

Cette figure de bronze eft haute de cinq pouces, quatre lignes.

No. IV.

Je crois que les Egyptiens ont feuls pratiqué l'ufage. de placer des Figures à l'extrémité des Plintes. Peutêtre vouloient-ils donner, par cette pofition, une idée

11.

I.

V.

III.

IV.

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