Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de, représentant une Vénus Victrix. Ce fujet a été trop fouvent publié pour le rappeller de nouveau. Je ne fais mention de cette feconde Bague, que pour prouver qu'on trouve en France plus de Monumens antiques qu'on ne croit, & pour engager la Nation à ne pas en négliger la recherche.

No. V.

LES Romains me paroiffent n'avoir été dans aucun temps occupés d'embellir leurs Trépieds. Ils les ont confervés dans leur première forme, c'eft-à-dire, fimple. Car en fait d'ornemens, on augmente plutôt qu'on ne diminue. En effet, tous les Trépieds Romains font ordinairement conftruits de la même manière, que celui qu'on voit fur cette prime d'Eméraude gravée en creux. Le Corbeau a le bec ouvert, & femble rendre un Oracle. On apperçoit au-deffus de fa tête un javelot lancé. Un arbre dépouillé de fes branches occupe un des côtés du Trépied, & le Graveur a placé de l'autre côté une Lyre. On voit dans la Cuvette, fur laquelle cet Oiseau confacré à Apollon eft pofé, des branches de Laurier qui portent ombre fur la Lyre. Tel eft le fujet de cette gravûre. Si on vouloit fe livrer à des idées allégoriques, & chercher les rapports d'une femblable compofition, on pourroit l'expliquer ainfi. Ce Corbeau prédit des Victoires à la Nation Romaine dans une guerre qu'elle va entreprendre, & qui a été déclarée par le javelot que les Féciales ont lancé. Le Peuple remportera de grands avantages, quoiqu'il ait épuifé les Lauriers; car je croirois que le tronc dépouillé eft la représentation d'un Arbre de cette efpèce. Cette conjecture me paroît répondre à la vanité des Romains. Enfin, pour fuivre l'Allégorie, le Trépied caractérise la prédiction. Le Dard indique la guerre. La Lyre eft rapportée comme l'indication des Victoires. La polition des branches, à l'abri defquelles cette même

Phæd. lib. 2.

Lyre eft placée, paroît fignifier qu'elle ne peut plus ni chanter, ni célébrer d'autres faits dans l'Univers. Au refte, on peut donner carrière à fon imagination, & détruire cette conjecture par d'autres. Peut-être, après s'être épuifé à chercher le fens de cette Allégorie, on fera encore fort éloigné de l'intention de l'Auteur. Car il eft conftant qu'on ne peut établir rien de certain fur une pierre gravée, dont l'ordonnance a dépendu dans tous les temps, de la volonté d'un particulier, ou de la fantaisie d'un Artiste. Au refte, on ne peut raifonnablement exiger d'un Antiquaire, que l'explication des ufages nationaux, & par conféquent généraux, & non celle de toutes les idées particulières & arbitraires.

PLANCHE LXXXIV.

Nos. I. & II.

CE fragment d'une petite Figure de bronze, mérite quelque confidération par le genre de fon habillement, le goût de fon exécution, l'arrangement des cheveux & les plis du manteau, principalement dans la partie du derrière. Au premier afpect, on prend cetre Figure pour un Prêtre de Cybèle, mais je fuis perfuadé que c'eft:

Ex alti cinetis unus Atrienfibus
Cui tunica ab humeris Linteo Pelufio

Erat deftricta, Cirris dependentibus, &c.

En effet, je crois voir un de ces Esclaves destinés pour les appartemens, & qui, felon quelques Auteurs, portoient une robbe de toile de Pélufe, arrêtée par une ceinture au-deffous des épaules, & garnie de franges qui pendoient. Cette conjecture qui rendroit ce morceau plus agréable & plus intéreffant, eft autorifée par l'habillement

[blocks in formation]

l'habillement & la parure. La defcription que Phèdre donne de ces fortes d'Efclaves convient parfaitement à cette Figure; & j'ai été frappé de tous fes rapports. On ne voit point à la vérité de franges, mais on fçait qu'elles n'étoient placées que dans les parties qui font détruites. Ainfi le temps semble vouloir fouvent envier à un Antiquaire une fatisfaction complette, en mêlant au plaisir de retrouver des Monumens antiques, le chagrin de les rencontrer imparfaits, & de ne pouvoir éclaircir entièrement les doutes qu'ils font naître.

Ce fragment n'a plus aujourd'hui que quatre pouces de hauteur ; il pouvoit en avoir sept dans fa totalité.

No. III.

Ce petit Buste de bronze représente un Faune, fou-. tenant de chaque main une corne d'abondance, ou plutôt une torchière appuyée entre chacune de fes épaules. Une pareille composition, qui paroît au premier coupd'œil n'avoir été faite que pour l'ornement, occupoit peut-être une place dans les Laraires. Cette petite Divinité fubalterne imitoit les torches qu'on portoit dans plufieurs Cérémonies, & même dans les Sacrifices, ou foutenoit en effet des petites lumières que l'on faifoit brûler dans ces occafions. On pourroit dire encore que ce Faune étoit employé dans les Saturnales. On voit dans l'Antiquité expliquée du P. Montfaucon, un Bufte de Tome I. p. 130, Mercure, qui a à fa droite & à fa gauche des ornemens Pl. LXXIII. compofés de fruits & de pommes de Pin, que l'Auteur regarde comme des cornes d'abondance, & qui donnent à ce Buste une forte de rapport avec le Monument préfent.

Ce Bufte a deux pouces, neuf lignes de hauteur, & fa largeur eft de trois lignes de moins,

PP

« AnteriorContinuar »